Le Festival de films sur les droits humains et la liberté de presse – en Côte d’Ivoire – présenté sous le concept Ciné Droit Libre, au Burkina Faso, sera, à partir du jeudi 9 juillet 2009 jusqu’au dimanche 12, à sa deuxième édition à Abidjan. L’association en Côte d’Ivoire, Ciné Connexion, après une première édition 2008 qui a connu un succès escompté, vient donner l’occasion – la seule – au public ivoirien de voir « l’interdit ». Ce, pendant quatre jours de projections de films documentaires, d’ici et d’ailleurs, engagées pour la cause des droits de l’Homme et de la liberté. Des films qui sont, pour leur engagement dans le sens des droits humains, censurés – dans les pays d’origine – mais diffusés par le lien de Ciné Droit Libre : « un cinéma qui se veut libre d’expression et d’accès ». De cette volonté de faire respecter les droits humains, à travers le cinéma, les membres de Ciné Connexion ont fait part, hier lundi au Goethe Institut à Cocody – seule partenaire du festival –, du contenu de la 2è édition placée sous le parrainage de l’artiste chanteur Tiken Jah Fakoly qui « apporte ainsi une caution morale au festival ». Trois axes déterminent les activités du festival : projection, atelier et forum qui pourront se tenir sur deux sites – restreints – que sont cette année le Goethe Institut et la Cité Rouge de l’Université de Cocody à Abidjan. Les films documentaires au nombre de dix-huit (18), «méritent d’être vus par nos populations », a encouragé Roger Soumahoro de Ciné Connexion. Si, fait-il entendre, ils ont été « embarrassés d’éliminer certains films », le président de l’association Sangaré Yacouba attire l’attention sur certaines réalisations. « Et si Latif avait raison » de Joseph Gaye Ramaka fait la lumière sur le Djoala qui a coulé en mer. Au-delà du drame, c’est un regard porté sur le rôle du journaliste : Latif, journaliste sénégalais qui avait attiré l’attention sur le danger que courait le bateau qui retrace, aujourd’hui, une sombre histoire du Sénégal. Avec un « regard intérieur » porté par le réalisateur sénégalais Bocar Sy – comme dit Fortuné Bationo, SG de Ciné Connexion – une attention devra être accordée à l’Européen « Georges Ruggiu », du nom du film documentaire ; le « seul non Rwandais à avoir participé au génocide en 1994 au Rwanda ». Devenu Omar Ruggiu après sa conversion, en prison, à l’islam, il était journaliste animateur à la – tristement célèbre – Radio Télévision Libre des Mille Collines (RTLM). De cette vision contraire à la liberté d’expression de Ruggiu, le réalisateur anglais Rex Bloomstein oppose un esprit libéré qui porte la voix des sans voix à travers « An independant mind », fait de témoignages d’artistes (caricaturiste, poète et chanteur) dont Tiken Jah. Dans le contexte ivoirien, Ciné Droit Libre permet de revoir « Manipulations sous haute tension », un documentaire de 90 mn de Jean-Paul Billault, Emmanuel Razavi et Jean-Pierre Canet qui déballent l’affaire Jean-Paul Ney, un journaliste français arrêté le 27 décembre 2007 et qui sera libéré en 2009. Le droit de la femme est aussi mis en exergue avec « La femme porte l’Afrique » d’Idriss Diabaté, primé au FESPACO 2009. Sujets de réflexion, d’interpellation et de prise de conscience sont au menu de la 2è édition dont le thème du forum est « Afrique, quelles images pour construire l’avenir ». Les panelistes sont Kébé Yacouba, journaliste aujourd’hui président du comité exécutif du Fonds de soutien au développement de la presse, le réalisateur Bocar Sy également cadre au Tribunal Pénal International d’Arusha en Tanzanie. Face à l’opportunité de la 2è édition du festival de contribuer au repositionnement de la Côte d’Ivoire à travers le cinéma et « permettre de se forger un certain patriotisme », le SG Fortuné Bationo a déploré – en dehors du soutien du Goethe Institut – le manque de soutien de certains ministères, associations et organismes. « On ne s’est quelle explication donner », s’est dit désolé le président Sangaré Yacouba. Sur la liste d’autres invités, l’association Semfilms du Burkina Faso à laquelle est alliée Ciné Connexion fait déplacer deux de ses membres. A eux s’associe l’artiste musicien Smockey.
Koné Saydoo
Koné Saydoo