Aux dernières élections européennes, en France, la surprise a été grande dans de nombreux partis politiques. Les résultats n’ont pas été ce qu’ils avaient prévu. Quand on donnait la parole aux animateurs de ces partis, ils avaient des mines effarées. On avait l’impression que le ciel venait de leur tomber sur la tête. Tous se souvenaient de leurs propos durant toute la campagne électorale. Leur programme consistait à dénigrer le président Sarkozy. Ils ont tous appris qu’à force de « taper » sur quelqu’un on le rend fort. En plus, si le mensonge est gros, l’électeur y croit davantage. Et voilà que l’homme qui a subi toutes les critiques malveillantes sort triomphant. C’était incompréhensif. Revenons en 1974. J’étais un grand lecteur d’un hebdomadaire de la gauche pensante française. Si je ne lisais pas, chaque semaine l’éditorial de Jean Daniel, je sentais un malaise en moi. Et c’est avec surprise que je constatais qu’un homme, aussi intelligent, laissait son journal «casser» du Giscard au lieu de présenter, sans cesse, du François. Le résultat ne m’a pas surpris et j’ai immédiatement envoyé une lettre à Jean Daniel. Je le verrai trois ans, plus tard, à Nice et il va se souvenir de ma lettre et reconnaître que j’avais raison. Il y a des choses qu’on n’enseigne pas à l’école. Et c’est l’Université de la vie qui nous l’enseigne. A force de proférer des critiques malveillantes contre un individu on le rend favorable au public. On ne doit jamais s’occuper de son adversaire mais de soi-même. Dans tous les pays du monde, le peuple adore qu’on critique leurs dirigeants. Ce n’est pas parce qu’ils ne les aiment pas mais tout simplement qu’ils les envient. Croire qu’en racontant des fables sur ses adversaires, ils seront affaiblis est une erreur valable dans le passé. Plus aujourd’hui. Chacun doit se comporter selon sa personnalité et ne pas se laisser fléchir par ceux qui ne vous aiment pas. La prière contre l’adversaire reste : «Ceux qui sont avec nous sont plus nombreux que ceux qui sont avec eux. » Ou encore : « Que rien ne te trouble. Que rien ne t’épouvante. Tout passe. Dieu ne change pas. La patience triomphe de tout. Celui qui possède Dieu ne manque de rien. Dieu seul suffit. » Que n’ai-je pas entendu et lu, personnellement sur moi et ma littérature ? Comme le disait Sertillanges, après chaque critique il faut se remettre à la tâche. Et « Le petit futé » vient de me faire le plus grand des honneurs. Je ne connaissais pas ce qu’était le petit futé jusqu’à ce que je voie sa réalisation sur la Côte d’Ivoire. A vrai dire, le petit futé est un guide de voyage sur tous les pays du monde. Celui de la Côte d’Ivoire vient donc de sortir. C’est une vraie encyclopédie sur le pays. Tout est passé au peigne fin. L’Européen qui le lit avant de venir en Côte d’Ivoire ne sera pas dépaysé en arrivant à Abidjan. Il sera à l’aise dans toutes les discussions. Il parlera le nouchi. J’ai appris moi-même des mots que je ne connaissais pas. Par exemple : « débalousseur ». C’est un pickpocket. J’entendais des mots comme « dabali » et « badouko », c’est en découvrant ce livre que je connais maintenant leur signification. J’aime particulièrement les pages sur nos régions et nos villes de l’intérieur. Ce livre de 400 pages mérite de figurer dans toutes les bibliothèques de chaque Ivoirien et surtout dans les bureaux de tous les journalistes. Quant aux hommes politiques, c’est une obligation. J’ai été surpris et très content de voir, qu’en littérature, je suis cité dans le triumvirat des lettres ivoiriennes. Nous sommes trois par ordre de grandeur. Bernard B Dadié. Le plus grand des grands. Ahmadou Kourouma, l’inoubliable. Et enfin, moi, l’adepte de Pouchkine qui reste, après des siècles, le plus populaire des écrivains russes. Il a su faire de la simplicité un art majeur. En musique, le petit futé n’a pas parlé de mon Michael Jackson des années 60. Je l’ai rencontré le vendredi au siège de l’Union des artistes de Côte d’Ivoire. En sixième, je me rendais à leur entraînement rien que pour le voir chanter. Il me charmait irrésistiblement par sa voix. J’étais ému de le voir. Il a si vieilli et je le sens usé, fatigué mais toujours enthousiaste. C’est Pierre Ekissi, le chanteur de l’orchestre de l’Agneby-jazz. C’est la première fois que je parlais avec lui mais on discutait comme si nous étions de vieux amis. Il m’a dit qu’il a 31 enfants et de nombreux petits-fils. Il n’a qu’un seul regret. N’avoir pas été à l’école. Il aurait compris beaucoup de choses qui lui auraient évité certaines erreurs. Celui qui fut le plus adulé de l’Agneby me dit qu’il loue une maison à Agboville. Il m’a dit aussi qu’il mérite d’être reconnu par la Nation. Vrai. En le quittant, je me suis dit que ce trésor national n’avait pas eu la chance de subir des critiques malveillantes. Il a été trop adulé pour mieux ménager l’avenir. Il faut toujours se méfier de ceux qui vous trouvent excellent. C’est de la lumière dans vos yeux pour vous empêcher de voir et comprendre la réalité de demain. Mais rien n’est tard pour Pierre Ekissi. LG est le protecteur des arts et des lettres. Pardon Laurent, trouve une maison à Agboville à Pierre Ekissi. Il ne doit pas retrouver Aspro Bernard en étant en location dans une maison dans sa ville natale. LG tu dois laver son honneur. Les dividendes seront grands. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Par Biton Koulibaly
Par Biton Koulibaly