Un homme assis sous une tente, le regard fermé, drapé d’un grand boubou oriente tout autre regard porté sur lui sur son instant de – grande – méditation. Pieds croisés, l’homme est présenté dans une position majestueuse. Sur sa droite, une femme de profil, suivant une direction opposée à la position de l’homme en méditation, n’a – à première vue – pas de points communs avec lui. Mais, dans la configuration picturale de Youssouf Bath, les deux êtres se côtoient et se fréquentent. MEDIUM est le titre qui inspire, ainsi, sa toile présentée le vendredi 10 juillet à l’exposition d’art « Coup de cœur » dans le hall du Palais de la culture à Abidjan-Treichville. Celle-ci se poursuivra jusqu’au 10 août 2009. Les figures, visibles ou pas, sont dominantes dans les œuvres de l’artiste-peintre qui y trouve une signification, bien particulière. Le cercle pour désigner « l’union » et le demi cercle la « division ». Le triangle pointé vers le haut explique une « demande vers Dieu ». Celle dirigée vers le bas, une demande vers d’autres cieux. Critique, Youssouf Bath est arrivé à la conclusion que la religion « centrale » des Africains se bâtit sur les « médiums ». Marabouts, également, ceux-ci dotés de pouvoirs sont consultés – le plus souvent – par les « femmes ». D’où la posture explicative, sur sa toile, d’une femme portant une calebasse que le peintre Bath drape « de la draperie » du médium. De ce rapprochement physique et spirituel, Youssouf Bath met en évidence la grande « confusion » de la religion. Ces dieux « médiums » qui disposent d’une force « centrale » en Afrique sont consultés non seulement par les « hommes politiques » mais par les hommes d’affaires qui souhaitent faire prospérer leurs activités. Aussi, le peintre qui ne dispose pas sur sa toile, de façon hasardeuse, le « médium » sous une tente dispose – en plus de sa pratique –, dans certaines contrées, des attributs de « chef » traité avec beaucoup de ménagement comme le support qu’utilise l’artiste. De l’écorse de bois – le tapa – qui s’apparente au tissu. Pour ne pas détruire la texture du bois, « matière noble », Youssouf Bath utilise les jus d’écorse et ceux de racines. Pas de la peinture à huile. Avec un style qui lui a donné un nom et une renommée, Youssouf Bath peint un quotidien sous divers angles comme ses compères qui s’unissent dans la différence de styles pour exposer sous un thème fédérateur : «Unis dans la différence ». De N’gohissé à Nick Amon en passant par Sossa (installation), pour arriver à l’autodidacte Aboli Kann et Papa nouveau, chacun exprime son talent. Comme Aboli Kann qui présente « plusieurs positions de vie » qui forment un tableau, Papa Nouveau (Valérie), elle, travaille avec les objets de son environnement de la côtière : sable fin orné de coquillages. Par sa technique mixte de collage et de « reconstruction » - titre d’une œuvre -, elle offre une lueur d’espoir « étoilée » dans l’association pour parvenir à un développement harmonieux.
K.Saydoo
K.Saydoo