Bertin Koffi, Directeur des Examens et Concours à l’Enseignement Technique - “Des fraudeurs et enseignants laxistes font l’objet d’une procédure judiciaire”

Le Directeur des Examens et Concours de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle nous a accordé un entretien à la fin des examens de fin d’année dans son département dans lequel, il nous fait le bilan. M. Bertin Koffi a rappelé une fois de plus, la détermination de son ministère à faire échec aux différentes tentatives de fraude.


M. le Directeur, les résultats des examens de l’enseignement technique et de la formation professionnelle sont disponibles depuis le mercredi 22 juillet 2009. Quel bilan faites-vous ?

Je dirai que les examens de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle se sont bien déroulés dans l’ensemble. A part quelques cas de fraude relevés au Lycée Professionnel Commercial de Yopougon qui ont rapidement été maîtrisés grâce à la stratégie mise en place pour débusquer tous les candidats à la fraude et grâce à l’ensemble des acteurs qui ont tous œuvré pour la réussite desdits examens, je peux affirmer que le bilan de la session 2009 des examens de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle est positif car chacun a fait sien, l’objectif de M. le Ministre Moussa Dosso qui était de valoriser notre ordre d’enseignement par un système d’évaluation fiable, crédible et transparent. Tout ceci nous a permis d’avoir les résultats que vous connaissez. Ainsi, sur les 8 567 candidats, nous avons enregistré 4 512 admis soit un taux de réussite de 51,91 %. Il est important de relever que ces résultats sont le fruit d’une année de labeur de tous les acteurs de ces examens que sont l’Inspection Générale, les Enseignants, la Direction des Examens et Concours que j’ai l’honneur de diriger et surtout de nos élèves. Ces résultats reflètent véritablement les efforts des uns et des autres dans la mesure où l’organisation de ces examens était accompagnée de rigueur et de transparence.


Comment avez-vous appréhendé ces fraudeurs et qu’en avez-vous fait ?

Nous avons effectivement appréhendé des fraudeurs au Lycée Professionnel Commercial de Yopougon. En effet, le mercredi 17 juin 2009, le Commissaire de ce centre a remarqué des mouvements incessants de candidats suspects vers la broussaille. Voulant être situé sur la nature de ces mouvements, le Commissaire a, avec l’aide des agents des forces de l’ordre présents sur le centre, découvert dans la broussaille, un groupe de mercenaires qui a pris la fuite. Ils ont toutefois réussi à appréhender un des leurs, qui avait en sa possession des épreuves et leurs corrigés. Face à cette situation, nous avons encore renforcé notre stratégie de lutte contre la fraude en faisant parvenir dans ce centre, des surveillants réservistes à qui nous avons assigné des objectifs précis.


Ce renfort a-t-il atteint ses objectifs ?

Oui, parce que le jeudi 18 juin 2009, nous nous sommes rendus dans le même établissement suite aux informations selon lesquelles un Enseignant aurait agressé son collègue.


De quoi s’agit-il ?

Il est ressorti de nos investigations que l’un de nos Professeurs Surveillants réservistes ayant constaté un certain laisser-aller dans la salle de composition voisine à la sienne a porté l’affaire à la connaissance du Secrétariat et du Commissaire. Ces derniers ont rappelé le Surveillant mis en cause à l’ordre. Très remonté contre son collègue qu’il a qualifié d’espion, le mis en cause l’a agressé et menacé.


Qu’avez-vous fait suite à cet état de fait ?

Après les avoir entendus, nous avons porté l’affaire devant les Forces de l’Ordre du Commissariat du 16ème arrondissement de Yopougon qui se chargeront d’entendre les mis en cause. A ce jour, l’enquête suit son cours. C’est le lieu de féliciter et de rendre hommage au Président de Jury et au Commissaire de ce centre qui ont fait preuve de vigilance et de courage.


M. le Directeur, à quelles sanctions s’exposent les mis en cause ?

Nous les avons remis à la police qui se chargera de les entendre dans le cadre de ses enquêtes comme je le disais tantôt. Ces candidats et enseignants laxistes font l’objet d’une procédure judiciaire. S’ils sont reconnus coupables, les sanctions prévues par la loi à cet effet leur seront appliquées. Aussi, nos supérieurs hiérarchiques prendront leurs responsabilités suite au compte rendu que nous leur ferons sur cette affaire. Il faut que les uns et les autres comprennent que les examens ne sont pas un jeu auquel tout le monde est convié. Les examens dans un pays sont d’une importance capitale dans la mesure où ils déterminent les plus méritants qui seront appelés à occuper des postes sur lesquels repose le développement du pays.


Pour revenir aux examens, quelles difficultés particulières avez-vous rencontrées dans l’organisation ?

La grande difficulté que nous avons rencontrée cette année était relative à la grève de nos amis Enseignants qui ont décidé de boycotter les corrections. Ce boycott initié par les Enseignants était vraiment regrettable dans la mesure où il a véritablement perturbé le chronogramme établi. Selon le calendrier de déroulement de nos examens établi en début d’année, les premiers résultats devraient être disponibles depuis le 4 juillet 2009. A cause de cette grève, nous n’avons pu proclamer les premiers résultats que le mercredi 22 juillet 2009 comme vous l’avez constaté.



M. le Directeur, comparativement aux résultats des examens de la session 2008, êtes-vous satisfait des résultats des examens de la session 2009 ?

La session 2008 des examens a enregistré 4 244 admis sur 7 143 candidats soit un taux de réussite de 59,41 % tandis que les résultats de la session 2009 donnent 4 512 admis sur 8 567.candidats soit un taux de réussite de 51,91 %. Nous avons donc des raisons d’être satisfaits dans la mesure où les consignes données ont été respectées par l’ensemble des acteurs qui ont exécuté leurs tâches avec une très grande rigueur. Autrement dit, les admis sont ceux qui ont fourni les efforts requis pour mériter leurs parchemins. La formation est un domaine où le miracle n’existe pas, car tout élève qui travaille sérieusement depuis le début de l’année ne peut que voir ses efforts récompensés par la réussite à son examen de fin d’année. Au vu de tout cela, je suis très satisfait. Le taux de réussite de 51,91% reflète la réalité. Ces examens font partie des meilleurs examens organisés depuis ces 15 dernières années. Ils se sont déroulés dans la douleur mais nous sommes fiers des résultats.


Selon les statistiques à votre possession, quelles sont les filières qui ont enregistré un faible taux de réussite ? Et à quoi est dû cet échec ?

La filière BP Banque est celle qui a enregistré le plus faible taux de réussite avec 07,20%. En ce qui concerne les raisons de cet échec, comme je le disais tantôt, le travail est la véritable clé de la réussite. Je voudrais donc profiter de cet entretien pour inviter tous ceux qui ont échoué à se remettre au travail pour avoir la satisfaction de voir leurs noms affichés l’année prochaine sur la liste des admis.


Monsieur le Directeur, je voudrais revenir sur le projet Diplômes. Est-ce que les admis de la session 2009 pourront être en possession de leurs parchemins ?

Le projet Diplômes continue et les choses avancent véritablement dans le sens que nous avons souhaité. Tout ceci pour dire que tout sera mis en œuvre pour que les admis de la session 2009 puissent rentrer en possession de leurs parchemins. Déjà, ceux de la session 2008 demeurent attendus à la Direction des Examens et Concours pour retirer leurs diplômes.


Monsieur le Directeur, quelles perspectives pour l’année prochaine ?

Les perspectives pour l’organisation des examens de la session 2010, c’est toujours la rigueur et la transparence. Dans notre quête permanente de la perfection, de nouvelles stratégies seront encore mises en œuvre pour endiguer définitivement la fraude. Aussi, allons-nous nous retrouver, tous les acteurs confondus, pour tirer les leçons de cette session afin d’améliorer l’organisation de la session 2010 si Dieu le veut.



Propos recueillis par Olivier Guédé