Ils sont plus de 350, les étudiants ivoiriens vivant au Mali. Sans bourse, sans aucune aide de l'Etat, ces jeunes vivent une galère indicible. Nord-Sud Quotidien a rencontré le président de l'Amicale des étudiants ivoiriens du Mali et quelques uns de ses camarades. Ils racontent leur vie de galériens.
Ils voguent la galère au Mali. Les étudiants ivoiriens ne savent plus à quel saint se vouer. Sans bourses ni aides financières, ils ont décidé de se regrouper au sein d'une association. Pour Mariko Souleymane, président de l'Association des étudiants ivoiriens au Mali, cette structure est née de la volonté des étudiants « de créer un espace d'entraide et de solidarité, coordonner les activités estudiantines et aider les nouveaux venus à s'intégrer dans la société malienne et le système éducatif du pays qui les a accueillis. » Car, la vie au Mali est très chère pour eux, beaucoup étant issus de familles peu nanties. Les frais d'inscription dans les facultés et grandes écoles sont de 300.000 Fcfa pour les étrangers. Si certains étudiants arrivent, grâce à l'aide de leurs parents, à s'acquitter de cette somme, la majeure partie d'entre eux « se débrouillent » pour la payer. « Certains sont obligés de prendre la nationalité malienne pour que ces frais leur reviennent à 5.000 Fcfa. Il y en a même qui se sont fait passer pour des réfugiés politiques pour bénéficier de l'aide du Hcr », affirme le leader estudiantin. Contrairement aux pays comme le Cameroun ou le Gabon, la Côte d'Ivoire n'a pas de foyer d'hébergement pour ses étudiants. Avec la carte d'étudiant, explique-t-il, on peut postuler à une place dans les 3 seuls internats disponibles et d'ailleurs insuffisants pour les maliens eux-mêmes. « Malgré cela, l'Aeem (l'Association des élèves et étudiants maliens) qui gère les chambres, les octroie autant qu'elle peut. Et pour une chambre de 8 lits, il n'est pas rare de trouver 15 voire 30 étudiants entassés, certains dormant sur les balcons et d'autres dans les allées », poursuit-il. Des propos acquiescés par des membres de son bureau qui l'ont accompagné. « Nous avons, nous aussi nos Cambodgiens, assure Souleymane. Comme nous n'avons pas de bourse, il leur est difficile de nous procurer les livres et autres brochures. Heureusement que les cybercafés permettent de faire des recherches et de tirer des copies pas trop cher », dit-il.
Ces difficultés engendrent bien de situations dommageables pour leurs études: des étudiants sèchent les cours pour s'adonner à des petits métiers pour survivre. « Concernant certaines étudiantes, je préfère ne pas en parler par décence tant c'est très peu honorable pour le pays et dangereux pour leur propre vie. C'est ça, notre quotidien et il n'y a pas de service social à l'ambassade. » Seuls quelques aînés un peu nantis leur viennent de temps en temps en aide, notamment MM. Djè Bi Gouré, Jacques Kouassi, Sidibé et Tah Bertin. «Ils font ce qu'ils peuvent, mais cela ne suffit pas pour le nombre d'étudiants que nous sommes», regrette-t-il. Pour eux, c'est à l'ambassade de Côte d'Ivoire qu'ils devraient pouvoir s'adresser en cas de problème. Là, accusent-ils, on ne les reçoit pas et comme le coût du transport est élevé, après 2 ou 3 visites, l'étudiant préfère rester dans son coin pour ne pas perdre inutilement le peu d'argent qu'il a. Rares sont les étudiants qui sont immatriculés à l'ambassade à cause du coût élevé (5.000 Fcfa) des cartes consulaires. «Nous sommes abandonnés à nous-mêmes ! L'ambassade ne nous est d'aucune aide, comme s'ils avaient là-bas des idées préconçues contre les étudiants ivoiriens», regrette le président de l'Association des étudiants ivoiriens au Mali. « L'ambassade de Côte d'Ivoire nous a empêché de rencontrer le Premier ministre », accuse encore Mariko Souleymane. Pourtant, explique-t-il, ils sont allés nombreux à l'accueil de Guillaume Soro, à l'aéroport de Bamako Senou (32 Km du centre-ville) à leurs propres frais. Ce, bien que n'aillant appris cette arrivée que par voie de presse. Et aussi dans le secret espoir que ce dernier les recevrait et prêterait une oreille attentive aux doléances qu'ils souhaitaient lui soumettre : octroi de bourses d'études, facilitation de l'obtention de stages de fin de cycle et l'insertion professionnelle à leur retour au pays, construction d'un foyer d'hébergement pour les étudiants ivoiriens, dotation de l'association en fonds de solidarité et en équipements sportifs et des réquisitions de transport pour le retour au pays pendant les vacances.
Empêchés de rencontrer le Premier ministre
«C'est à l'hôtel que l'ambassadeur nous a dit que cette rencontre n'était pas possible et qu'il y avait une procédure à suivre, à savoir, envoyer une demande à l'ambassade dans ce sens. Comment aurions-nous pu faire cela si nous ne sommes pas informés de l'arrivée de notre Premier ministre que par l'Ortm (l'Office des radiodiffusions télévisions du Mali) la veille de l'arrivée? » s'interroge-t-il. Pis, affirme-t-il, Ahipo Debo Noël Emmanuel « a refusé d'être notre intermédiaire pour transmettre notre cahier de doléances (1 page, Ndlr) au Premier ministre. » A ses yeux, le premier responsable de la chancellerie devrait être un père pour eux, donc « être capable de nous consacrer un tout petit peu de son temps quelques fois. »
« Que le gouvernement vienne à notre secours. Le chef de l'Etat et le Premier ministre doivent être informés des difficultés des étudiants, que ce soit au pays ou ailleurs. Ils ne peuvent pas demeurer indifférents à nos soucis s'ils étaient informés. Au nom de mes camarades, je les supplie : venez à notre secours ! », implore Mariko Souleymane.
Sur le sujet, Ahipo Debo Noël Emmanuel, ambassadeur de Côte d'Ivoire au Mali, répondant à nos questions lors de la cérémonie de la fête nationale est très clair. L'ambassade, explique-t-il, est une institution qui a un budget et qui fonctionne selon des règles budgétaires. « Je pense que l'ambassade n'est pas une institution sociale” ! a déclaré le diplomate qui ne comprend pas que pour un oui ou un non, tout le monde se dirige vers la chancellerie. « L'ambassade vit la résultante de la situation économique que connaît le pays. L'ambassade aussi a des difficultés. (…) » Toute chose qui l'oblige à plusieurs reprises de mettre personnellement la main à la poche. Mais, ajoute-t-il, « on essaye de sensibiliser les autorités pour leur dire qu'il y a des Ivoiriens ici et qui ont des problèmes…».
Ousmane Diallo Envoyé spécial à Bamako
Ils voguent la galère au Mali. Les étudiants ivoiriens ne savent plus à quel saint se vouer. Sans bourses ni aides financières, ils ont décidé de se regrouper au sein d'une association. Pour Mariko Souleymane, président de l'Association des étudiants ivoiriens au Mali, cette structure est née de la volonté des étudiants « de créer un espace d'entraide et de solidarité, coordonner les activités estudiantines et aider les nouveaux venus à s'intégrer dans la société malienne et le système éducatif du pays qui les a accueillis. » Car, la vie au Mali est très chère pour eux, beaucoup étant issus de familles peu nanties. Les frais d'inscription dans les facultés et grandes écoles sont de 300.000 Fcfa pour les étrangers. Si certains étudiants arrivent, grâce à l'aide de leurs parents, à s'acquitter de cette somme, la majeure partie d'entre eux « se débrouillent » pour la payer. « Certains sont obligés de prendre la nationalité malienne pour que ces frais leur reviennent à 5.000 Fcfa. Il y en a même qui se sont fait passer pour des réfugiés politiques pour bénéficier de l'aide du Hcr », affirme le leader estudiantin. Contrairement aux pays comme le Cameroun ou le Gabon, la Côte d'Ivoire n'a pas de foyer d'hébergement pour ses étudiants. Avec la carte d'étudiant, explique-t-il, on peut postuler à une place dans les 3 seuls internats disponibles et d'ailleurs insuffisants pour les maliens eux-mêmes. « Malgré cela, l'Aeem (l'Association des élèves et étudiants maliens) qui gère les chambres, les octroie autant qu'elle peut. Et pour une chambre de 8 lits, il n'est pas rare de trouver 15 voire 30 étudiants entassés, certains dormant sur les balcons et d'autres dans les allées », poursuit-il. Des propos acquiescés par des membres de son bureau qui l'ont accompagné. « Nous avons, nous aussi nos Cambodgiens, assure Souleymane. Comme nous n'avons pas de bourse, il leur est difficile de nous procurer les livres et autres brochures. Heureusement que les cybercafés permettent de faire des recherches et de tirer des copies pas trop cher », dit-il.
Ces difficultés engendrent bien de situations dommageables pour leurs études: des étudiants sèchent les cours pour s'adonner à des petits métiers pour survivre. « Concernant certaines étudiantes, je préfère ne pas en parler par décence tant c'est très peu honorable pour le pays et dangereux pour leur propre vie. C'est ça, notre quotidien et il n'y a pas de service social à l'ambassade. » Seuls quelques aînés un peu nantis leur viennent de temps en temps en aide, notamment MM. Djè Bi Gouré, Jacques Kouassi, Sidibé et Tah Bertin. «Ils font ce qu'ils peuvent, mais cela ne suffit pas pour le nombre d'étudiants que nous sommes», regrette-t-il. Pour eux, c'est à l'ambassade de Côte d'Ivoire qu'ils devraient pouvoir s'adresser en cas de problème. Là, accusent-ils, on ne les reçoit pas et comme le coût du transport est élevé, après 2 ou 3 visites, l'étudiant préfère rester dans son coin pour ne pas perdre inutilement le peu d'argent qu'il a. Rares sont les étudiants qui sont immatriculés à l'ambassade à cause du coût élevé (5.000 Fcfa) des cartes consulaires. «Nous sommes abandonnés à nous-mêmes ! L'ambassade ne nous est d'aucune aide, comme s'ils avaient là-bas des idées préconçues contre les étudiants ivoiriens», regrette le président de l'Association des étudiants ivoiriens au Mali. « L'ambassade de Côte d'Ivoire nous a empêché de rencontrer le Premier ministre », accuse encore Mariko Souleymane. Pourtant, explique-t-il, ils sont allés nombreux à l'accueil de Guillaume Soro, à l'aéroport de Bamako Senou (32 Km du centre-ville) à leurs propres frais. Ce, bien que n'aillant appris cette arrivée que par voie de presse. Et aussi dans le secret espoir que ce dernier les recevrait et prêterait une oreille attentive aux doléances qu'ils souhaitaient lui soumettre : octroi de bourses d'études, facilitation de l'obtention de stages de fin de cycle et l'insertion professionnelle à leur retour au pays, construction d'un foyer d'hébergement pour les étudiants ivoiriens, dotation de l'association en fonds de solidarité et en équipements sportifs et des réquisitions de transport pour le retour au pays pendant les vacances.
Empêchés de rencontrer le Premier ministre
«C'est à l'hôtel que l'ambassadeur nous a dit que cette rencontre n'était pas possible et qu'il y avait une procédure à suivre, à savoir, envoyer une demande à l'ambassade dans ce sens. Comment aurions-nous pu faire cela si nous ne sommes pas informés de l'arrivée de notre Premier ministre que par l'Ortm (l'Office des radiodiffusions télévisions du Mali) la veille de l'arrivée? » s'interroge-t-il. Pis, affirme-t-il, Ahipo Debo Noël Emmanuel « a refusé d'être notre intermédiaire pour transmettre notre cahier de doléances (1 page, Ndlr) au Premier ministre. » A ses yeux, le premier responsable de la chancellerie devrait être un père pour eux, donc « être capable de nous consacrer un tout petit peu de son temps quelques fois. »
« Que le gouvernement vienne à notre secours. Le chef de l'Etat et le Premier ministre doivent être informés des difficultés des étudiants, que ce soit au pays ou ailleurs. Ils ne peuvent pas demeurer indifférents à nos soucis s'ils étaient informés. Au nom de mes camarades, je les supplie : venez à notre secours ! », implore Mariko Souleymane.
Sur le sujet, Ahipo Debo Noël Emmanuel, ambassadeur de Côte d'Ivoire au Mali, répondant à nos questions lors de la cérémonie de la fête nationale est très clair. L'ambassade, explique-t-il, est une institution qui a un budget et qui fonctionne selon des règles budgétaires. « Je pense que l'ambassade n'est pas une institution sociale” ! a déclaré le diplomate qui ne comprend pas que pour un oui ou un non, tout le monde se dirige vers la chancellerie. « L'ambassade vit la résultante de la situation économique que connaît le pays. L'ambassade aussi a des difficultés. (…) » Toute chose qui l'oblige à plusieurs reprises de mettre personnellement la main à la poche. Mais, ajoute-t-il, « on essaye de sensibiliser les autorités pour leur dire qu'il y a des Ivoiriens ici et qui ont des problèmes…».
Ousmane Diallo Envoyé spécial à Bamako