Lundi 10 août. Il est 15h 15 mn à la gare routière d’Abobo. Les cris des commerçantes à la sauvette et les ballets des véhicules de transport public (taxis, wôro-wôro, Gbaka…), associés aux coups stridents des klaxons créent une ambiance à la fois bruyante et surchauffée. La circulation est dense. Nous nous frayons difficilement un chemin jusqu’à la chaussée que nous traversons également avec peine. Là se trouve le cabinet de Sounoukou, que nous avaient indiqué nos sources. Situé entre la pharmacie de La Mé et la gare elle-même, nous apercevons un grand magasin en bordure de la voie expresse. Les barrières de couleur grise qui ferment la devanture donnent l’impression de donner accès à un dépôt de gaz. Fanta Coulibaly, une jeune femme, assise devant sa table où sont exposés des poissons frais, ôte tout doute de notre esprit. «C’est bien ici le cabinet de Sounoukou», indique-t-elle. A l’entrée du bâtiment, plusieurs autres commerçantes vendent leurs marchandises à la criée. Sans hésiter, nous franchissons la porte du cabinet. A l’intérieur, une foule de personnes, visiblement des patients qui attendent. Un escalier en bois donne accès à la salle d’attente. Des patients sont assis sur cinq vieux fauteuils remplis de poussière. Nous le découvrons en y prenant place après nous être fait annoncer au maître des lieux. Sous la forte présence humaine dans la salle, le ventilateur recouvert également de poussière envoie un vent chaud. Posé sur du rotin, un poste téléviseur est en marche. Personne n’y accorde de l’importance. Cinq minutes après notre arrivée, un jeune homme de grande taille, vêtu d’un tee-shirt polo se présente. Il se nomme Koné Solo alias Balla. Il est né en 1984 à Abidjan, dans la bruyante commune d’Abobo où il a grandi. «Je suis le fils de Koné Sounoukou. Il est en mission en Afrique du Sud, depuis le 5 août 2008. Il est allé ouvrir une représentation du cabinet. C’est moi qui assure son intérim», nous dit-il. Solo est le quatrième enfant de son père, Koné Lanciné Sounoukou. «Le cabinet porte son nom. Et c’est à moi qu’il l’a confié en partant. Il m’a transmis le don qu’il a lui-même reçu de ses ascendants. C’est donc une connaissance héréditaire», souligne Solo qui nous reçoit dans sa chambre de consultation. Il connaît la raison de notre présence. Après les civilités, il accepte de se prêter à nos questions. Dans la salle de consultation de Sounoukou, une grande natte se trouve à terre. C’est là que se font les séances de massage. Sur le mur, des casiers remplis de statuettes ornées de gris-gris et de cauris. Là encore, dans la chambre, le ventilateur, visiblement mis à rude contribution depuis de longues heures donne un vent chaud. Conséquence de la mauvaise aération des lieux. Habitué et même très à l’aise dans ce décor, Solo tient à montrer des photos, témoins de ses prouesses. Il nous présente des images de sexe masculin grossi grâce à l’application de ses produits. «Nous faisons les massages. Trente minutes après, le sexe du client prend le volume souhaité. Il y a aussi les femmes qui veulent faire grossir leurs fesses ou leurs seins. On a les produits appropriés. Le traitement est rapide sans aucun inconvénient sur la sexualité», nous persuade-t-il. Le temps que Solo avait promis nous accorder pour cet entretien n’était pas terminé. Car, la clientèle affluait, et l’homme nous supplie de revenir un autre jour. Ce que nous acceptons sans problème. 3 jours plus tard, soit jeudi entre 13h et 15 h, nous sommes de nouveau son hôte. Le «grossisseur de sexes» nous accorde cette fois-ci un peu plus de temps. Il accepte la séance photo et nous montre des godemichés de plusieurs calibres (Phallus artificiel servant à faire jouir : Ndlr). Ces instruments servent de catalogue pour le client qui décide d’avoir l’une où l’autre des tailles qu’on lui présente. Outre les besoins de grossissement de sexes, des fesses et des seins, des patients viennent aussi pour d’autres problèmes. «Nous guérissons également les cas de faiblesses sexuelles, d’éjaculation précoce, de gonococcie, d’hernie et bien d’autres maladies. Le traitement se fait purement avec les plantes médicinales», témoigne le fils de Sounoukou. A croire Solo, les maladies de troubles mentaux et les envoûtements n’ont aussi pas de secret pour son père et lui. Il propose (pour nous convaincre) de nous soumettre à une séance de grossissement de sexe gratuite. Nous déclinons son offre; «Si vous changez un jour d’avis, venez nous voir», lance Solo. Très sûr de son affaire !
Un reportage de Bahi K.
Un reportage de Bahi K.