L’affaire fait grand bruit. Le capitaine Moussa Dadis Camara n’exclut pas de se porte candidat pour l’élection présidentielle guinéenne du 31 janvier prochain. L’arbitre de la transition se jeterait dans la bataille, après avoir longtemps clamé sa neutralité. Alors même que les règles qu’il prétend édicter dans le jeu politique de l’après Conté ne sont pas encore achevées, il jette le masque et s’invite dans l’arène. La raison d’un tel revirement ? Il s’appuie sur le fait qu’un militaire a le droit de faire la politique. L’un de ses adeptes pense qu’il doit mener à terme les chantiers (sic) entamés dès son arrivée au pouvoir. A la vérité, la nouvelle posture du patron du Comité National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) est gênante. Elle prend même l’allure d’une trahison envers le peuple qu’il prétend servir. Dadis Camara était censé mettre de l’ordre dans le pays miné par un désordre. Il devrait faire prévaloir l’éthique républicaine et morale. Il devrait servir de garant, de recours, de boussole à toutes les étapes de la transition. Il devrait être le ferment de la probité dans cette période d’incertitude politique et sociale. Il a préféré descendre de la montagne pour se fondre dans la masse des assoiffés de pouvoir (pour certains), des illusionnistes, des charlatans. Qui va garantir la neutralité du processus électoral, voire de sortie de la transition ? Qui va extraire la bonne graine de l’ivraie ? Nul ne le sait désormais. Le chef du CNDD, en outre, perpétue la tradition d’une race de militaires africains qui se renient, se dédisent, s’aliènent pour le pouvoir exécutif. Dadis a clamé haut et fort dès son arrivée au pouvoir, le 22 décembre 2008, ne pas être intéressé par le pouvoir d’Etat. Donnant ainsi un cachet spécial « à sa révolution », se donnant également l’aspect d’un « Robin des bois » africain. En fait, tout le monde a été abusé. Le capitaine était un homme intéressé par les délices du pouvoir. On ne lui connaît pas de projet de société, de programme de gouvernement et d’hommes compétents pour un tel exercice… mais il veut tout de même le pouvoir. Au diable Alpha Condé, Sidya Touré, Jean Marie Doré… ! Serge Armand Didi
Afrique Publié le mardi 25 août 2009 | Notre Voie