La question de la transformation de la noix cajou ne pourra pas être suffisamment traitée en dehors d’un environnement des affaires incitatif. Selon Raghu Kumar, consultant international en matière de cajou à Gtz, c’est l’une des conditions que posent les industriels avant d’investir la filière locale. Dans le but d’expertiser l’introduction de torréfaction, des industriels ivoiriens membres de l’African cashew alliance (Aca) ont proposé «l’installation d’usines qui pourraient torréfier plus de 20.000 tonnes de noix brutes à condition que le gouvernement leur accorde des exemptions de droits de douane pour chaque 23 tonnes de noix brutes qu’ils exporteraient… ». Visiblement préoccupé par cette problématique, le ministère de l’Agriculture dit avoir commandité une étude auprès de la Gtz en vue de donner une nouvelle orientation à la filière anacarde. «C’est une filière en reconstruction. L’étude est prête et les résultats seront publiés bientôt. C’est sur cette base que nous allons défendre auprès du gouvernement, notre nouvelle vision. Ce rapport est le préalable à tout. Il faut mettre en place un cadre cohérent de travail», insiste Diamouténé Alassane Zié, directeur de cabinet du ministre de l’Agriculture. Avant d’indiquer que le rapport peut être le point de départ à la mise en place de mesures incitatives. La politique de la tutelle est d’amener les coopératives à créer le maximum de valeur ajoutée au profit des paysans, à travers la mise en place d’unités de petite et moyenne tailles. Mais encore qu’il faille que les opérateurs expriment fortement cette volonté. «Je ne sais ce que prévoit réellement le code des investissements mais nous estimons que la multiplication des petites unités peut nous permettre d’améliorer fortement le taux de 5% qui correspond à la quantité transformée. Il faut qu’on règle la question du prix brut en accroissant la transformation en termes de produits semi-finis. C’est à cette condition que nous pouvons nous tourner vers les marchés européen et américain sans subir le monopole indien », suggère-t-il. M. Diamouténé estime que le cajou ivoirien bénéficie d’un avantage comparatif du fait de la qualité de son goût. Il peut par conséquent faire face à la concurrence internationale. «L’Etat n’a plus le choix, il doit s’impliquer dans cette filière qui vient en appoint au coton dans le Nord du pays. Le coton souffre aujourd’hui donc nous comptons sur l’anacarde pour enrichir les paysans. C’est pourquoi les travaux du Gtz nous serons d’une extrême utilité », espère le directeur de cabinet.
Cissé Cheick Ely
Cissé Cheick Ely