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Société Publié le mercredi 23 septembre 2009 | Islam Info

Hadj 2009 : Le pèlerinage à la Mecque

Son origine, les différents types et les spécificités des rites

Le hajj (avec un /a/ bref) (arabe : hajj ou hijja (aller vers) pèlerinage) est pour les musulmans le pèlerinage aux lieux saints de la ville de La Mecque en Arabie saoudite. C'est entre le 8 et le 13 du mois lunaire de Dhû al-hijja qu'a lieu le grand pèlerinage à La Mecque, le cinquième pilier de l'islam. Le hâj ou hâjjî (/a/ long) (arabe : hajj, désigne aussi toute personne qui a fait ce pèlerinage. Il est alors accolé au nom de la personne, comme marque honorifique, quand on s'adresse à elle.


Al-hajj est le titre de la sourate 22 du Coran.

Dhû al-hijja, douzième mois de l'année musulmane au cours duquel se fait le grand pèlerinage.
Le grand pèlerinage à La Mecque trouve son origine musulmane dans des versets coraniques de l'époque médinoise mais ne constitue pas pour autant une institution originale : il existait déjà un tel pèlerinage chez les arabes pré-islamiques, païens ou chrétiens.

Déjà à l'époque, ce pèlerinage comprenait des rites similaires au hajj, essentiellement autour de la Ka'ba qui contient la Pierre noire - un type de bétyle météorique dont le culte était répandu au Proche-Orient depuis l'Antiquité. À La Mecque, les pèlerins pré-musulmans revêtaient le vêtement rituel et se rasaient le crâne pour se mettre en état de sacralisation. Ils processionnaient déjà alors autour de la Ka'ba. D'autres rites semblent s'être également déroulés à l'époque pré-islamique sur le plateau de 'Arafat sans qu'on en connaisse les détails cérémoniels ni leurs fonctions précises : les Arabes païens y honoraient vraisemblablement de multiples divinités dans le but d'obtenir des faveurs ou des réponses de types divinatoire, accomplissant parfois des sacrifices d'animaux.

Plateau d'Arafat de nos jours, durant le pèlerinage

La communauté musulmane naissante a d'abord adopté des rites judaïsants en priant notamment en direction de Jérusalem. Mais dès 624, divers préceptes ont été établis, constituant une véritable déclaration d'indépendance de la nouvelle religion à l'égard du judaïsme et du christianisme : c'est cette année que le mois de ramadan a été instauré et que la prière a été réorientée vers La Mecque; ces devoirs ont été complétées par l'injonction d'accomplir un pèlerinage dans cette ville, ancrant l'islam sur le sol de l'Arabie.

Les musulmans prennent le contrôle de La Mecque en 630; les païens sont exclus du pèlerinage et les idoles sont évacuées de la Ka'ba puis détruites. Selon la tradition musulmane Mahomed (Saw) aurait lui-même accompli un pèlerinage complet - un pèlerinage d'adieu - peu avant sa mort et aurait a fixé définitivement le déroulement de ses rites.


Ancrage abrahamique
Djibril arrête le bras d'Ibrahim, substituant Ismaël à un mouton.
Enluminure ottomane v. 17es.

L'attachement de La Mecque à l'islam se fait notamment par le rattachement du sanctuaire à la tradition abrahamique : selon la tradition musulmane, c'est Ismaël, fils d'Abraham - Ibrahim en arabe - qui, rejoint par son père, a construit la Ka'ba et Abraham y a accompli le premier pèlerinage musulman selon le rituel actuel. Le Coran suggère même que le sanctuaire mécquois préexistait à tous les autres lieux de culte. Des légendes plus tardives illustrent cette affirmation mettant par exemple en scène Adam qui emporte la Pierre noire du paradis.

Ainsi, ce récit permet de rompre avec les rites arabes païens antérieurs qui sont privés de légitimité et dont le rituel ancestral, dédié aux divinités païennes, est présenté comme une déviation du culte monothéiste instauré dans la nouvelle tradition par Abraham, ancêtre des ancêtres Arabes. De la même manière, en affirmant la centralité du temple de La Mecque, l'islam affirme sa prééminence sur les monothéismes bibliques déviants par rapport à leurs propres origines abrahamiques.

C'est en la mémoire du geste d'Abraham - qui épargna son fils à la demande de Dieu - , qu'a lieu au cours du pèlerinage, au lieu dit Minâ, le sacrifice d'un animal par les pèlerins. La fête du sacrifice ou Aïd al-Adha marque ainsi chaque année la fin du hajj.


L'obligation de faire le pèlerinage

Le grand pèlerinage est considéré comme l'un des cinq piliers de l'islam et le Coran le rend obligatoire pour toute personne responsable qui en à la capacité financières et physiques. Il n'est cependant pas nécessaire d'accomplir ce devoir plusieurs fois. Il en va de même pour la 'umrah ou petit pèlerinage qui peut se dérouler à n'importe quelle période de l'année contrairement au grand pèlerinage qui se déroule invariablement aux mêmes dates.


Les trois types

1) Le pèlerinage est dit «Tamattu» s'il est fait pendant le mois du pèlerinage et dire son intention de faire un « petit pèlerinage » (Umra). Il doit se terminer par le sacrifice d'un animal.

2) Le pèlerinage est dit «Qirân» si le pèlerin déclare son intention d'effectuer le grand et le petit pèlerinage en même temps. Il ne rasera ses cheveux qu'après la lapidation des Jamarat à Mina et quittera alors l'état de sacralisation. Il doit offrir un animal en sacrifice.

3) Le pèlerinage est dit d'«ifrâd» si le pèlerin déclare ne vouloir faire que le grand pèlerinage. Il restera en état de sacralisation jusqu'au jour du sacrifice mais n'offrira pas d'animal en sacrifice.
Les pèlerins

Le grand pèlerinage est l'objet d'un très grand prestige et demeure un facteur très important d'unité et d'échanges entre les musulmans du monde entier qui témoignent d'une profonde ferveur à cette occasion. Pour les mystiques, le trajet vers le lieu saint constitue symboliquement le voyage vers l'unité divine, la voie soufie elle-même.

Le Hajj reçoit annuellement plusieurs millions de pèlerins, ce qui en fait du lieu de pèlerinage le plus visité du monde musulman. Par ailleurs, le nombre maximal de pèlerins est imposé par le gouvernement saoudien grâce à l'utilisation de quotas signifiés aux divers organismes organisateurs afin de réguler le flot de pèlerins. La croissance de la fréquentation est très forte, ce qui est lié à des raisons complexes liées à la notoriété croissante du site mais aussi à l'évolution des mobilités et à la démocratisation du transport aérien. On dénombrait en effet 50.000 pèlerins en 1935, 100.000 en 1950, 200.000 en 1955, 400.000 en 1969, 918.000 en 1974 et 1,3 million en 1981. En 2008, l'Arabie saoudite a accueilli officiellement 3,5 millions de pèlerins mais certaines sources évoquent jusqu'à 5 millions de participants. Ce nombre élevé de pèlerins a causé dans le passé récent plusieurs bousculades mortelles.


Les rites

Le pèlerinage à la Mecque est un des cinq piliers de l'islam
Le Coran ne livre que peu d'indications rituelles ce qui laisse supposer que les gestes anté-islamiques ont été largement repris (sacralisation, circumambulation, course entre les deux bornes Safâ et Marwah, ...) mais cette fois dans une optique abrahamique.
Les rites sont légèrement différents selon qu'on habite la région de La Mecque ou non, particulièrement les rites de sacralisation (ihrâm) qui sont fait au moment de l'entrée dans le territoire sacré pour les gens de l'extérieur. Ils varient aussi légèrement selon les écoles juridiques de l'islam.

Premier jour : 8 dhû al-hijja

- Déclarer son intention de faire le pèlerinage par une formule rituelle répétée par trois fois. (n_ya, projet ; volonté).
- Se mettre en état de sacralisation. (ihrâm).
- Faire les sept rondes autour de la Kaaba en essayant d'embrasser la pierre noire (matâf). (pour celui qui fait Ifrad )
- Faire sept fois la marche (420 m dans un long couloir attenant à la mosquée) entre Safâ et Marwah (pour celui qui fait Ifrad ) (sa_y, course; effort; recherche) en souvenir de l'errance d'Agar à la recherche d'eau pour Ismaël. Puis boire à la source Zamzam.
- Se rendre au lieu dit « Mîna » à 4 km de La Mecque et faire les prières de l'après-midi (asr), du soir (maghreb et icha) et du matin (fajr).

Deuxième jour : 9 dhû al-hijja

- Lorsque le soleil se lève, il faut avancer vers la montagne Arafat (20 km) et y faire la prière de midi (dhur) et de l'après-midi en s'assurant bien être au-dedans des frontières de Arafat. Il faut rester dans ce territoire jusqu'au soleil couchant. C'est de ce point que Mahomet fit son discours d'adieu. (wuq_f, halte; station debout; pause).
- Après le coucher du soleil, il faut aller vers « Muzdalifah. ». À l'arrivée, il faut faire les prières du soir. Il faut rester à Muzdalifa jusqu'à ce que la nuit soit tombée. Le pèlerin va se munir de cailloux pour la suite des rites (49 cailloux : 7+21+21).

Troisième jour : 10 dhû al-hijja

- Après la prière du matin, le pèlerin revient vers Mîna. Le premier jour de la fête du sacrifice (Aïd al-Adha) le pèlerin parcourt les 300 m qui le séparent du lieu où Abraham emmena son fils Ismaël pour le sacrifier. Sur le parcours, il rencontre trois piliers qui symbolisent les trois points où Iblîs tenta de le détourner. Le pèlerin lapide ces piliers avec les cailloux ramassés la veille.
- Dans l'intervalle, il faut tuer l'animal d'offrande qui symbolise le bélier qu'Abraham a sacrifié à la place de son fils. Il faut en manger mais la plus grande partie doit être donnée aux indigents. Les pèlerins ont la possibilité de payer le montant de l'offrande à une banque gérée par les autorités locales.
- Il faut aussi refaire les rites (2) et (3) « circumambulation du retour ».

Quatrième et cinquième jours : 11 & 12 dhû al-hijja

- Le pèlerin durant chaque jour de Tachriq, lapide les 3 stèles de Mina, d'abord la plus petite, puis la médiane et enfin la plus grande, celle de Aqaba. Sur chacune, il jette 7 cailloux en disant : Allahou Akbar (« Allah est le plus Grand ») … entre deux stèles, il fait face à la Quibla et récite quelques invocations.
- Effectuer une dernière circumambulation: celle d'adieu et sortir de l'état de sacralisation : Pour les hommes, se couper les cheveux très courts ou se raser la crâne, pour les femmes, raccourcir la longueur des cheveux. (taq__r, diminution; nettoyage).
Souvent le pèlerinage se prolonge par une visite à Médine sur les tombes de Mahomet et ses compagnons.

A suivre…

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