«Devoir de mémoire sur Houphouët, Bédié, Guéi et Gbagbo». Tel aurait pu être le titre du bouquin que Roland Dagher va mettre incessamment sur le marché du livre en Côte d’Ivoire et ailleurs dans le monde. Mais l’auteur, ivoirien d’origine libanaise, homme d’affaires et conseiller économique et social, a choisi d’appeler son livre «Si je peux me permettre… Un témoignage pour la jeunesse». Et les spécialistes auront du mal à le classer dans un genre littéraire précis. Normal, puisqu’il s’agit pour l’auteur de dire sa part de vérité. Si bien que par moments, son intime conviction déteint sur les évènements qui se déroulent ou qui se sont déroulés, qu’il vit ou qu’il a vécus. «Si je peux me permettre…», est le tout premier essai politique de l’auteur autodidacte Dagher. L’ouvrage est préfacé par le Pr. Biaka Zasseli, professeur titulaire agrégé de philosophie, doyen de l’UFR des Sciences de l’Homme et de la Société de l’Université d’Abidjan Cocody. Sa publication est assurée par trois maisons d’édition : NEI, Hachette livre international et CEDA. Il sera bientôt dédicacé, au Conseil économique et social, en présence de très hautes personnalités. Parce que ce livre de 216 pages est en réalité une œuvre de courage, de résistance et de patriotisme. Roland Dagher «se permet», en vérité, de jeter son regard personnel, un regard profond, sur les actes des quatre chefs d’Etat que la Côte d’Ivoire, son pays d’accueil et d’adoption, a connus. Tour à tour, il visite les champs du développement défrichés par feu Félix Houphouet-Boigny (premier président), approximativement labourés par Henri Konan Bédié (dauphin constitutionnel renversé), dramatiquement sarclés par feu Robert Guéi (auteur visible de l’unique coup d’Etat réussi) et difficilement entretenus par Laurent Gbagbo (au pouvoir et qui fait face à une crise armée depuis sept ans). De façon subtile mais clairement lisible, l’auteur dit ce qu’il croit être bien, mais aussi ce qu’il croit être un échec chez chacun de nos quatre présidents. Au passage, il dépeint dans le style qui lui est propre, ce qu’il appelle «la transition sous Alassane Dramane Ouattara», l’unique Premier ministre d’Houphouët, instaurateur de la fameuse carte de séjour en Côte d’Ivoire qui avait consacré la chasse aux étrangers. Par ces temps préélectoraux, ce livre peut mettre certains camps en furie, mais Roland Dagher ne semble pas en avoir peur : «Dans ce pays, tout se passe aujourd’hui comme si personne n’a été aux affaires avant les moments que nous vivons. Or, cela est faux. Moi, j’ai vécu tous les régimes et je me dois de témoigner», nous a confié le conseiller économique et social, fier d’avoir achevé cet ouvrage. De toutes les façons, écrit-il à la page 16, «à mon âge, je peux dire sans vouloir choquer personne, que mon avenir est derrière moi». Alors, déterminé comme un patriote résistant qui a vécu la crise traversée par la Côte d’Ivoire, l’homme d’affaires crache, fermement : «Si, maintenant, je me sens prêt à témoigner, c’est qu’à aucun instant de ces moments difficiles, je n’ai songé à quitter mon pays pour un eldorado que pourtant j’aurais pu m’offrir» (page 17). Enfin, sur les objectifs qu’il poursuit par la publication de son livre, Roland Dagher se veut précis : «Je ne voudrais pas regretter, un jour, de n’avoir pas dit, de n’avoir pas témoigné…pour que demain ne soit pas la répétition du passé». C’est clair, la crise ivoirienne a poussé dans l’arène, entre autres faits insolites, des personnes qui se contentaient de célébrer leur discrétion. Roland Dagher est de ceux-là. Il a décidé de parler à son tour en publiant «Si je peux me permettre…». Tant pis pour ceux qui l’ont réveillé ! Tant mieux pour ceux qui choisiront de connaître ce qu’il sait !
César Etou cesaretou2002@yahoo.fr
César Etou cesaretou2002@yahoo.fr
