L’artiste-musicien Marcellin Yacé, l’une des premières victimes des événements du 19 septembre 2002, a été célébré, du 1er au 3 octobre dernier, au Goethe Institut d’Abidjan-Cocody, à travers un festival dénommé Festival Marcellin Yacé de la créativité et de l’excellence. Avec au programme une table ronde sur le thème “La contribution de Marcellin Yacé à l’essor des musiques urbaines de Côte d’Ivoire” le jeudi 1er octobre et un concert le 3 octobre. 5 interventions ont meublé la riche table ronde à laquelle, dommage, un petit public a assisté. Ce sont celles du dramaturge Souleymane Koly, du maître-assistant de musicologie Modeste Goran sur le thème “Points de vue sur Marcellin Yacé : le regard d’un ethnomusicologue”, du sociologue de la musique Benjamin Téhé Douosson sur le thème “Pour une sociologie de la musique ivoirienne à travers le groupe Woya”, de l’ingénieur culturel Alain Tailly sur le thème “Pour une délimitation du champ de la musique urbaine : cas de Marcellin Yacé” et enfin celle de Bailliet Bléziri Camille, journaliste et promoteur de spectacles. Souleymane Koly a parlé de sa rencontre artistique avec le défunt, qui a travaillé sur les œuvres de son ensemble féminin Les gos du Kotéba. “J’ai un devoir de mémoire en hommage à Marcellin Yacé qui a œuvré à l’émergence d’une nouvelle approche musicale en Afrique”. Pour le chef de département recherche de l’INSAAC, Dr. Modeste Goran, l’œuvre de Marcellin Yacé est un patrimoine culturel pour la Côte d’Ivoire. Quant au sociologue Benjamin Téhé Douosson, il a reconnu que son étude du groupe Woya à travers son esthétique et sa sociologie lui a permis de mieux appréhender l’immensité du mentor de ce groupe qu’a été Marcellin Yacé. Compagnon de route de Marcellin Yacé depuis 1985 quand il était au lycée à Divo, Alain Tailly a été émouvant avec les anecdotes qu’il a dites sur l’artiste. Un artiste qui l’a amené à s’intéresser à la musique. “L’acte de naissance de la musique urbaine ivoirienne est bien 1984 avec la chanson “O loubard” des Woya”. Parlant de l’influence de Marcellin Yacé sur la musique en Côte d’Ivoire après avoir fait l’historique du groupe Woya, il a relevé que Marcellin a influencé des arrangeurs (notamment Olivier Blé, David Tayorault) ; a arrangé Tiane, Antoinette Allany, Tantie Oussou ; s’est même investi dans le zouglou en y faisant entrer les percussions dans les arrangements des albums des Mêlêkê Fatoh, les Boza, feu Ruth Tondey, Yodé et Siro. “François Konian a enrichi le patrimoine de Marcellin Yacé. Marcellin Yacé a participé à toutes les aventures musicales de Jimmy Hyacinthe, son maître de l’ombre. Le défunt a suscité des vocations. Tel est le cas avec les RAS.Marcellin Yacé est aussi celui qui a suscité l’émergence d’une nouvelle génération d’arrangeurs. Marcellin Yacé vient comme un homme de rupture qui a influencé une nouvelle génération d’arrangeurs. Au total, Marcellin Yacé savait transformer la boue en or”. Pour lui, avec Marcellin Yacé, les Woya étaient une vraie et authentique entreprise de réintégration sociale des jeunes avec leur appel au retour à la terre. Enfin, Bailliet Bléziri Camille a parlé de son admiration pour Marcellin Yacé qui est une riche bibliothèque pour la musique ivoirienne et même africaine. Il ressort de cette table ronde dont le modérateur était le journaliste Henri N’koumo que les intervenants ont tous appelé à la sauvegarde de l’héritage artistique de Marcellin Yacé. Marcellin Boguy
Art et Culture Publié le mardi 13 octobre 2009 | Notre Voie