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Économie Publié le samedi 31 octobre 2009 | Le Temps

Transport aérien dans les Cedeao et de la Cemac - Des contraintes ont freiné la libéralisation

Les ministres en charge des Transports africains de l'espace Cedeao et du Cemac viennent de faire l'état des lieux de la libéralisation du ciel aérien, dix ans après “la décision de Yamoussoukro”. C'était hier, en présence du chef de l'Etat, Laurent Gbagbo.

Le Président de la République, Laurent Gbagbo a ouvert hier, à Yamoussoukro, la cérémonie marquant les dix ans de la " décision de Yamoussoukro ". Décision qui a permis de mettre en place une politique de libéralisation du secteur des transports aériens. En 1999, les ministres en charge du secteur des transports de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (Cemac), ont constaté que le continent africain était mal desservi en matière de liaisons aériennes. En effet, il est très courant de voir qu'un passager d'une ville d'une sous-région africaine, par exemple de l'Afrique de l'ouest à une autre ville d'une autre sous- région (Afrique centrale) est obligé de monter en Europe (France, Belgique, Angleterre…) avant de redescendre à son point de destination sur le continent. C'est donc pour corriger ces états déplorables que les ministres africains ont signé cet accord, qui vise l'octroi des droits de trafic et spécialement ceux de la 5e liberté de l'air qui donne la possibilité aux transporteurs aériens des pays africains de prendre des passagers entre les villes d'autres pays, la non limitation des capacités des aéronefs des compagnies aériennes africaines, le traitement équitable et sans discrimination, des compagnies africaines désignées pour qu'elles puissent effectivement participer à la fourniture de services aériens, faciliter les échanges de droits de trafic, la coopération aéronautique entre Autorités d'aviation civile et compagnies aériennes africaines, en vue d'aboutir à une libéralisation totale du transport aérien intra-africain pour combler le déficit. Dix ans après cet engagement, le bilan reste très faible dans le ciel aérien de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (Cemac). Les experts de la 6e réunion du comité de coordination et de suivi de la mise en œuvre de la décision de Yamoussoukro qui ont précédé les ministres des transports notent que quatre contraintes majeures ont freiné cette idée. La première est liée aux guerres et autres conflits politiques dans certains Etats qui ont endommagé les infrastructures, les installations et équipements aéroportuaires et qui ont sapé la confiance des usagers du transport aérien. La deuxième est liée à l'insuffisance de cadre juridique instituant les règles de concurrence et le mécanisme de règlement des différends. La troisième difficulté de la mise en œuvre de la décision de Yamoussoukro est purement économique et sociale. Selon le rapport des experts, il y a une exigüité des marchés nationaux du transport aérien, des coûts d'exploitations élevés (redevances et taxes aéronautiques, carburant, assurance…) ; l'insuffisance ou l'absence de coopération entre les compagnies aériennes, la faiblesse des capacités en personnel compétent pour l'administration et l'industrie du transport aérien. La dernière contrainte, concluent les experts est purement technique. Cependant, malgré ces difficultés, les experts notent des progrès accomplis par les Etats membres. Il s'agit par exemple de l'octroi des droits de trafic de 5e liberté, la multidésignation des compagnies aériennes et l'attribution de l'autonomie à certaines administrations de l'aviation civile. Mais aussi des grands acquis réalisés par les institutions telles que la (Cemac, Cedeao, Uemoa) pour l'adoption des réglémentations techniques de l'aviation civile, des codes communautaires et des directives pour l'établissement des liaisons aériennes directes entre les capitales. Face à toutes ces difficultés qui entravent la mise en place de la décision de Yamoussoukro, la Banque africaine de développement (Bad), qui finance un certain nombre de projets et la Commission africaine de l'aviation civile (Cafac) se sont dit préoccupées de ces retards et ont souligné à l'occasion, la gravité des nouveaux défis auxquels est confrontée l'industrie africaine du transport, notamment, l'imposition de créneaux horaires, la tenue unilatérale de listes noires, les effets de la réglementation européenne en matière d'environnement et de traitement des transports d'Etats tiers. C'est pourquoi, ils invitent, les Etats africains à mettre immédiatement en œuvre la décision de Yamoussoukro, s'ils ne l'ont pas fait déjà, puisque cela s'avère selon eux désormais obligatoire. Ils souhaitent aussi que la Cedeao et la Cemac suppriment l'obligation de visa pour leurs citoyens de manière à faciliter le commerce et le processus d'intégration tel que prévu par la décision de Yamoussoukro. Pour le suivi de toutes ces décisions, les ministres à charge des transports de l'Afrique centrale et de l'Ouest ont chargé le chef de l'Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, d'engager un dialogue personnel avec ses pairs Présidents pour garantir leur application intégrale sur l'ensemble du continent africain.

Joseph Atoumgbré
attjoseph@yahoo.fr
Envoyé spécial à Yamoussoukro
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