Les habitants de la commune de Yopougon, précisément ceux du quartier Gbamanan Djidan 2, situé entre Ananerais et Maroc sont sans logis depuis hier. Leurs habitations ont été démolies par les bulldozers du ministère de la construction. M. Coulibaly Adama, président des jeunes et membre du comité de gestion du quartier rencontré sur les lieux a expliqué que le premier magistrat de Yopougon, M. Gbamana Djidan, venait pourtant de baptiser, le 03 octobre dernier, ce quartier en lui donnant son nom. Au lieu de France Ville, ce quartier s’appelait Gbamana Djidan 2. Au cours de cette cérémonie de baptème, la population a reçu l’assurance du maire qui s’est adressé à elles en ces termes : « Je suis le maire de la commune. Aucune casse ne peut avoir lieu sans mon autorisation ». Ces paroles ont égayé la population qui avait eu dans le mois de juin 2008, des menaces de déguerpissement. Elle affirme avoir même adressé un courrier au ministère de la construction pour savoir les raisons de ce déguerpissement, mais aucun feed-back n’a été reçu. Le maire Djidan, lors de son dernier passage, a demandé aux habitants de lotir le quartier à leurs propres frais. Le coût s’élevait à 9 millions Fcfa. Selon notre interlocuteur, il a été versé une somme de 5 millions comme avance. M. Coulibaly Drissa a, par ailleurs, révélé qu’un géomètre a été dégagé par le maire pour placer des bornes. Il leur a demandé de faire le plan du quartier, chose qui est en cours. A la grande surprise des riverains, des bulldozers sécurisés par le lieutenant Pika du 16è arrondissement et ses agents sont venus démolir les habitations sous ordre du ministère de la construction. Les victimes affirment n’avoir pas reçu, au préalable, l’information de quitter les lieux. Impuissantes, elles regardaient leurs maisons s’écrouler sous l’action des machinistes. Des tentatives pour joindre le ministère se sont avérées vaines. Au contraire, elles ont été gazées et tabassées. « Le maire nous a trahis », entendait-on dans la foule surchauffée. L’Imam du quartier, M. Chérif Almamy, a martelé les phrases suivantes : « La population ne doit pas être déguerpie n’importe comment. Avant de le faire, ils doivent recaser la population. C’est ce qui se fait dans un pays normal ». Il convient de souligner que ces maisons démolies sont loin d’être des baraques.
Nathalie Kassi
Nathalie Kassi