L’édition 2010 de « Doing Business », une publication conjointe de la Banque mondiale et de la société financière internationale donne des informations sur les 183 pays de la planète. En matière, entre autres, de facilité de création d’entreprise, d’octroi de permis de construire, d’obtention de prêts, de commerce transfrontalier, de paiement de taxes et impôts, d’exécution des contrats. La Côte d’Ivoire occupe la 168è place dans ce classement. En termes clairs, si un investisseur veut entreprendre et regarde le tableau de « Doing Busines » qui indique les facilités à faire les affaires, il sait d’emblée que le pays est devancé par 167 autres. Il a une idée des difficultés à franchir pour s’installer en Côte d’Ivoire et exercer son activité. Cette réalité en ajoute aux autres, bien connues sur les paramètres qui minent la compétitivité des entreprises en activité en Côte d’Ivoire, et qui s’appellent, corruption, coût des facteurs élevés, marché local restreint, infrastructures obsolètes… Le classement de « Doing Business », plus que tout autre discours, indique à tous que la Côte d’Ivoire a de réels progrès à réaliser pour être attractive et inciter les opérateurs économiques à s’intéresser à nouveau à ce pays. Au cœur des préoccupations et des priorités, s’installe donc l’économie. A nouveau ! La guerre, puis la sortie de crise avaient fait place au discours nationaliste, aux surenchères de tous ordres, au tout politique. L’économie et le bien-être des populations avaient foutu le camp. Maintenant que la campagne est à l’ordre du jour, les impératifs, les vrais pour le pays se signalent. Et pour une fois, des signes encourageants sont perceptibles quant à la volonté des Ivoiriens, par les organisations syndicales et patronales interposées, de ramener les questions essentielles au cœur des débats. La confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire, CGCI, dans cette vaine, reçoit depuis quelque temps les candidats à la présidence de la république. Le professeur Francis Wodié et le président du Mfa, Anaky Kobedna ont précédé sur la tribune des créateurs de richesse le candidat du Rdr, Alassane Ouattara. Sont attendus entre autres, le président sortant Laurent Gbagbo, le champion du Pdci, l’ancien président Henri Konan Bédié et le porte-étendard de l’Udpci, Albert Mabri Toikeuse. Tous doivent dire comment ils entendent remettre le pays sur pied et redonner espoir à une population pour qui, depuis une dizaine d’années, tout se résume à batailler pour survivre. Les patrons ne sont pas les seuls à vouloir mettre à l’épreuve les postulants à la magistrature suprême du pays. L’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire, l’Ugtci est dans la danse. La plus ancienne des centrales syndicales du pays fait elle aussi défiler les candidats. La dynamique doit être suivie par d’autres organisations socio professionnelles et regroupement de la société civile. Les Ivoiriens disposent là d’une occasion formidable pour redonner ses lettres de noblesse à la compétition politique. Le pays en a énormément besoin. Avec quatre millions de chômeurs, la Côte d’Ivoire a sur les bras « une bombe ». Les mots sont d’une personnalité avertie du secteur économique, le président de la chambre de commerce et d’industrie Jean Louis billon. Cette bombe, si elle n’est pas désamorcée, sera plus dévastatrice que la guerre. Elle ne peut l’être si une politique économique cohérente n’est pas mise en œuvre rapidement dans un environnement judiciaire et de sécurité qui rassurent. Des pans entiers de l’économie doivent être reconstruits. A l’instar des secteurs agricoles où l’ananas, le coton, le café... s’effondrent. Les besoins en infrastructures, en santé, en formation éducation sont considérables. Et ne peuvent pas attendre. Il faut partout agir et maintenant. Pas de place pour l’improvisation ni l’amateurisme. Rassurer les investisseurs, donner au privé son rôle moteur dans le développement du pays, ramener l’Etat aux investissements de base indispensables et à la bonne gouvernance, restaurer une justice crédible et efficace dans un climat social et politique apaisé, ce sont là les clés à même de relancer l’économie et de créer les emplois. Tout ce qu’il faut en somme pour que la bombe du chômage et du désespoir n’éclate pas. Il faut donc remettre la Côte d’Ivoire sur la tête et redonner à l’économie sa place prépondérante. La résurrection du pays passe par là.
D. Al Seni
D. Al Seni