Le débat ouvert sur la légitimité historique et ou juridique des présidents ivoiriens par le très honorable ambassadeur de Côte d'Ivoire à Paris n'est pas prêt d'arrêter les vagues qu'il a soulevées. La mise au point de Niamkey Koffi dans "Le Repère" rééditée par "Le Nouveau Réveil" a été suffisamment claire quant aux motivations qui ont poussé le professeur Kipré Pierre à témoigner ?d'une cécité coupable?. Le moment est venu de porter le débat à un autre niveau en mettant l'accent sur la finalité des combats sur lesquels l'ambassadeur Kipré s'est appuyé pour différencier et hiérarchiser Houphouët, Bédié et Gbagbo. En recentrant le débat sous cet angle, on dégage des indicateurs de différenciation et de hiérarchisation plus pertinents pour le peuple peu favorables au président Gbagbo. Car “les vacuoles épistémologiques” dont le professeur-ambassadeur s'est servi pour brouiller la notion de légitimité sont loin des préoccupations des Ivoiriens dans le contexte global d'appauvrissement du peuple.
Le paysan de la région des Savanes ou celui des zones forestières, le citadin et l'ouvrier, les enseignants roulés dans la farine n'ont que faire de nos élucubrations historiques, philosophiques et littéraires sur la légitimité de leurs présidents. Ce qui intéresse le citoyen qui a le pouvoir de donner et de retirer cette légitimité par un vote démocratique, c'est l'usage qui en est fait pour améliorer ses conditions d'existence au quotidien et donner une audience internationale et une considération au pays que le titulaire de la légitimité à titre précaire et révocable gouverne. De ce point de vue, ce qui marque l'évolution de la Côte d'Ivoire depuis le début de l'accession calamiteuse des refondateurs et du président Gbagbo au pouvoir, c'est que ces refondateurs ont réussi à transformer leur “légitimité” en “illégitimité historique”. Entrés par effraction au sommet du pouvoir politique, ils n'ont pas su s'appuyer sur la bonne gouvernance pour maîtriser les abus de pouvoir. Préoccupés par leur désir de s'enrichir illicitement et très rapidement, ils n'ont pas cru utile de laisser les voix de l'opposition s'exprimer pour soutenir la règle de droit qui garantit l'égalité de tous devant la justice. Au contraire, ils ont combattu pour ceux qui dénoncent les abus afin de promouvoir la transparence et la responsabilité. Ce sont les raisons pour lesquelles ils ont échoué partout et en tout” et élevé le pays plein de promesses dont ils ont hérité du PDCI-RDA au rang peu honorable des Etats les plus vulnérables du continent africain et même du monde.
L'accès au pouvoir par la légitimité, que celle-ci soit historique ou juridique, confère les mêmes responsabilités aux présidents de notre république. Peu importe donc la nature de la légitimité. La responsabilité ultime d'un président, c'est celle de construire l'avenir du pays, de bâtir la cité. La première tâche face à cette responsabilité est de garantir la sécurité des citoyens et un climat de paix, condition préalable à tout développement. Car “De tous les biens auxquels aspire le cœur de l'homme, aucun, sans doute, n'est désiré plus profondément et plus universellement que la paix. Vivre heureux, c'est vivre dans la Paix. Nous la désirons, nous nous la souhaitons mutuellement” (Bernard Yago, Archevêque d'Abidjan, homélie du 31 décembre 1967 à la messe de la paix à Abidjan). Le président Jimmy Carter des Etats-Unis abonde dans le même sens en soutenant que garantir la sécurité et la paix constitue la première fonction régalienne d'un homme d'Etat. S'il ne remplit pas cette mission, il met sa légitimité en question. Mais si d'aventure ce même homme d'Etat se rend coupable de la violation des droits des citoyens et des droits de l'homme, il se rend lui-même illégitime. La comparaison des bilans de Houphouët, Bédié et Gbagbo isole le parcours de “L'opposant historique” qui est arrivé, comme feu Guéï Robert, au pouvoir par effraction. Les actes posés depuis son élévation à ce statut ont rendu l'homme historiquement illégitime.
Passons outre les contre-performances économiques et sociales du chef des refondateurs depuis bientôt dix ans. Nous reviendrons ultérieurement sur cette question dans les bilans comparés de Bédié et Gbagbo pendant la campagne d'une élection dont la date ne cesse d'être reportée illégalement. “La défense du pluralisme politique et de la démocratie, il [Gbagbo] l'a payée dans sa chair. Voilà ce qui fonde une légitimité historique”. Mais à quoi aura servi cette lutte si ses méthodes nous plongent dans une atmosphère de pluralisme politique non démocratique? Le parcours politique de Gbagbo se démarque et se spécifie, depuis bientôt dix ans, comparativement à ceux de Houphouët et de Bédié, au-delà du discours et des fêtes de la liberté, par sa coercition et l'usage de la violence en lieu et place du consentement libre qui fonde théoriquement la légitimité dans un régime démocratique. Houphouët a gouverné pendant trois décennies, Bédié pendant sept ans et Gbagbo pendant bientôt dix années qui ont fait basculer son régime hors de la démocratie et l'ont plongé dans la dictature et le totalitarisme. L'avenir de notre pays n'a jamais été aussi turbulent et incertain. On a l'embarras du choix des arguments pour illustrer ces tendances lourdes et inquiétantes.
1° Sur le terrain de la formation de la jeunesse, espoir de notre nation, les patriotards de Gbagbo ont assassiné la démocratie et les libertés académiques, bousculé la hiérarchie et l'autorité académique en demeurant totalement impunis. Cette nouvelle gent de démocrates a semé le désordre dans une abbaye de Thélème de nature spéciale où le maître tremble devant l'élève. La crise créée par la subversion du système éducatif pour la conquête et la conservation du pouvoir a de ce chef affaibli considérablement l'institution universitaire et compromis l'avenir de milliers de jeunes pour plusieurs générations. C'est un crime contre notre jeunesse et contre l'humanité.
2° En décidant de suspendre les poursuites contre les auteurs de l'importation criminelle des déchets toxiques et en rangeant les décisions de justice relatives aux responsabilités des plus hauts dirigeants de l'administration portuaire contre une indemnisation de 100 milliards de Francs CFA, le pouvoir FPI a révélé, aux yeux du monde, que l'argent et les intérêts de ceux que ses décisions couvrent sont plus importants que la vie des Ivoiriens. Son régime nous a envoyés au summum d'une déchéance morale qui déshonore la Côte d'Ivoire et annihile la légitimité du régime FPI : il s'est rendu ici aussi coupable de la violation du premier droit des citoyens d'un pays : le droit à la sécurité et à la vie. Le crime contre l'humanité, c'est la violation des règles de droit international, commise par des gouvernements ou des citoyens. Il est imprescriptible (éternel, impérissable), non amnistiable, non susceptible d'extinction d'action publique. Les générations du futur réécriront tôt ou tard de nouvelles pages de notre histoire sur “l'illégitimité historique” du combattant de la liberté et de la démocratie différentes de celles de notre hagiographe professeur-ambassadeur. Car il est difficile d'écrire une histoire objective en épousant les habits neufs du glorificateur contraint de tenir un discours politiquement correct.
3° Sous le régime de l'opposant historique devenu président, la liberté de manifester (garantie par notre constitution) est devenue un droit réservé à ses seuls patriotards. Les manifestantes contre la cherté de la vie l'ont appris à leurs dépens avec mort d'hommes, après les 120 décès officiels du carnage des 24 et 25 mars 2004. Le Président Bédié, “juridiquement légitime”, n'a jamais commis de forfaits ayant entaché ses mains du sang d'un Ivoirien. Cette forme de légitimité ne serait-elle pas l'idéal puisqu'elle est en définitive celle qui s'impose dans les démocraties avancées à l'échelle universelle. Elles n'enregistrent pas de présidents historiquement légitimes selon les critères de l'ambassadeur Pierre Kipré.
4° La liberté de la presse a reculé avec l'emprisonnement de journalistes ou de simples citoyens outrés par les excès de notre gouvernance refondée, avec la disparition et l'assassinat des journalistes, la destruction impunie des sièges des journaux de l'opposition et la destruction de leurs journaux. La télévision ivoirienne “est le résumé de tous les reniements de celui qui promettait aux Ivoiriens …un monde sans haine et une presse, véritable pilier de la démocratie” (Le Patriote, 30 novembre 2009). Jamais Houphouët au summum de son pouvoir “n'avait élu domicile à la télé” (ibid.). Quelles surprises nous attendent-elles encore demain après ce que nous avons vu entendu pour un organe qui n'a qu'un seul nom : Laurent Gbagbo.
5° Les tendances lourdes, négatives enregistrées dans les domaines précités ne sont pas prêtes à s'infléchir devant la volonté clairement affichée de notre défenseur du pluralisme démocratique plus que jamais décidé à “Gagner ou à Gagner” dans l'élection la plus chère et la plus incertaine au monde. Sa date constitutionnelle est reportée depuis quatre ans et empire les conditions globales de l'illégitimité de Gbagbo. Cet autre indicateur d'illégitimité historique d'un président ivoirien montre le peu de soucis que notre démocrate a de l'état actuel de la nation et de l'appauvrissement général de l'Ivoirien.
Que sert à un président de gagner tous les galons de la légitimité historique s'il vient à les perdre pour crimes contre l'humanité, contre la non protection de la vie de ses compatriotes? Ce qui est frappant dans le cas ivoirien, c'est que la perte de la légitimité s'inscrit dans un processus d'auto dé-légitimation qui nous ramène à un niveau plus abject que les régimes vomis par le combattant pour la démocratie et le pluralisme politique. Toujours dans le cas ivoirien, la destruction de la vie et les violations des droits humains s'accommodent d'un affaiblissement général de nos institutions et d'un népotisme mortels pour la nation. Nous avons fait un bond en arrière de plusieurs décennies avec la dégradation de nos infrastructures et la perte progressive de notre leadership économique, de notre poids géopolitique régional et de notre souveraineté face à des Etats circumvoisins qui n'avaient pas les atouts dont Gbagbo a hérités. Tous ces chocs historiques sont autant de germes de changement que les Ivoiriens ressentent dans leur chair et dans leur âme et qui marqueront à jamais la mémoire des générations du futur.
Nous sommes devenus un pays instable, très mal gouverné, dont l'avenir est de plus en plus peuplé d'incertitudes critiques. Notre pays est devenu un nain politique à la recherche de leaders capables de reprendre le contrôle de la gestion du système national pour redonner espoir au peuple. Même les tuteurs socialistes qui nous ont conspirés pour installer notre nouvelle idole de la démocratie pluraliste l'ont trouvé infréquentable. Ni l'Occident, ni la France, ni même la guerre ne sont responsables des dérives totalitaires ci-haut relevées et de notre régression. C'est le mode opératoire de notre démocratie refondée qui est en cause. Le président Obama a mille fois raison de dire que “L'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, mais de fortes institutions”. L'ère des dirigeants légitimés par la loi de la force est révolue à l'aube du troisième millénaire. Les Ivoiriens et surtout la jeunesse l'ont-ils compris ? Les Ivoiriens seront-ils fous pour reconduire un président qui a réussi la performance de déclasser la Côte d'Ivoire au plan international et à imposer l'obéissance ou la soumission par la force et la violence dans la peur? “Mille morts à gauche, mille morts à droite, moi j'avance” ! Tel est son credo. Anaky nous a avertis. Si nous commettons l'erreur de reconduire le premier candidat ex président qui s'est historiquement auto dé-légitimé, nous aurons compromis en toute liberté l'avenir de notre démocratie, de notre jeunesse et de notre pays.
Pr KOBY Assa Théophile
Secrétaire National chargé des Etudes et Prospectives du PDCI-RDA
Président du Comité stratégie de la campagne du candidat Bédié
Le paysan de la région des Savanes ou celui des zones forestières, le citadin et l'ouvrier, les enseignants roulés dans la farine n'ont que faire de nos élucubrations historiques, philosophiques et littéraires sur la légitimité de leurs présidents. Ce qui intéresse le citoyen qui a le pouvoir de donner et de retirer cette légitimité par un vote démocratique, c'est l'usage qui en est fait pour améliorer ses conditions d'existence au quotidien et donner une audience internationale et une considération au pays que le titulaire de la légitimité à titre précaire et révocable gouverne. De ce point de vue, ce qui marque l'évolution de la Côte d'Ivoire depuis le début de l'accession calamiteuse des refondateurs et du président Gbagbo au pouvoir, c'est que ces refondateurs ont réussi à transformer leur “légitimité” en “illégitimité historique”. Entrés par effraction au sommet du pouvoir politique, ils n'ont pas su s'appuyer sur la bonne gouvernance pour maîtriser les abus de pouvoir. Préoccupés par leur désir de s'enrichir illicitement et très rapidement, ils n'ont pas cru utile de laisser les voix de l'opposition s'exprimer pour soutenir la règle de droit qui garantit l'égalité de tous devant la justice. Au contraire, ils ont combattu pour ceux qui dénoncent les abus afin de promouvoir la transparence et la responsabilité. Ce sont les raisons pour lesquelles ils ont échoué partout et en tout” et élevé le pays plein de promesses dont ils ont hérité du PDCI-RDA au rang peu honorable des Etats les plus vulnérables du continent africain et même du monde.
L'accès au pouvoir par la légitimité, que celle-ci soit historique ou juridique, confère les mêmes responsabilités aux présidents de notre république. Peu importe donc la nature de la légitimité. La responsabilité ultime d'un président, c'est celle de construire l'avenir du pays, de bâtir la cité. La première tâche face à cette responsabilité est de garantir la sécurité des citoyens et un climat de paix, condition préalable à tout développement. Car “De tous les biens auxquels aspire le cœur de l'homme, aucun, sans doute, n'est désiré plus profondément et plus universellement que la paix. Vivre heureux, c'est vivre dans la Paix. Nous la désirons, nous nous la souhaitons mutuellement” (Bernard Yago, Archevêque d'Abidjan, homélie du 31 décembre 1967 à la messe de la paix à Abidjan). Le président Jimmy Carter des Etats-Unis abonde dans le même sens en soutenant que garantir la sécurité et la paix constitue la première fonction régalienne d'un homme d'Etat. S'il ne remplit pas cette mission, il met sa légitimité en question. Mais si d'aventure ce même homme d'Etat se rend coupable de la violation des droits des citoyens et des droits de l'homme, il se rend lui-même illégitime. La comparaison des bilans de Houphouët, Bédié et Gbagbo isole le parcours de “L'opposant historique” qui est arrivé, comme feu Guéï Robert, au pouvoir par effraction. Les actes posés depuis son élévation à ce statut ont rendu l'homme historiquement illégitime.
Passons outre les contre-performances économiques et sociales du chef des refondateurs depuis bientôt dix ans. Nous reviendrons ultérieurement sur cette question dans les bilans comparés de Bédié et Gbagbo pendant la campagne d'une élection dont la date ne cesse d'être reportée illégalement. “La défense du pluralisme politique et de la démocratie, il [Gbagbo] l'a payée dans sa chair. Voilà ce qui fonde une légitimité historique”. Mais à quoi aura servi cette lutte si ses méthodes nous plongent dans une atmosphère de pluralisme politique non démocratique? Le parcours politique de Gbagbo se démarque et se spécifie, depuis bientôt dix ans, comparativement à ceux de Houphouët et de Bédié, au-delà du discours et des fêtes de la liberté, par sa coercition et l'usage de la violence en lieu et place du consentement libre qui fonde théoriquement la légitimité dans un régime démocratique. Houphouët a gouverné pendant trois décennies, Bédié pendant sept ans et Gbagbo pendant bientôt dix années qui ont fait basculer son régime hors de la démocratie et l'ont plongé dans la dictature et le totalitarisme. L'avenir de notre pays n'a jamais été aussi turbulent et incertain. On a l'embarras du choix des arguments pour illustrer ces tendances lourdes et inquiétantes.
1° Sur le terrain de la formation de la jeunesse, espoir de notre nation, les patriotards de Gbagbo ont assassiné la démocratie et les libertés académiques, bousculé la hiérarchie et l'autorité académique en demeurant totalement impunis. Cette nouvelle gent de démocrates a semé le désordre dans une abbaye de Thélème de nature spéciale où le maître tremble devant l'élève. La crise créée par la subversion du système éducatif pour la conquête et la conservation du pouvoir a de ce chef affaibli considérablement l'institution universitaire et compromis l'avenir de milliers de jeunes pour plusieurs générations. C'est un crime contre notre jeunesse et contre l'humanité.
2° En décidant de suspendre les poursuites contre les auteurs de l'importation criminelle des déchets toxiques et en rangeant les décisions de justice relatives aux responsabilités des plus hauts dirigeants de l'administration portuaire contre une indemnisation de 100 milliards de Francs CFA, le pouvoir FPI a révélé, aux yeux du monde, que l'argent et les intérêts de ceux que ses décisions couvrent sont plus importants que la vie des Ivoiriens. Son régime nous a envoyés au summum d'une déchéance morale qui déshonore la Côte d'Ivoire et annihile la légitimité du régime FPI : il s'est rendu ici aussi coupable de la violation du premier droit des citoyens d'un pays : le droit à la sécurité et à la vie. Le crime contre l'humanité, c'est la violation des règles de droit international, commise par des gouvernements ou des citoyens. Il est imprescriptible (éternel, impérissable), non amnistiable, non susceptible d'extinction d'action publique. Les générations du futur réécriront tôt ou tard de nouvelles pages de notre histoire sur “l'illégitimité historique” du combattant de la liberté et de la démocratie différentes de celles de notre hagiographe professeur-ambassadeur. Car il est difficile d'écrire une histoire objective en épousant les habits neufs du glorificateur contraint de tenir un discours politiquement correct.
3° Sous le régime de l'opposant historique devenu président, la liberté de manifester (garantie par notre constitution) est devenue un droit réservé à ses seuls patriotards. Les manifestantes contre la cherté de la vie l'ont appris à leurs dépens avec mort d'hommes, après les 120 décès officiels du carnage des 24 et 25 mars 2004. Le Président Bédié, “juridiquement légitime”, n'a jamais commis de forfaits ayant entaché ses mains du sang d'un Ivoirien. Cette forme de légitimité ne serait-elle pas l'idéal puisqu'elle est en définitive celle qui s'impose dans les démocraties avancées à l'échelle universelle. Elles n'enregistrent pas de présidents historiquement légitimes selon les critères de l'ambassadeur Pierre Kipré.
4° La liberté de la presse a reculé avec l'emprisonnement de journalistes ou de simples citoyens outrés par les excès de notre gouvernance refondée, avec la disparition et l'assassinat des journalistes, la destruction impunie des sièges des journaux de l'opposition et la destruction de leurs journaux. La télévision ivoirienne “est le résumé de tous les reniements de celui qui promettait aux Ivoiriens …un monde sans haine et une presse, véritable pilier de la démocratie” (Le Patriote, 30 novembre 2009). Jamais Houphouët au summum de son pouvoir “n'avait élu domicile à la télé” (ibid.). Quelles surprises nous attendent-elles encore demain après ce que nous avons vu entendu pour un organe qui n'a qu'un seul nom : Laurent Gbagbo.
5° Les tendances lourdes, négatives enregistrées dans les domaines précités ne sont pas prêtes à s'infléchir devant la volonté clairement affichée de notre défenseur du pluralisme démocratique plus que jamais décidé à “Gagner ou à Gagner” dans l'élection la plus chère et la plus incertaine au monde. Sa date constitutionnelle est reportée depuis quatre ans et empire les conditions globales de l'illégitimité de Gbagbo. Cet autre indicateur d'illégitimité historique d'un président ivoirien montre le peu de soucis que notre démocrate a de l'état actuel de la nation et de l'appauvrissement général de l'Ivoirien.
Que sert à un président de gagner tous les galons de la légitimité historique s'il vient à les perdre pour crimes contre l'humanité, contre la non protection de la vie de ses compatriotes? Ce qui est frappant dans le cas ivoirien, c'est que la perte de la légitimité s'inscrit dans un processus d'auto dé-légitimation qui nous ramène à un niveau plus abject que les régimes vomis par le combattant pour la démocratie et le pluralisme politique. Toujours dans le cas ivoirien, la destruction de la vie et les violations des droits humains s'accommodent d'un affaiblissement général de nos institutions et d'un népotisme mortels pour la nation. Nous avons fait un bond en arrière de plusieurs décennies avec la dégradation de nos infrastructures et la perte progressive de notre leadership économique, de notre poids géopolitique régional et de notre souveraineté face à des Etats circumvoisins qui n'avaient pas les atouts dont Gbagbo a hérités. Tous ces chocs historiques sont autant de germes de changement que les Ivoiriens ressentent dans leur chair et dans leur âme et qui marqueront à jamais la mémoire des générations du futur.
Nous sommes devenus un pays instable, très mal gouverné, dont l'avenir est de plus en plus peuplé d'incertitudes critiques. Notre pays est devenu un nain politique à la recherche de leaders capables de reprendre le contrôle de la gestion du système national pour redonner espoir au peuple. Même les tuteurs socialistes qui nous ont conspirés pour installer notre nouvelle idole de la démocratie pluraliste l'ont trouvé infréquentable. Ni l'Occident, ni la France, ni même la guerre ne sont responsables des dérives totalitaires ci-haut relevées et de notre régression. C'est le mode opératoire de notre démocratie refondée qui est en cause. Le président Obama a mille fois raison de dire que “L'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, mais de fortes institutions”. L'ère des dirigeants légitimés par la loi de la force est révolue à l'aube du troisième millénaire. Les Ivoiriens et surtout la jeunesse l'ont-ils compris ? Les Ivoiriens seront-ils fous pour reconduire un président qui a réussi la performance de déclasser la Côte d'Ivoire au plan international et à imposer l'obéissance ou la soumission par la force et la violence dans la peur? “Mille morts à gauche, mille morts à droite, moi j'avance” ! Tel est son credo. Anaky nous a avertis. Si nous commettons l'erreur de reconduire le premier candidat ex président qui s'est historiquement auto dé-légitimé, nous aurons compromis en toute liberté l'avenir de notre démocratie, de notre jeunesse et de notre pays.
Pr KOBY Assa Théophile
Secrétaire National chargé des Etudes et Prospectives du PDCI-RDA
Président du Comité stratégie de la campagne du candidat Bédié