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Politique Publié le vendredi 4 décembre 2009 | Le Repère

Réunion au sommet : Le CPC de la dernière chance

Après deux reports, la réunion du Cadre Permanent de Concertation regroupant les deux antagonistes de la crise ivoirienne, Laurent Gbagbo, Soro Guillaume et les leaders de l'opposition Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara autour du facilitateur Blaise Compaoré, s’est tenu le jeudi 3 décembre 2009, dans une atmosphère particulière. L'élection présidentielle du 29 novembre 2009, telle que fixée par décret présidentielle de Gbagbo, n'a pas eu lieu. Les Ivoiriens qui attendent de connaître la nouvelle date de l'élection se disent que c'est au sortir de cette réunion du CPC qu'ils seront situés. La grande question est de savoir si la mauvaise foi politique qui a fait échec à toutes les dates arrêtées jusque-là, pourra cette fois-ci laisser le temps au réalisme.
Des conclusions de cette réunion particulière du CPC, dépendra la suite du processus électoral. C'est pourquoi, chaque partie ivoirienne s'y est rendue avec sa dose de foi, mais aussi et surtout ses préoccupations. Pour le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) dont les deux leaders Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara assistent au CPC, l'heure est suffisamment grave pour ne pas que cette réunion marque un tournant dans le long et lassant processus de sortie de crise. Certes, comme son nom l'indique, le CPC est un cadre de concertation pour le suivi du processus, mais pour une fois, il devra indiquer la voie à suivre et poser les balises pour ne pas qu'une fois de retour en Côte d'Ivoire, le pouvoir Gbagbo-Soro (qui n'a visiblement pas intérêt à ce qu'une élection se tienne maintenant) ruse avec les accords, le chronogramme et autres décisions. Depuis 2007, les événements et les faits et dires de l'exécutif démontrent que c'est le duo du sommet de l'Etat qui ne fait rien pour respecter le chronogramme. Aussi, le RHDP entend-il faire savoir à cette réunion et même après qu'il n'entend plus subir les humeurs des tenants du pouvoir. Car de la tenue de l'élection dépend la réhabilitation de la Côte d'Ivoire. A l'issue de sa réunion qu'il a tenue le mardi, pour préparer le CPC, le RHDP, par la bouche du président du directoire, Alphonse Djédjé Mady l'a fait clairement savoir: " comme tout le monde le sait, il y a la détermination de la nouvelle date des élections. On est le seul pays au monde où on a des candidats mais qui ne savent pas quand ils vont compétir. On souhaite donc que cela se fasse dans les meilleures conditions, je vous devance dans vos questions à venir, en tenant compte des indications que la Commission électorale indépendante leur donnera sur place pour ne pas se faire des idées sur une date qui ne pourrait être tenue. Donc ce sera suite au rapport de la Commission électorale indépendante que nos présidents veilleront à ce qu'une date réaliste et tenable soit tenue parce que le plus important c'est de retenir une date qui soit cette fois-ci respectée. Alors ne me posez pas la question : quelle date vous allez proposer ? Il ne sera proposé de date qu'à la suite de leurs discussions après rapport de la Commission électorale indépendante à Ouagadougou” Maintenant que la réunion est terminée que fera-t-on pour que les élections aient enfin lieu ?
Ce CPC doit donc se donner les moyens de faire respecter ses décisions par ceux qui doivent les mettre en pratique, c'est-à-dire le président Laurent Gbagbo et son premier ministre Guillaume Soro.

Arracher les élections ou périr avec la Côte d'Ivoire
On peut le dire, le Chef de l'Etat ivoirien semble ne pas être de cet avis, quand le même mardi soir, après un tête-à-tête avec le président Compaoré, il déclare à la presse : "Mais ce n'est pas nous qui fixons la date… Mais il ne faut plus raisonner en termes de date, mais en termes de masse de travail qu'il reste à faire (…) Nous voulons aller à des élections, mais sans que la guerre revienne. Mieux vaut aller à des élections tard et ne plus avoir de conflit que d'avoir des élections tôt avec des morts ". C'est une révélation de taille quant au processus après cet autre CPC. Le Chef de l'Etat Laurent Gbagbo n'est plus dans la logique d'élection " vite, vite ". Il est désormais dans une autre. Qui donc jugera de ce que toutes les conditions sont réunies ? Avant le CPC, il a mis le Conseil Constitutionnel de son ami Yao Ndré en mission pour constater si les conditions sont réunies pour tenir l'élection présidentielle. Un anachronisme qui en dit long sur sa volonté de ne pas voir les élections se tenir maintenant. On se rappelle que c'est le président du Conseil Constitutionnel qui avait déclaré il y a moins d'un mois qu'il faut absolument le désarmement avant le scrutin, alors même qu'en juin dernier, Laurent Gbagbo a pris le décret fixant la date du 29 novembre pour le premier tour de la présidentielle, sans désarmement. On comprend difficilement que Yao Ndré qu'il a nommé en octobre soit celui qui exige qu'il y ait désarmement avant le scrutin, sachant que le candidat Gbagbo est déjà par deux fois allé au nord pour sa campagne sans désarmement. Quand le Chef de l'Etat dit aussi " il ne faut plus raisonner en termes de date, mais en termes de masse de travail qu'il reste à faire ", le message est clair qu'il n'est pas du tout pressé d’aller aux élections. N'est-ce pas lui qui disait récemment à Korhogo, à Odienné et à Séguéla que plus aucun obstacle ne s'oppose à la tenue des élections ? N'est-ce pas lui qui disait que tout avait été accompli et que seule la CEI peut décider de la date ? De quel travail restant à faire parle-t-il encore ? Combien de temps cela prendra-t-il ? Lui seul le sait et lui seul manœuvrera à sa convenance, jusqu'en octobre 2010 voire plus. Et si avec lui, le facilitateur Compaoré est d'accord, il appartiendra à l'opposition, au cours de ce CPC et après de lutter ferme pour que les résolutions soient respectées. Ou alors, il risque même de ne plus avoir de CPC parce que Gbagbo et Compaoré ne le jugent pas utile et opportun. Ce CPC est ultime, il est sans doute la dernière chance de tracer le chronogramme précis de la sortie de crise. Ou du moins, il est le garant du respect de la nouvelle date.

Eddy PEHE

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