C’est un véritable séisme moral qui a secoué le peuple sénoufo de Korhogo, lors de la fête de la tabaski. Selon des révélations, le ministre de l’Agriculture, Amadou Gon, directeur national de Campagne du président du RDR aurait ‘’contrarié’’ le docteur Coulibaly Issa Malick, directeur de campagne du Président Laurent Gbagbo. A mon avis, ce qui s’est passé à Korhogo dépasse le débat politique. C’est bien l’histoire et la civilisation du peuple senoufo qui ont été piétinées. D’emblée, il faut dire que le docteur Coulibaly Issa Malick est l’oncle de Amadou Gon. Donc son père, comme partout. Mais dans la société senoufo, il est difficile de porter la contradiction à son père, quelle que soit l’influence politique, financière du fils. Aujourd’hui, je ne suis pas d’accord avec la mise en évidence d’une exploitation politique, des enseignements du vieux Peleforo Gon Coulibaly, chef canton du peuple senoufo, par ceux-là mêmes, qui sont censés de protéger les principes et la civilisation, de l’histoire du poro et de la forêt sacrée qui font la gloire de la société en terre senoufo. Ce qui s’est passé à Korhogo est un déficit d’autorité morale, parentale et même spirituelle. Un scandale qui tombe mal, quand on sait que le vieux Peleforo Gon Coulibaly avait enseigné la tolérance, la sagesse, le respect pour surtout éviter la crise de confiance et réduire l’influence civilisationnelle du Poro, cette école de la vie, responsable de la conduite en société senoufo. Aujourd’hui, quand on fait l’évaluation de ‘’l’humanisme’’ du vieux Peleforo Gon Coulibaly, tout le monde s’est dévoyé à Korhogo, au service d’intérêts géopolitiques. Officiellement on a boycotté la leçon du poro et de la forêt sacrée, l’esprit du sage Peleforo Gon Coulibaly. Je désapprouve que Korhogo ait été un centre de regroupement de ceux qui ont pris les armes le 19 septembre 2002, dérangeant à tout moment, le vieux Peleforo Gon Coulibaly dans son repos éternel. Pour ceux qui ne le savent pas, Peleforo Gon Coulibaly était un homme sage, de paix, qui a donné matériellement l’exemple de son comportement au chef de guerre l’Imam Samory Touré de passage dans le canton sénoufo. Et pourtant le sage Peleforo Coulibaly Gon était mystique et très puissant. Mais aussi très tolérant. C’est pourquoi, je suis très loin de partager ce qui s’est passé à Korhogo entre Amadou Gon et Coulibaly Issa Malick dont l’essentiel de vie entre le neveu et l’oncle doit être concentré dans le respect et la sagesse des actions. Tous ceux qui ont connu Félix Houphouët-Boigny et qui se sont rendus à Yamoussoukro, vous le confirmeront : Félix Houphouët-Boigny avait du respect pour toute sa famille. L’homme était politiquement puissant, financièrement puissant. Mais Félix Houphouët-Boigny s’abaissait et devenait très « petit » devant ses oncles. Devant ses sœurs Mamie Adjoua et Mamie Fêtai illettrées. Félix Houphouët-Boigny n’avait jamais créé le choc. Le grand chef Akouè, président de la République de Côte d’Ivoire, ami de l’Américain John Kennedy, de l’Israélien Ben Gourion, du français Charles De Gaulle ne s’est jamais attaqué aux principes de la famille. Je révèle ce modèle séculaire de l’ancien président de la République, parce que Félix Houphouët-Boigny avait été « formé » à l’école de la sagesse de Peleforo Gon Coulibaly. La leçon ? Il faut introduire une séparation entre la gestion politique et la chose de la traditionnelle. Voilà la vérité. Et moi, je suis déçu de ce qui s’est passé à Korhogo entre Coulibaly Issa Malick, l’oncle et Amadou Gon, le neveu. Le père et le fils. C’est scandaleux. A-t-on déjà oublié les enseignements du sage Peleforo Gon Coulibaly dont la logique de l’histoire du peuple Senoufo par le poro… la forêt sacrée ? En tout état de cause, ce qui s’est passé entre Coulibaly Issa Malick, l’oncle et Amadou Gon, le neveu n’est pas loin de réduire l’influence et la pratique du poro… la force de la civilisation du peuple sénoufo. A Korhogo, tout s’est passé, comme s’il n’y avait personne dans la famille pour rappeler la légitimité et la légalité de Coulibaly Issa Malick et le rôle de Amadou Gon. Il n’y a pas de débat : que Amadou Gon le neveu, présente ses excuses à Coulibaly Issa Malick son oncle, pour la souveraineté de la famille et du mérite historique du vieux Peleforo Gon Coulibaly. Qu’on s’éloigne de la pression et des revendications politiques, qui ne sont que des actions éphémères ou chacun fait son propre arbitre. Mais l’autorité morale de la famille doit être partagée, comme enseignée par le sage Peleforo Gon Coulibaly, organiquement liée à la tolérance et à la dignité. Sinon, la véritable question de fond restera : « peuple Senoufo de Korhogo, qu’avez-vous fait de votre civilisation et enseignements de la forêt sacrée… le poro ?
Par Ben Ismaël
Par Ben Ismaël
