Vendredi 18 décembre, 20 heures. A l’angle du jardin de la Fondation Charles Donwahi pour l’art contemporain, une ampoule rouge illumine le verger. Sur un chevalet métallique, est accroché du plexiglas (matière plastique transparente et rigide). Soudain, une musique se fait entendre. Comme un ange, Joël Mpah Dooh (artiste peintre camerounais), tout de blanc vêtu, apparaît. Une meuleuse (son instrument de peinture) en main. Son visage couvert d’un cache-nez de couleur blanche, accentue l’expression de la sainteté et contraste avec l’artiste débraillé, toujours vêtu de t-shirt noir. La musique rock, haut débit, qui est distillée fait voler aussi bien l’esprit du peintre que celui des spectateurs. La meuleuse glisse sur le plexi. Fumée et poussière se soulèvent. Le peintre se tortille, revient sur les espaces où est passé l’instrument. De temps en temps, il se retire. Observe le travail, revient à la charge au rythme du rock. La guitare électrique accompagne ses gestes et les sons de batterie se mélangent au bruit du matériel de travail, créant de nouvelles symphonies qui semblent enchantées l’artiste. Le publique ébahi, l’observe. Certains invités, à l’aide du téléphone portable ou de caméra numérique, immortalisent le moment. 25 minutes après, la musique s’arrête. La meuleuse se tait. Et, la lumière éclair. Des formes bigarrées apparaissent. Ce sont des gravures, plus visibles sous l’effet de la lumière. L’assistance est conquise et chacun y va de son commentaire. Des œuvres similaires, Mpah Dooh en avait 28 accrochées dans le hall d’exposition, un tableau et une installation. Toutes des œuvres réalisées sur place pendant 20 jours d’atelier. Dans le cadre de l’Open studio de la Fondation Donwahi sise au II-Plateaux, les fresques sont exposées jusqu’au 10 mars 2010. Exprimant la fragilité de la condition humaine, celle de la nature. Sous l’effet des lumières, ce matériau transparent exposé à une distance réglementée du mur, laisse transparaître des ombres, qui constituent l’essence de l’œuvre. Car « sans lumière, pas d’œuvre », a expliqué Thierry Fieu, galeriste et commissaire de l’exposition. Un rappel de la temporalité, de la misère humaine et de la nature en déliquescence. L’auteur allie lumière et obscurité, douceur et violence, matérialité et immatérialité. Une invitation à l’émerveillement, l’interrogation, la contemplation et le rêve. A peine ses créations terminées, Mpah Dooh a repris l’avion. Voltigeant entre les capitales. Recherchant l’épuration, la simplicité pour rendre compte sur du plexi, d’un monde en perpétuel changements, dominé par les rapports de pouvoir et de domination, la solitude et l’enfermement, le chaos urbain et la destruction de la nature.
Sanou Amadou (Stagiaire)
Sanou Amadou (Stagiaire)