Les habitants du village Ebrié d'Abia Koumassi estiment être floués par les autorités et se braquent contre le démarrage des travaux d'assainissement dans le District d'Abidjan. Les dessous d'une crise.
Wadja Fréderic fait partie de ceux qui ont protesté vendredi. Ce jour-là, le chef de l'Etat devait présider la cérémonie de lancement des travaux d'assainissement dans le district d'Abidjan. Mais, Laurent Gbagbo n'a pas pu effectuer le déplacement, certainement à cause de la montée la colère des villageaois. Cinq jours après, Fréderic et ses amis du village Ebrié, Abia Koumassi n’en démordent pas. Ils continuent de protester contre ce qu'ils qualifient de «complot et de mépris». Ce mardi, en compagnie de ses frères «d'arme», il affirme ne rien regretter de son acte. «Nous ne sommes pas des moutons. On ne peut pas venir inaugurer un tel projet, sans même aviser la notabilité. Nous disons non à cela», grogne-t-il. Selon lui, si la manifestation du vendredi était à recommencer, il n'hésiterait pas un seul instant, à mobiliser ses amis afin de s'y opposer. La colère habite encore le village. Kadji Benjamin, président du comité de gestion patrimoine et foncier, est parmi ceux qui ont mené de bout en bout la protestation. «Nous avons installé des opérateurs économiques en bordure de la route. Ils font de la location et la vente de véhicules. Cette activité génère deux millions de Fcfa par mois. Cet argent nous permet de lancer des projets de développement dans le village. Donc, le jeudi 17 décembre, nous avons été alertés par l'un des opérateurs économiques sur la présence de la police. Elle avait commencé à casser tout pour déblayer le terrain », explique-t-il. C'est en ce moment, dit-il, qu'ils ont reçu l'information selon laquelle, le président de la République devait venir inaugurer le lendemain sur le site, le lancement des travaux de réhabilitation des infrastructures d'assainissement. «Un commandant dont j'ignore le nom, est venu nous menacer de dégager les lieux », raconte-t-il. Avant d'ajouter que le même jour, une note du ministère de la Construction et de l'Urbanisme indiquait que tous les commerçants installés à proximité du lieu, devaient dégager. «On ne peut pas nous chasser sur nos terres comme des malpropres. Alors, on a décidé de manifester le vendredi. On a tenté de nous ridiculiser à la face de l'opinion nationale. Des chefs traditionnels Adjoukourou et Baoulé ont été convoyés pour tenir la cérémonie de libation. En pays akan, cela ne se fait pas», insiste M. Kadji.
La pression maintenue
Au ministère de la construction, l'on refuse d'engager une polémique. Ibitowa Philippe, responsable de la communication et des relations publiques affirme que le site se trouvant sur une zone de servitude, il doit être aménagé. «Ces sites doivent être libres d'accès pour les interventions. En règle générale, ils tombent dans le domaine public. C'est donc une propriété de l'Etat. Il y a une opération de déguerpissement en cours pour rendre accessible tous les sites de ce genre à travers le district. Si les villageois revendiquent la propriété du site, alors qu'ils introduisent une procédure en Justice », souligne-t-il. Selon le président du comité de gestion du village d'Abia Koumassi, le nœud du problème tient au non respect par l'Etat, des clauses du contrat de cession qui le lie à la communauté villageoise d'Abia Koumassi. « Le contrat a été signé en 1990. La réalisation de ce projet devait se faire selon certaines conditions. L'Etat avait l'obligation de construire un centre de santé pour le village. Ce sont les eaux usées qui sont traitées. Cela dégage des odeurs nauséabondes. On ne respire pas de l'air pur donc le risque de contracter des maladies respiratoires est élevé. Nous devrions recevoir de l'Etat des dédommagements. Mais, rien n'a été fait. La lagune est polluée rendant ainsi impossible la pratique de la pèche qui reste l'une des principales activités des populations», rouspète le président du comité de gestion, visiblement intransigeant. «On va manifester pour empêcher le fonctionnement de la station. Aucune autorité n'a accepté de nous rencontrer. Notre chef de village est le conseiller juridique du gouverneur du District. Mais celui-ci n'a pas jugé nécessaire d'informer la notabilité», se révolte-t-il.
Ouattara Moussa (Stagiaire)
Wadja Fréderic fait partie de ceux qui ont protesté vendredi. Ce jour-là, le chef de l'Etat devait présider la cérémonie de lancement des travaux d'assainissement dans le district d'Abidjan. Mais, Laurent Gbagbo n'a pas pu effectuer le déplacement, certainement à cause de la montée la colère des villageaois. Cinq jours après, Fréderic et ses amis du village Ebrié, Abia Koumassi n’en démordent pas. Ils continuent de protester contre ce qu'ils qualifient de «complot et de mépris». Ce mardi, en compagnie de ses frères «d'arme», il affirme ne rien regretter de son acte. «Nous ne sommes pas des moutons. On ne peut pas venir inaugurer un tel projet, sans même aviser la notabilité. Nous disons non à cela», grogne-t-il. Selon lui, si la manifestation du vendredi était à recommencer, il n'hésiterait pas un seul instant, à mobiliser ses amis afin de s'y opposer. La colère habite encore le village. Kadji Benjamin, président du comité de gestion patrimoine et foncier, est parmi ceux qui ont mené de bout en bout la protestation. «Nous avons installé des opérateurs économiques en bordure de la route. Ils font de la location et la vente de véhicules. Cette activité génère deux millions de Fcfa par mois. Cet argent nous permet de lancer des projets de développement dans le village. Donc, le jeudi 17 décembre, nous avons été alertés par l'un des opérateurs économiques sur la présence de la police. Elle avait commencé à casser tout pour déblayer le terrain », explique-t-il. C'est en ce moment, dit-il, qu'ils ont reçu l'information selon laquelle, le président de la République devait venir inaugurer le lendemain sur le site, le lancement des travaux de réhabilitation des infrastructures d'assainissement. «Un commandant dont j'ignore le nom, est venu nous menacer de dégager les lieux », raconte-t-il. Avant d'ajouter que le même jour, une note du ministère de la Construction et de l'Urbanisme indiquait que tous les commerçants installés à proximité du lieu, devaient dégager. «On ne peut pas nous chasser sur nos terres comme des malpropres. Alors, on a décidé de manifester le vendredi. On a tenté de nous ridiculiser à la face de l'opinion nationale. Des chefs traditionnels Adjoukourou et Baoulé ont été convoyés pour tenir la cérémonie de libation. En pays akan, cela ne se fait pas», insiste M. Kadji.
La pression maintenue
Au ministère de la construction, l'on refuse d'engager une polémique. Ibitowa Philippe, responsable de la communication et des relations publiques affirme que le site se trouvant sur une zone de servitude, il doit être aménagé. «Ces sites doivent être libres d'accès pour les interventions. En règle générale, ils tombent dans le domaine public. C'est donc une propriété de l'Etat. Il y a une opération de déguerpissement en cours pour rendre accessible tous les sites de ce genre à travers le district. Si les villageois revendiquent la propriété du site, alors qu'ils introduisent une procédure en Justice », souligne-t-il. Selon le président du comité de gestion du village d'Abia Koumassi, le nœud du problème tient au non respect par l'Etat, des clauses du contrat de cession qui le lie à la communauté villageoise d'Abia Koumassi. « Le contrat a été signé en 1990. La réalisation de ce projet devait se faire selon certaines conditions. L'Etat avait l'obligation de construire un centre de santé pour le village. Ce sont les eaux usées qui sont traitées. Cela dégage des odeurs nauséabondes. On ne respire pas de l'air pur donc le risque de contracter des maladies respiratoires est élevé. Nous devrions recevoir de l'Etat des dédommagements. Mais, rien n'a été fait. La lagune est polluée rendant ainsi impossible la pratique de la pèche qui reste l'une des principales activités des populations», rouspète le président du comité de gestion, visiblement intransigeant. «On va manifester pour empêcher le fonctionnement de la station. Aucune autorité n'a accepté de nous rencontrer. Notre chef de village est le conseiller juridique du gouverneur du District. Mais celui-ci n'a pas jugé nécessaire d'informer la notabilité», se révolte-t-il.
Ouattara Moussa (Stagiaire)