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Politique Publié le mercredi 30 décembre 2009 | Le Temps

Ado, enfant prodige : Et si, comme Kofi Yamgnane, il refaisait son retour aux sources ?

Avec beaucoup de lucidité, San Finna, un hebdomadaire burkinabé, demande à Ouattara de faire comme le Togolais Koffi Yamgnane.

A présent qu'en Côte d'Ivoire les dés sont jetés, que la candidature d'Alassane Dramane Ouattara a été irrévocablement officialisée, que plus aucun empêchement d'ordre politique, juridique ou constitutionnel ne pourrait être opposé à ses prétentions présidentielles, osons enfin un débat qui, pour l'histoire et pour l'objectivité intellectuelle, peut et doit se mener sans que les mal-pensants n'y voient une quelconque intention de jeter de l'huile sur les flammes déclinantes des polémiques malsaines d'antan : et si, à l'exemple de Kofi Yamgnane au Togo, Alassane Ouattara effectuait son retour aux sources par l'endossement de son autre nationalité, c'est-à-dire la nationalité burkinabé ? Idée loufoque ? Pas tant que cela ! Voyons pourquoi. La candidature du Franco-togolais à l'élection présidentielle togolaise en février prochain, qui fait actuellement l'actualité, est illustrative de notre propos. L'homme, fort de sa nationalité française, a eu un mandat électif local en Bretagne. Il a ensuite figuré au gouvernement sous la présidence de François Mitterrand. Et si ce Breton d'après la marée noire (selon le mot qui le rendit célèbre) avait, comme un certain Nicolas Sarkozy également immigré de fraîche date, poussé l'audace jusqu'à briguer la magistrature suprême, qui sait, peut-être que la chance aurait pu lui sourire. Certes, la France, ce n'est pas les Etats-Unis d'Obama, mais l'adoption de Yamgnane par des Bretons aurait pu faire contagion jusqu'au plan national, surtout si l'on tient compte du fait qu'aujourd'hui en France, il y a beaucoup d'immigrés récents ou anciens dont le poids électoral est non négligeable et qui auraient pu s'identifier au candidat Yamgnane et nourrir par conséquent le désir de le voter. Mais en dépit de ces perspectives ouvertes à sa carrière politique en France, Kofi Yamgnane a décidé de faire le voyage du retour au pays, afin d'y briguer le suffrage populaire pour la présidence de la république. Les Togolais, au fond, ne semblent pas avoir fait mauvais accueil au fils prodige, à en témoigner par les fidélités qu'il recueille. Et plus le pouvoir togolais, pour sa part, se raidit en raison de ses audaces et de ses fréquentations, plus il donne de la résonance à sa voix, amenant à convaincre plus d'un qu'il peut, en tout cas, faire mal car représentant à l'évidence une troisième voie qui pourrait être exploitée.
Or, à l'instar de Kofi Yamgnane, un autre pays, en l'occurrence le Burkina Faso, aurait pu vivre un cas similaire de ''come back'' à travers la personne d'Alassane Dramane Ouattara. Dans ce pays, si un sondage avait pu être réalisé au plus fort de la polémique autour de la nationalité d'Ado, une forte majorité se serait dégagée pour le retour au bercail de l'enfant de Sindou. L'opinion burkinabè en effet, tout en ayant soutenu le combat de l'homme pour la reconnaissance de sa nationalité ivoirienne actuelle, ne cachait pas son souhait que l'illustre homme, en cas d'échec, se prévale de son incontestable nationalité burkinabè pour envisager son retour au pays natal. Une bonne partie de cette opinion a même considéré l'acharnement d'Ado pour la reconnaissance de sa nationalité ivoirienne, comme un rejet pur et simple de ses origines burkinabè, et en a ressenti de la frustration, voire de l'humiliation. Pour elle, il aurait pu, comme Kofi Yamgnane aujourd'hui, décider de ce retour aux sources pour mettre ses compétences unanimement reconnues au service de son pays en cherchant à briguer la présidence du Faso. Les circonstances s'y prêtaient d'autant plus que dans les années 1990, le Burkina Faso, soumis comme nombre de pays africains aux rigueurs des ajustements structurels de toutes natures, n'en menait pas large. C'était donc l'époque où la montée aux affaires d'hommes aux profils de technocrates était plus que souhaitée. C'est pourquoi, une bonne partie de la jeunesse burkinabè rêvait d'un retour messianique de l'enfant prodige au Burkina Faso pour servir ce pays grâce auquel il avait, à l'époque du président Maurice Yaméogo, bénéficié d'une bourse pour aller étudier aux Etats-Unis. Il n'a qu'à se référer à ce propos, à la récente interview de Frédéric Guirma, ancien ambassadeur de la Haute-Volta aux Etats-Unis, accordée au quotidien l'Observateur Paalga en son édition N°7522 du 4 au 6 décembre 2009. Celui-ci y fournit tous les détails du cursus scolaire du jeune Ouattara, de ses études primaires à Banfora à l'obtention de sa bourse, en passant par le Lycée Ouézzin Coulibaly à Bobo-Dioulasso et le Lycée Philippe Zinda Kaboré à Ouagadougou. De plus, ayant représenté le Burkina Faso à la Bceao, il bénéficiait par ce fait aux yeux de beaucoup de Burkinabè, d'un surcroît de légitimité et de qualités pour une candidature plus que crédible à la présidence du pays des Hommes intègres. L'aura d'Alassane Ouattara était telle qu'un groupe de jeunes avait réclamé, au temps chaud de la crise ivoirienne, son retour au pays, en créant le Mouvement pour le retour d'Alassane (Moral). Oui, Alassane Dramane Ouattara comme Kofi Yamgnane, ça aurait pu être possible, ça aurait fait du bien au moral du pays et ça aurait évité bien de déchirements passés et peut-être à venir en Côte d'Ivoire.

In San Finna
(Un journal burkinabé)
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