Depuis le départ de l’ancien directeur général, Kébé Yacouba, un adepte du professionnalisme, ayant fait siennes les valeurs de l’égalité et de l’équité, la RTI, à travers sa composante actuelle est devenue une poudrière, prête à faire exploser la fragile cohésion sociale. Si Laurent Gbagbo voulait un homme « malléable et corvéable à souhait », il l’a eu, en la personne de Brou Amessan. Tous ceux des nôtres qui ont suivi le journal télévisé de 20H du vendredi dernier, ont dû se rendre à l’évidence que la RTI constitue un réel danger pour la Côte d’Ivoire, à travers son parti pris pour le régime FPI, ses reportages tendancieux et inutilement partisans. Sur la question du contentieux électoral qui fait jaser le camp présidentiel, avec son intention d’imposer les croisements populaires, avec la primauté des chefs de villages sur l’administration, toutes choses qui vont engendrer des querelles entre citoyens, Brou Amessan et le journaliste Eugène Atoubé ont tenu des propos à même de mettre en péril l’unité nationale. Adeptes des délits de patronyme et de faciès, nos deux amis ont vite fait de voir dans des citoyens ivoiriens, des étrangers à part entière. De même qu’ils soutiennent comme des militants de la refondation, la prééminence du village sur la République, comme si tous les habitants d’une localité étaient obligés d’être natifs de la circonscription pour être reconnus comme des nationaux, de même ils tentent de livrer des ivoiriens à la vindicte populaire. Il était vraiment ahurissant d’entendre les échanges entre les deux responsables de la RTI. Quand le DG Brou Amessan, s’interroge sur la volonté de ces ivoiriens à s’intéresser à la nationalité ivoirienne, son interlocuteur, Eugène Atoubé répond que « c’est parce que la Côte d’Ivoire est belle ». A les écouter, les téléspectateurs ont eu froid au dos. Qu’en sera-t-il à l’approche de l’élection présidentielle tant attendue ? En tout cas, il faut craindre le pire, avec le parti pris flagrant d’une télévision qui vit sur la cassette du contribuable ivoirien et qui refuse à épouser la pluralité des sensibilités politiques et idéologiques. En tout état de cause, il est loisible de comprendre que la RTI n’a pas tiré les enseignements de la guerre. Ses responsables, au mépris du professionnalisme, se comportent comme des courtisans du palais. Dans ce jeu sordide, Brou Amessan et Eugène Atoubé semblent oublier que l’ONU à des dispositions pour mettre le grappin sur tous ceux qui s’érigent en obstacles et en destructeurs de la cohésion nationale.
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga
