Eugène Attoubé, à l’issue de son reportage sur des prétendues fraudes sur la liste électorale à Abengourou, était, dans la nuit du 31 décembre, l’invité du DG-présentateur Brou Amessan au journal télévisé de 20 heures. Nous vous proposons, en intégralité, les échanges entre les deux journalistes de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI).
Brou Amessan : Eugène Attoubé, merci. Vous ne nous avez dit qui a fraudé et qui sont ces imposteurs ?
Eugène Attoubé : Les fraudeurs sont d’abord des pétitionnaires. Parce que pour être fraudeur, il faut être inscrit sur la liste électorale. Cela suppose que vous vous êtes fait enrôler au préalable. Mais selon les témoignages que nous avons recueillis, ce sont des étrangers qui sont pour la plupart des ressortissants de la CEDEAO. Ce sont parmi ces ressortissants de la CEDEAO que l’on a retrouvé justement ces fraudes. En fait, ce sont des intruits litigieux sur la liste électorale. Et les enquêtes faites par les autochtones relèves que la plupart de ces cas litigieux sont des ressortissants de la CEDEAO qui n’ont pas droit à faire l’enrôlement, mais qui l’on fait. C’est dommage !
B.A : Parlant de ces cas de fraudes, est-ce que ce ne sont pas les autochtones eux-mêmes qui sont fautifs de cette situation?
E.A : Je pense qu’il faut être assez honnête. Les populations autochtones peuvent être tenues pour responsables de ce qui se passe. A leur décharge, leur volonté de l’accueillir leurs frères étrangers. Et leur volonté également de vivre en parfait harmonies avec ces populations.
B.A : Est à dire que vivre avec ceux qui arrivent est une licence et une occasion de frauder ?
E.A : Je dirai que le mot licence est un peu trop fort. Mais, je donne un exemple précis. Un étranger vit dans un village depuis 10 ans. Et il arrive le temps d’aller à l’école. L’autochtone dit : « Bon, comme vous n’avez pas de papier, moi qui suis votre tuteur, voici mon extrait de naissance. Prenez-le et allez faire l’acte de votre enfant. Et cela se fait sans arrière-pensée. Aujourd’hui, ce sont ce genre d’actes qui contrarient nos parents. C’est vrai, à leur décharge leur ignorance. Mais cela peut être protégé justement. Et je pense qu’il faut être optimiste.
B.A : Il y a aussi d’autres localités où il y a des fraudes…
E.A : Bien sûr. La région du Moyen-Comoé pillule de ces frauduleux. Ebilassokro, Zaranou, Kobina et même Damakro, qui est un gros village d’allochtones. C’est devenu comme une gangrène dans la région. Mais, heureusement, comme vous l’avez vu dans le reportage, les autochtones se sont organisés pour justement faire reculer cette fraude. Et c’est à leur honneur. Ce qui est bien, c’est qu’il n’y a pas eu de menace. Il n’y a pas eu non plus de volonté de les rejeter systématiquement. Bien au contraire, ils ont été appelés de façon amicale pour leur dire « Beh’écoutez, vous avez peut-être fait une erreur. On vous le concède. Alors allez-y, vous dénoncer dans la tranquillité et dans le calme et on reste ensemble », ça, c’est intéressant.
B.A : Il a été écrit dans un journal que certains de ces fraudeurs ont demandé pardon.
E.A : C’est exact. Il faut saluer l’initiative du ministre Assoa Adou, qui a justement été la cheville ouvrière de cette façon d’aller vers les fraudeurs présumés, pour qu’ils comprennent qu’ils ont fauté et qu’ils doivent faire amende honorable.
B.A : Mais Kima Emile leur avait bien dit de ne pas aller s’inscrire.
E.A : C’est vrai. Kima Emile fait son travail de sensibilisation et d’information. Mais vous savez la simple volonté manifeste de ces étrangers de vouloir bénéficier des faveurs de la Côte d’Ivoire ? On peut donc les comprendre.
B.A. : Mais, la carte de séjour a été supprimée. Alors qu’est-ce qui peut expliquer cela ?
E.A : La Côte d’Ivoire est belle. Ils veulent donc être des Ivoiriens. Il faut donc les comprendre.
B.A. : Alors quel commentaire particulier faites-vous toute cette situation ?
E.A : Question difficile. Mais, je pense, pour ce que nous avons vu sur le terrain, que la situation est alarmante. Mais, il ne faudrait pas désespérer. Parce que justement, on peut juguler cette fraude. Cela, en faisant en sorte que ceux qui ont le courage de reconnaître des fraudeurs aillent dans les CEI locales respectives pour témoigner. C’est aussi un problème, le témoignage. On peut dire que tel est fraudeur. Mais, il faut bien sûr selon la CEI, donner les preuves que tel ou tel est effectivement étranger. C’est ce qui manque à nos frères. Ils dénoncent, mais, ils ne suivent pas leurs dénonciations de preuves exigées par la CEI. Et cela pose problème. Alors, si on reste dans cette situation, ce sera grave. On l’a vu à Abengourou, où ceux qui sont venus comme étrangers, ont quitté un village pour aller se faire enrôler ailleurs. Ces cas sont légions. Et on demande que les témoins aillent confirmer ce qu’ils ont dit, mais, ils ne vont pas. Il faut donc que nous menions une sensibilisation accrue auprès de nos parents, pour qu’ils aient le courage de sortir. Parce que pour eux, laissez les champs pour aller à la CEI, c’est trop leur demander. Et ce n’est pas bon.
B.A. : C’est une situation difficile.
E.A : Grave même, je dirais.
Recueillis sur la Première, par Diawara Samou
Brou Amessan : Eugène Attoubé, merci. Vous ne nous avez dit qui a fraudé et qui sont ces imposteurs ?
Eugène Attoubé : Les fraudeurs sont d’abord des pétitionnaires. Parce que pour être fraudeur, il faut être inscrit sur la liste électorale. Cela suppose que vous vous êtes fait enrôler au préalable. Mais selon les témoignages que nous avons recueillis, ce sont des étrangers qui sont pour la plupart des ressortissants de la CEDEAO. Ce sont parmi ces ressortissants de la CEDEAO que l’on a retrouvé justement ces fraudes. En fait, ce sont des intruits litigieux sur la liste électorale. Et les enquêtes faites par les autochtones relèves que la plupart de ces cas litigieux sont des ressortissants de la CEDEAO qui n’ont pas droit à faire l’enrôlement, mais qui l’on fait. C’est dommage !
B.A : Parlant de ces cas de fraudes, est-ce que ce ne sont pas les autochtones eux-mêmes qui sont fautifs de cette situation?
E.A : Je pense qu’il faut être assez honnête. Les populations autochtones peuvent être tenues pour responsables de ce qui se passe. A leur décharge, leur volonté de l’accueillir leurs frères étrangers. Et leur volonté également de vivre en parfait harmonies avec ces populations.
B.A : Est à dire que vivre avec ceux qui arrivent est une licence et une occasion de frauder ?
E.A : Je dirai que le mot licence est un peu trop fort. Mais, je donne un exemple précis. Un étranger vit dans un village depuis 10 ans. Et il arrive le temps d’aller à l’école. L’autochtone dit : « Bon, comme vous n’avez pas de papier, moi qui suis votre tuteur, voici mon extrait de naissance. Prenez-le et allez faire l’acte de votre enfant. Et cela se fait sans arrière-pensée. Aujourd’hui, ce sont ce genre d’actes qui contrarient nos parents. C’est vrai, à leur décharge leur ignorance. Mais cela peut être protégé justement. Et je pense qu’il faut être optimiste.
B.A : Il y a aussi d’autres localités où il y a des fraudes…
E.A : Bien sûr. La région du Moyen-Comoé pillule de ces frauduleux. Ebilassokro, Zaranou, Kobina et même Damakro, qui est un gros village d’allochtones. C’est devenu comme une gangrène dans la région. Mais, heureusement, comme vous l’avez vu dans le reportage, les autochtones se sont organisés pour justement faire reculer cette fraude. Et c’est à leur honneur. Ce qui est bien, c’est qu’il n’y a pas eu de menace. Il n’y a pas eu non plus de volonté de les rejeter systématiquement. Bien au contraire, ils ont été appelés de façon amicale pour leur dire « Beh’écoutez, vous avez peut-être fait une erreur. On vous le concède. Alors allez-y, vous dénoncer dans la tranquillité et dans le calme et on reste ensemble », ça, c’est intéressant.
B.A : Il a été écrit dans un journal que certains de ces fraudeurs ont demandé pardon.
E.A : C’est exact. Il faut saluer l’initiative du ministre Assoa Adou, qui a justement été la cheville ouvrière de cette façon d’aller vers les fraudeurs présumés, pour qu’ils comprennent qu’ils ont fauté et qu’ils doivent faire amende honorable.
B.A : Mais Kima Emile leur avait bien dit de ne pas aller s’inscrire.
E.A : C’est vrai. Kima Emile fait son travail de sensibilisation et d’information. Mais vous savez la simple volonté manifeste de ces étrangers de vouloir bénéficier des faveurs de la Côte d’Ivoire ? On peut donc les comprendre.
B.A. : Mais, la carte de séjour a été supprimée. Alors qu’est-ce qui peut expliquer cela ?
E.A : La Côte d’Ivoire est belle. Ils veulent donc être des Ivoiriens. Il faut donc les comprendre.
B.A. : Alors quel commentaire particulier faites-vous toute cette situation ?
E.A : Question difficile. Mais, je pense, pour ce que nous avons vu sur le terrain, que la situation est alarmante. Mais, il ne faudrait pas désespérer. Parce que justement, on peut juguler cette fraude. Cela, en faisant en sorte que ceux qui ont le courage de reconnaître des fraudeurs aillent dans les CEI locales respectives pour témoigner. C’est aussi un problème, le témoignage. On peut dire que tel est fraudeur. Mais, il faut bien sûr selon la CEI, donner les preuves que tel ou tel est effectivement étranger. C’est ce qui manque à nos frères. Ils dénoncent, mais, ils ne suivent pas leurs dénonciations de preuves exigées par la CEI. Et cela pose problème. Alors, si on reste dans cette situation, ce sera grave. On l’a vu à Abengourou, où ceux qui sont venus comme étrangers, ont quitté un village pour aller se faire enrôler ailleurs. Ces cas sont légions. Et on demande que les témoins aillent confirmer ce qu’ils ont dit, mais, ils ne vont pas. Il faut donc que nous menions une sensibilisation accrue auprès de nos parents, pour qu’ils aient le courage de sortir. Parce que pour eux, laissez les champs pour aller à la CEI, c’est trop leur demander. Et ce n’est pas bon.
B.A. : C’est une situation difficile.
E.A : Grave même, je dirais.
Recueillis sur la Première, par Diawara Samou