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Politique Publié le lundi 4 janvier 2010 | Le Patriote

Interview - Mamadou Sanogo (DDCCQE) : “Nous restons vigilants face à l’intimidation”

La direction centrale de campagne chargée des questions électorales a tenu une importante réunion avec les responsables locaux de campagne du candidat Ouattara samedi dernier à la Rue Lépic. Au terme de cette rencontre, nous avons approché, le premier responsable de ce département. Dans cet entretien, M. Mamadou Sanogo dénonce les intimidations dont sont victimes les militants du RDR de la part du Fpi et interpelle la CEI et la Primature, les arbitres du processus électoral.

L.P : Quel bilan faites-vous du contentieux sur la liste électorale ?
Mamadou Sanogo : Le bilan est très moyen dans la mesure où nous avons les informations à ce jour au niveau de la CEI, que le taux des réclamations enregistrées est près de 30%. Donc, sur le 1.033.000 de cas de contentieux, il y a à peu près 325.000 personnes qui se seraient présentées dans les commissions locales de la CEI. Certainement que ce taux va être amélioré. En tout état de cause, un chiffre qui oscille entre 29 et 30 % est mauvais.

L.P : Qu’est-ce qui explique ce faible taux de réclamations devant les CEI locales ?
M.S : Les raisons sont multiples. Nous avions dit dès le départ qu’il ne fallait pas procéder ainsi. Certains de nos concitoyens ont pensé que le RDR cachait quelque chose ou qu’il avait peur d’aller au contentieux. Aujourd’hui, je pense qu’ils l’ont appris à leurs dépens. Ils disent eux-mêmes qu’ils ont de nombreux sympathisants qui sont sur la liste litigieuse pour des raisons diverses. Les populations sont éloignées des centres de collecte ou de réclamations de la CEI. Ça, c’est une raison fondamentale de ce résultat très faible. Il est tout à fait évident que les populations des zones rurales auront des difficultés à se déplacer pour aller faire leur réclamation dans les centres de la CEI situés très loin d’elles. Tenez bien, elles doivent par exemple payer des frais de transport, aller et retour, au chef-lieu de réclamation. C’est une raison essentielle pour que le taux n’évolue pas.

L.P. Qu’aviez-vous alors en son temps proposé ?
M.S : Le RDR avait proposé que l’ensemble de nos concitoyens soient pris en compte. Que l’on s’en tienne aux textes. Les textes prévoient l’affichage d’une seule liste. Et la liberté est donnée à nos concitoyens de venir contester la présence sur cette liste de ceux qui ne le méritent pas. Il en est de même pour tous ceux qui constateront des anomalies sur leur nom de venir les rectifier. Le FPI a insisté pour qu’il y ait deux listes. Aux termes de l’affichage de ces deux listes, les cadres du FPI ont découvert que les Ivoiriens sont concernés à tous les niveaux. Il y a des ministres de la République, des magistrats, des responsables de forces de l’ordre qui sont sur la liste litigieuse. Le RDR a rappelé tout ce que nous avons vécu sous la transition militaire. Cela devait nous servir d’enseignement pour éviter de tomber dans les mêmes erreurs. Comme les gens d’en face ont tout fait pour imposer la présente procédure, alors le RDR demande qu’il faut tout faire pour que cette procédure aille jusqu’à son terme, dans le respect de la loi.

L.P. : Que pensez-vous des missions envoyées par le FPI pour rencontrer des présidents des CEI locales ?
M.S. : Nous constatons que le FPI envoie des délégations constituées des cadres de haut niveau, c'est-à-dire des ministres, des députés, pour intimider les présidents des CEI locales. Cela doit cesser. Je tiens à dénoncer des faits précis. M. Meleu Mathieu (DG de l’INS) a fait une tournée dans les 18 montagnes où il a rencontré les présidents des CEI locales. Sokouri Bohui accompagné d’Hubert Oulaye, était dans le Moyen Cavally. A Abengourou, le ministre de la Défense (Amani N’Guessan) a demandé au président de la CEI d’être plus indulgent avec les autochtones de la région au motif que de toute évidence, ils sont tous des Ivoiriens. Et cela, en faisant fi de la procédure mise en place. Pis, il a exigé que les pétitionnaires qui ont des noms à consonance nordique soient retirés de la liste. A Dimbokro, la même initiative a été prise par N’Zi Paul David, Directeur de Cabinet de Gbagbo. A Aboisso, Appiah Kabran a conduit une délégation avec les mêmes instructions. Ce que je viens de dire, sont des faits établis, donc avérés. Nous disons que le FPI doit arrêter ces immixtions inacceptables dans le processus électoral. En son temps, le FPI avait insisté pour que cette procédure soit instituée. Les cadres du FPI ont parcouru les chancelleries pour dire que le RDR cachait quelque chose. Aujourd’hui, la réalité est tout autre. Ils se sont rendus compte qu’ils ne se sont pas fait enrôler, et que leur « opération inondation » leur tombe sur la tête ; parce que venant des pièces frauduleuses. Le mécanisme mis en place par la SAGEM dans le cadre de cette procédure a permis de rétablir la vérité.
Avec cette technologie, nous avons dit à Sokouri Bohui qu’il est possible de spatialiser, c'est-à-dire, localiser les zones où il y a eu de nombreuses fraudes. En le faisant, ils se rendent compte que ces zones de fraudes massives sont leurs bases. Et ils parcourent ces zones-là pour essayer d’intimider les présidents des CEI. Il est déjà tard, car l’opération est terminée. Le RHDP reste et demeure vigilant. C’est également le lieu d’interpeller la commission électorale. Nous ne comprenons pas tous ces faits qui sont sus de la haute hiérarchie de la CEI, et qui ne sont pas dénoncés. Nous trouvons cela inacceptable. Nous nous interrogeons de savoir quelles seraient leurs réactions si les responsables du RHDP, et principalement ceux du RDR, avaient pris les mêmes initiatives ?

L.P. Pourquoi le FPI, à chaque fois qu’il exige quelque chose dans ce processus, est aussi facilement accepté?
M.S. : Vous avez totalement raison, il y a eu beaucoup de faits qui corroborent ce que vous dites. Il y a eu un mode opératoire établi et accepté de façon consensuelle. Mais dans la mise en œuvre de ce mode opératoire, le FPI a toujours voulu des changements, des modifications sur tel ou tel aspect. Nous avons, avec beaucoup de regrets, constaté d’une part, que la CEI avait fini par accepter les desiderata du FPI. Et d’autre part, le Premier ministre qui est un arbitre majeur, a fini par se soumettre à ces exigences du FPI. Alors, votre question devrait être posée à ces deux personnalités que je viens de citer, qui ont une mission d’arbitre dans ce processus. Nous pouvons rappeler qu’à un moment donné, le FPI a insisté pour qu’il y ait des photocopies des extraits de naissance des pétitionnaires. Ce qui n’était pas prévu dans le mode opératoire établi de façon consensuelle. Toute chose qui a augmenté la souffrance des pétitionnaires. Cela a été accepté par le Premier ministre en son temps. Nous savons également que les différents reports de la date limite de l’enrôlement étaient des exigences du FPI. Certes, nous soutenons les acteurs de la mise en œuvre du processus électoral, mais nous leur demandons de ne pas perdre leur crédibilité vis-à-vis des Ivoiriens.

L.P. : La presse a fait état d’une liste additionnelle de près de 400 mille personnes, qui serait confectionnée par l’INS. Qu’en est-il de cette liste?
M.S : Oui, effectivement, nous confirmons que nous avons reçu cette liste additionnelle proposée par la CEI, mais nous disons qu’elle n’est pas encore prise en compte ni par la CEI, ni par les partis politiques. Cela, parce que personne ne sait l’origine de ce document. Nous rappelons que le mode opératoire arrêté prévoit que tout document technique, dans le cadre du processus électoral, soit établi par la société SAGEM, sous la supervision et le contrôle de l’INS pour rassurer le camp présidentiel. Nous sommes surpris donc que la CEI vienne nous proposer un document sur CD-ROM comme étant le fruit d’une recherche additionnelle. Ce qui nous intrigue, c’est que tous les documents sur CD-ROM qui nous ont été remis jusque-là par la CEI, pouvaient être analysés dans les moindres détails par les partis politiques et l’ensemble des structures et la Primature. Curieusement, le dernier document qui nous a été remis est un document sous PDF qu’on ne peut pas lire. Cela est fait à dessein, parce que les auteurs cachent visiblement quelque chose. Après avoir interpellé la CEI, la direction de campagne chargée des questions électorales que je dirige, a fait la proposition à la direction du RDR à l’effet de rejeter purement et simplement cette liste dite additionnelle. A ce stade-là, il ne peut plus être question d’une liste additionnelle.

L.P. : Bientôt, c’est l’ouverture de la phase juridique du contentieux sur la liste électorale, comment comptez-vous entamer cette étape ?
M.S : Nous observons avec sérénité. Nous ne savons pas pour le moment le nombre de dossier transmis à la justice, mais, nous savons que les requêtes de radiation ne sont pas, en général, accompagnées de preuves. La CEI a rejeté toutes les requêtes de radiation qui ne sont pas accompagnées de preuves. Nous sommes vigilants.

L.P. : Faites-vous confiance à la justice, à ce stade du processus électoral ?
M.S : Nous faisons totalement confiance à nos juges. Nous pensons qu’ils ne traiteront que des dossiers qui sont recevables. Nous sommes totalement sereins, dans le même esprit que celui que nous avions en abordant la phase du contentieux.

L.P. : Ne craignez-vous pas la traque de vos militants par des dénonciations calomnieuses comme celles qu’on a constatées ici et là ?
M.S : Tout ce qui se déroule actuellement en ce qui concerne les dénonciations calomnieuses, c’est de l’arbitraire. Nous sommes donc à l’écoute et disons que les juges qui auront à traiter ces dossiers jouent leur carrière. Si un juge pose des actes incorrects, ce serait un cas de jurisprudence. En tout état de cause, nous travaillons pour le reste du processus électoral. Nos responsables locaux ont été instruits pour mener un certain nombre d’actions dans le cadre de ce processus. Pendant que le FPI s’emploiera à vouloir radier des militants du RDR de la liste électorale, nous travaillons à consolider nos acquis. Nous pensons que les deux mois à venir serviront à appliquer les consignes pour préparer la victoire de notre candidat, docteur Alassane Dramane Ouattara.

Par Ibrahima B. Kamagaté
Coll. Diawara Samou
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