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Politique Publié le mercredi 13 janvier 2010 | Le Temps

Affaire 429000 inscrits clandestins : Les dessous de la réaction de Bédié et Alassane

La meilleure défense, c'est l'attaque dit-on. L'opposition veut en faire sa maxime. D'où les déclarations de guerre et autres accusations du camp présidentiel pour noyer le poisson. Mambé, cadre de Pdci a fraudé. Cela affaiblit et dessert le Rhdp. Qui se réfugie dans le dilatoire. Et pour cause.

Noyer le poisson. Telle est la stratégie adoptée par l'opposition dans ce qu'il est convenu d'appeler : "Affaire 429.000 inscrits clandestins".

Pourtant, les faits sont têtus. En résumé, des explications données par Beugré Mambé lui-même, lorsque qu'il a été entendu par le Premier ministre Guillaume Soro sur cette "affaire", pour la première fois, à la Primature, on peut retenir ce qui suit. Témoignage fourni par ce haut cadre du Pdci (opposition), en présence d'augustes témoins que sont : Le représentant du Secrétaire général de l'Onu en Côte d'Ivoire, Choï , et de celui du président du Burkina Faso, facilitateur dans la crise ivoirienne, Boureima Baldini : Mambé a ordonné à une petite équipe d'informaticiens de procéder à un quatrième croisement complémentaire sur la liste de 1033 million personnes rejetées après les trois croisements consensuels, qui avaient permis d'avoir une liste électorale provisoire de 4,6 millions de personnes. Ce croisement parallèle a été mené sans que toutes les structures ordinaires impliquées dans cette opération, n'en soient informées. Le résultat de ce croisement a permis de repêcher 429000 personnes sur 1,3 million qui devaient fournir des preuves supplémentaires en vue d'être intégrées sur la liste électorale définitive. Une fois en possession de cette liste de noms, Beugré Mambé a essayé de les faire inscrire d'office sur la liste électorale définitive. Pour ce faire, des Cdrom contenant ces listes de noms ont été convoyés à divers endroits du pays auprès d'informaticiens triés sur le volet. Voici les actes posés par ce haut magistrat. Parjure, faux, traitrise, manipulation, fraude ? Au regard de ces faits, toutes les accusations pleuvent. Question de fond : Mambé a-t-il fauté ?
C'est ce que pense le Premier ministre Guillaume Soro. Vu la gravité de la situation, il a eu, du vendredi 8 au lundi 11 janvier 2010, plusieurs séances de travail à Ouagadougou avec M. Blaise Compaoré, Président du Faso, facilitateur du Dialogue direct, relativement au processus électoral. Bien avant, il a ordonné la "destruction du Cdrom contenant les 429000 noms". Parce que, selon son porte-parole, Meité Sindou, "Ce Cdrom ne peut intégrer le processus. Simplement en raison du fait que la procédure n'a pas été admise, selon l'usage, par l'ensemble des protagonistes".
Au plan technique (et non pas forcément politique), les manquements observés dans l'attitude de M Beugré Mambé, sont nombreux:

1) Il a péché envers ses pairs de la commission centrale de la Cei. On retient que ces derniers s'étaient opposés énergiquement à sa volonté de procéder à un autre croisement, en utilisant des critères qui avaient été rejetés et en dehors de la période légale prévue pour cela. Le Président de la Cei, est donc passé outre.

2) Il a en plus failli sur un autre point : Le fait d'avoir joué en solo (en connaissance de cause) en ignorant complètement les autres structures techniques qui devraient pourtant être associées à cette opération d'identification électorale. Ni la Sagem, ni l'Ins, ni l'Oni, ni la Cnsi n'ont été associés voire informés de cette opération. Ce qui fait dire à un de mes confrères que, l'agissement de Mambé a un caractère "clandestin". C'est donc à juste titre que, dégageant sa responsabilité dans ce brouillamini, le Directeur général de L'Ins, M. Mathieu Meleu déclarera lors d'une conférence de presse, le 10 janvier dernier, que: "Ni l'institut de la statistique, ni la Sagem sécurité n'ont participé à ce croisement complémentaire… De ce croisement, il y a eu des choses pas très, très correctes".

Le patron de la Cei s'est laissé déborder par son manque de discernement dans ses rapports avec la Primature et les autres structures institutionnelles chargées de superviser le processus d'identification. Et comment ?!

3) En violant le mode opératoire traditionnel qui consiste à faire valider par l'autorité les critères de sélection arrêtés de commun accord entre toutes les structures, avant qu'ils ne soient mis en œuvre par les informaticiens.

4) Ensuite révèle un de nos confrères(1), "Mambé a utilisé pour ce projet une partie des ressources financières mises laborieusement à la disposition de la Cei pour accomplir ses missions".

Conséquence : La primature a décidé de surveiller désormais plus étroitement les activités de la Cei. A cet effet, "le Premier ministre a demandé que les structures techniques d'identification, l'office national d'identification et les opérateurs techniques, Ins et Sagem soient impliqués dans la gestion des réclamations sur le contentieux". En reprenant ainsi en main les choses, le Premier ministre n'entend nullement se substituer à quique ce soit: "Certes, la Cei gouverne le processus, mais il y aura un droit de regard de l'Institut national de la Statistique (Ins), de la Sagem, pour que ce soit un processus ouvert et consensuel".

Face à ce tableau, l'opposition ivoirienne a choisi de théâtraliser le débat actuel. Par une vision manichéenne. Voyant ou réduisant tout à des querelles de chapelle. Avec d'un côté les bons, les justes, les opprimés, les victimes (que serait l'opposition), et de l'autre, les oppresseurs, les mauvais qui refusent d'aller à l'élection présidentielle que serait le pouvoir ou le camp présidentiel.
La bouc-émissarisation et la victimisation à outrance, ont-elles leur place, là où les arguments sont techniques, simples, cohérents? A la vérité, les hommes de Bédié et d'Alassane Dramane Ouattara ont bien appris leur leçon: Être obscure et confus pour tromper ou lasser l'opinion nationale et internationale. Faire croire que le camp présidentiel refuse d'aller à l'élection présidentielle. Sans jamais donner la vraie raison. Qui est toute simple. La Cei, truffée de militants de l'opposition (ils y sont majoritaires), a laissé ou fait inscrire sur la liste électorale provisoire, beaucoup de fraudeurs. La Côte d'Ivoire vient de débusquer l'un des gros fraudeurs en la personne de Mambé. Ce pays est convaincu qu'il n'est pas seul. Et que le nombre de fraudeurs va au-delà des 429.000 dénombrés actuellement.

Il y a donc nécessité, de se donner le temps et les moyens d'apurer ce listing. Ce que ne veut pas l'opposition, complice de la fraude massive. Elle est devenue adepte du fétichisme de la date de l'élection. Sans jamais s'appesantir sur les étapes qui jalonnent le processus électoral. Pour savoir si elles (étapes) sont bien exécutées afin que les mêmes causes produisant les mêmes effets, le pays ne rechute dans la crise militaro-politique déclenchée en septembre 2002. Quand surgit donc un problème technique comme celui des 429000 clandestins de Mambé, les partisans du président de la Cei transforment le débat technique, en joute politique voire politicienne. Pour masquer la vérité. Sinon, comment comprendre que, des personnalités comme Kablan Duncan (ancien premier ministre) Djédjé Mady (ancien ministre), Anaky Kobena (ancien ministre), regardant le peuple droit dans les yeux, puisent déclarer dans cette "affaire de 429.000 inscrits clandestins" que : "Mambé a fait un excellent travail". Prenant le contre-pied de la position de la Primature. Que gagne la République à salir Mambé, déjà couvert d'oripeaux (le Président de la République, au sortir du dernier CPc ne s'étonnait-il pas que Mambé n'a jamais fait de point sur sa gestion des colossales sommes reçues)? N'est-ce pas ce même Mambé qui a distrait une bonne partie des ressources allouées à l'Institution, pour des actions "personnelles" ? Le destin de cet homme n'est donc pas forcément attaché à la Cei. Du reste, d'autres commissaires pourraient faire l'affaire. Mais là n'est pas le problème. La Cei joue sa crédibilité. Comment faire en sorte que durant le processus électoral, elle puisse retrouver sa respectabilité. Tel devrait être l'axe de réflexion. Et non créer inutilement des tensions sociales pour couvrir les forfaitures d'un allié comme le fait le Rhdp, l'avocat du diable. Qui oublie que toutes les causes ne sont pas forcément défendables. Et que en politique, le silence de l'opposition face à cette gêne que constitue la grosse bourde de Mambé, l'aurait grandit ? Plutôt que de s'illustrer de manière grotesque par des soutiens du genre : "La liste des 429.000 personnes est un document interne" (dixit Djédjé Mady, porte parole du Rhdp-opposition).

C'est peu productif que de vouloir noyer le poisson en évitant le débat de fond. Pour ne faire que du dilatoire en chauffant à blanc ses militants : "Face aux présents appels à la violence du Fpi et du camp présidentiel (où, quand, comment ???), le Rhdp appelle ses militants en particulier sa jeunesse et tous les ivoiriens, épris de liberté, à se mobiliser sur l'étendue du territoire, pour porter la riposte afin de faire échec à la volonté de prise en otage du peuple de Côte d'Ivoire, à la confiscation du pouvoir et à l'instauration d'un régime dictatorial" (sic). De quoi parle l'opposition alors que certains de ses commissaires au sein de la Cei, ont désavoué les pratiques de Mambé ? De quoi parle l'opposition quand, le premier ministre lui-même, est monté au créneau pour canaliser les dérives du gourmand ? Comment expliquer autrement le délire paranoïaque de l'opposition dont le griot en chef barre à la "une"(2) : "Pour que les élections soient organisées par Tagro :Ils ont reçu ordre hier, de tuer Mambé". Suivi de : "La déclaration-avertissement du Rhdp : Ce sera œil pour œil, dent pour dent! "

Prise la main dans le sac pour son soutien aveugle à celui qui, au sein de la Cei a décidé de faire du faux afin que Bédié ou Ouattara arrive au pouvoir, l'opposition ivoirienne se bande les yeux face à la réalité des faits et appelle à la chienlit. De la bouche de Kkb dont l'adresse aux populations de Vavoua (in l'expression n0161),fait désordre : "Si Mambé est destitué, créez du désordre partout". (les habitués du wourou fatô en savent quelque chose). De son côté, Alassane Ouattara qui veut être pris au sérieux, en rajoute pourtant à la médiocrité de l'opposition par ses déclarations à l'emporte pièce : "Mambé est honnête et intègre" ou encore, "il faut assurer la sécurité de Mambé". Une telle sortie dans le contexte actuel, est maladroite. Surtout que offusquée, la clameur ne demande qu'une chose, de façon pacifique : "la démission de Mambé" qui doit être "poursuivi devant les juridictions nationales". Pour fraude et manipulation de la liste électorale.

Douh-L.patrice
pdouh@yahoo.fr
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