La maison du Parti démocratique de Côte d`Ivoire (Pdci-Rda) ressemblait hier à un champ de bataille. Les jeunes disciples d`Henri Konan Bédié qui entendaient marcher sur la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti) ont trouvé en face d’eux des policiers prêts à en découdre.
Scènes de guérilla hier à Cocody où des jeunes du Pdci-Rda qui voulaient dire deux mots aux responsables de la Rti ont violemment affronté des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (Crs) pendant près de deux heures. Informés par voie de presse du projet de Kouadio Konan Bertin dit KKB, président de la Jeunesse du Pdci-Rda (JPdci-Rda) et de ses camarades, tôt le matin, les forces de l`ordre ont pris position aux différents carrefours menant au siège de la Rti. Prévue pour 9 heures, c`est finalement autour de 11 heures que les manifestants, sous la conduite de leur leader, ont quitté le siège du parti doyen, direction la Rti où ils tenaient à dénoncer la mainmise du camp du chef de l`Etat sortant sur les médias d`Etat. Mais à peine ont-ils parcouru 5 mètres qu`ils sont stoppés par le premier cordon de sécurité qui leur intime l`ordre de rebrousser chemin. C`est mal connaître la détermination du président de la JPdci-Rda. L`un des commissaires de police à la tête des éléments du Crs décide alors d`en référer à sa hiérarchie, par téléphone. Si on en juge par la suite des événements, ordre lui aurait été donné de charger les manifestants. Les premiers éléments des Crs qui donnent l`assaut réussissent à capturer KKB en tirant quelques lacrymogènes. C`est la débandade dans les rangs des marcheurs même si certains téméraires prennent le pari de résister aux coups de matraques des policiers. Ceux qui ont pris leurs jambes à leur cou viennent chercher du renfort à la maison du parti. Ils décident de déloger les partisans de Djaha Jean qui tenaient une réunion de soutien au président de la Commission électorale indépendante (Cei), Robert Beugré Mambé. « Ils ont arrêté KKB ! Tout le monde dehors ! Allons libérer notre président », scandaient-ils, faisant voler les chaises jusqu`au plafond. Peur panique dans la salle de réunion. L`affrontement entre jeunes du vieux parti a été évité de justesse mais des participants à la réunion convoquée par M. Djaha, notamment une dame du troisième âge est blessée au pied et saigne abondamment. On lui administre les premiers soins. Pendant ce temps, armés de cailloux, de bâtons et de divers autres objets, les jeunes qui avaient battu en retraite réussissent à arracher Kouadio Konan Bertin des griffes de la police. Quand le président de la JPdci revient à la maison du parti, il est méconnaissable. De son magnifique polo, il ne restait plus grand` chose. Au nom de la communauté d`intérêt et du fair play, Djaha Jean qui tenait contre vents et marrées à tenir sa réunion n`hésite pas dès lors à rejoindre le mouvement. « KKB est le président d`une structure du Pdci-Rda, parti connu parce que légalement constitué. Il a une manifestation. Si on ne peut pas l`encadrer, il ne faut pas l`agresser. Trop, c`est trop. Nous Ivoiriens avons trop souffert. On a reporté les élections six fois. A quelques jours où on doit arrêter la liste électorale définitive, on nous sort des ragots de cas inventé de fraude. Ce n`est pas normal. Nous dénonçons le comportement du camp présidentiel », fulmine-t-il après s`être enquis des nouvelles de son « ami ». Alors qu`il réagissait ainsi, les gaz lacrymogènes n`arrêtaient pas de pleuvoir sur le siège du parti d`Henri Konan Bédié. Aux tirs des policiers, les jeunes du Pdci-Rda décident de riposter par des jets de pierre. Remis des émotions, KKB revient galvaniser les troupes. « Ceux qui provoquent le Pdci vont trouver le Pdci sur leur chemin. Pour ce qui s`est passé ce matin, jeunes du Pdci, la liberté, je vous le dis, s`acquiert et elle a un coût. Si on ne se bat pas, on n`aura pas la liberté. Si on ne se bat pas, on ne l`aura pas, Bédié ne reviendra plus au pouvoir. Ce que nous avons fait ce matin s`appelle un échauffement », lance-t-il sous les hourras de ses camarades avant d`annoncer une rencontre entre les jeunes du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). « Devant ce qui vient de se passer, les jeunes du Rdr m`ont dit qu`ils sont entrés en conclave. Avec eux et avec les jeunes de l`Udpci et du Mfa, nous allons continuer jusqu`à ce que Gbagbo Laurent nous tue tous d`abord », ajoute KKB. L`idée n`est pas du goût de tout le monde. Certains veulent à tout prix se mesurer véritablement aux forces de l`ordre. Chacun tente comme il peut de prendre le commandement des troupes. Pour éviter que le face-à-face ne dégénère, le général Gaston Ouassénan Koné monte au front. Ses pourparlers avec les policiers permettent d`amener à la table des discussions la hiérarchie des hommes en tenue. Les deux parties s`enferment pour négocier. KKB et Gaston Ouassénan Koné sont rejoints par Noël Akossi Bendjo, Hortense Aka-Anghui et Kobenan Kouassi Adjoumani. L`apparition de l`ancien ministre a particulièrement ravi les manifestants. « C`est gâté », jubilaient-ils. Finalement, au bout de 55 minutes, on parvient à la paix des braves entre les deux parties. Les éléments du Crs consentent à alléger leur dispositif. En contrepartie, les jeunes du Pdci-Rda acceptent de rentrer au siège de leur parti pour prendre le mot d`ordre de leur président qui ne démord pas. « Il faut qu`on retourne à la démocratie. Il faut qu`on libère la Rti, il faut que Gbagbo parte, il faut que Blé Goudé soit chassé de la rue. Désormais, soit il y a la paix pour tous les Ivoiriens soit il y a le désordre pour tous les Ivoiriens », déclare Kouadio Konan Bertin qui revendique quatre blessés dans ses rangs. Profitant du retour au calme, Djaha Jean dénoncera les manœuvres du clan présidentiel dans l`affaire de fraude sur la liste électorale. « Les actuelles attaques contre la Commission électorale indépendante et son président Beugré Mambé ont achevé de convaincre sur la volonté du camp présidentiel à repousser à chaque fois la date des élections à leur profit. Après l`opération “Inondation” et autres stratégies de tripatouillage du fichier électoral qui ont échoué, Gbagbo et ses hommes ont décidé de passer à une autre étape : décapiter la Cei et prendre en main l`organisation des élections », a-t-il fustigé.
Marc Dossa
Scènes de guérilla hier à Cocody où des jeunes du Pdci-Rda qui voulaient dire deux mots aux responsables de la Rti ont violemment affronté des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (Crs) pendant près de deux heures. Informés par voie de presse du projet de Kouadio Konan Bertin dit KKB, président de la Jeunesse du Pdci-Rda (JPdci-Rda) et de ses camarades, tôt le matin, les forces de l`ordre ont pris position aux différents carrefours menant au siège de la Rti. Prévue pour 9 heures, c`est finalement autour de 11 heures que les manifestants, sous la conduite de leur leader, ont quitté le siège du parti doyen, direction la Rti où ils tenaient à dénoncer la mainmise du camp du chef de l`Etat sortant sur les médias d`Etat. Mais à peine ont-ils parcouru 5 mètres qu`ils sont stoppés par le premier cordon de sécurité qui leur intime l`ordre de rebrousser chemin. C`est mal connaître la détermination du président de la JPdci-Rda. L`un des commissaires de police à la tête des éléments du Crs décide alors d`en référer à sa hiérarchie, par téléphone. Si on en juge par la suite des événements, ordre lui aurait été donné de charger les manifestants. Les premiers éléments des Crs qui donnent l`assaut réussissent à capturer KKB en tirant quelques lacrymogènes. C`est la débandade dans les rangs des marcheurs même si certains téméraires prennent le pari de résister aux coups de matraques des policiers. Ceux qui ont pris leurs jambes à leur cou viennent chercher du renfort à la maison du parti. Ils décident de déloger les partisans de Djaha Jean qui tenaient une réunion de soutien au président de la Commission électorale indépendante (Cei), Robert Beugré Mambé. « Ils ont arrêté KKB ! Tout le monde dehors ! Allons libérer notre président », scandaient-ils, faisant voler les chaises jusqu`au plafond. Peur panique dans la salle de réunion. L`affrontement entre jeunes du vieux parti a été évité de justesse mais des participants à la réunion convoquée par M. Djaha, notamment une dame du troisième âge est blessée au pied et saigne abondamment. On lui administre les premiers soins. Pendant ce temps, armés de cailloux, de bâtons et de divers autres objets, les jeunes qui avaient battu en retraite réussissent à arracher Kouadio Konan Bertin des griffes de la police. Quand le président de la JPdci revient à la maison du parti, il est méconnaissable. De son magnifique polo, il ne restait plus grand` chose. Au nom de la communauté d`intérêt et du fair play, Djaha Jean qui tenait contre vents et marrées à tenir sa réunion n`hésite pas dès lors à rejoindre le mouvement. « KKB est le président d`une structure du Pdci-Rda, parti connu parce que légalement constitué. Il a une manifestation. Si on ne peut pas l`encadrer, il ne faut pas l`agresser. Trop, c`est trop. Nous Ivoiriens avons trop souffert. On a reporté les élections six fois. A quelques jours où on doit arrêter la liste électorale définitive, on nous sort des ragots de cas inventé de fraude. Ce n`est pas normal. Nous dénonçons le comportement du camp présidentiel », fulmine-t-il après s`être enquis des nouvelles de son « ami ». Alors qu`il réagissait ainsi, les gaz lacrymogènes n`arrêtaient pas de pleuvoir sur le siège du parti d`Henri Konan Bédié. Aux tirs des policiers, les jeunes du Pdci-Rda décident de riposter par des jets de pierre. Remis des émotions, KKB revient galvaniser les troupes. « Ceux qui provoquent le Pdci vont trouver le Pdci sur leur chemin. Pour ce qui s`est passé ce matin, jeunes du Pdci, la liberté, je vous le dis, s`acquiert et elle a un coût. Si on ne se bat pas, on n`aura pas la liberté. Si on ne se bat pas, on ne l`aura pas, Bédié ne reviendra plus au pouvoir. Ce que nous avons fait ce matin s`appelle un échauffement », lance-t-il sous les hourras de ses camarades avant d`annoncer une rencontre entre les jeunes du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). « Devant ce qui vient de se passer, les jeunes du Rdr m`ont dit qu`ils sont entrés en conclave. Avec eux et avec les jeunes de l`Udpci et du Mfa, nous allons continuer jusqu`à ce que Gbagbo Laurent nous tue tous d`abord », ajoute KKB. L`idée n`est pas du goût de tout le monde. Certains veulent à tout prix se mesurer véritablement aux forces de l`ordre. Chacun tente comme il peut de prendre le commandement des troupes. Pour éviter que le face-à-face ne dégénère, le général Gaston Ouassénan Koné monte au front. Ses pourparlers avec les policiers permettent d`amener à la table des discussions la hiérarchie des hommes en tenue. Les deux parties s`enferment pour négocier. KKB et Gaston Ouassénan Koné sont rejoints par Noël Akossi Bendjo, Hortense Aka-Anghui et Kobenan Kouassi Adjoumani. L`apparition de l`ancien ministre a particulièrement ravi les manifestants. « C`est gâté », jubilaient-ils. Finalement, au bout de 55 minutes, on parvient à la paix des braves entre les deux parties. Les éléments du Crs consentent à alléger leur dispositif. En contrepartie, les jeunes du Pdci-Rda acceptent de rentrer au siège de leur parti pour prendre le mot d`ordre de leur président qui ne démord pas. « Il faut qu`on retourne à la démocratie. Il faut qu`on libère la Rti, il faut que Gbagbo parte, il faut que Blé Goudé soit chassé de la rue. Désormais, soit il y a la paix pour tous les Ivoiriens soit il y a le désordre pour tous les Ivoiriens », déclare Kouadio Konan Bertin qui revendique quatre blessés dans ses rangs. Profitant du retour au calme, Djaha Jean dénoncera les manœuvres du clan présidentiel dans l`affaire de fraude sur la liste électorale. « Les actuelles attaques contre la Commission électorale indépendante et son président Beugré Mambé ont achevé de convaincre sur la volonté du camp présidentiel à repousser à chaque fois la date des élections à leur profit. Après l`opération “Inondation” et autres stratégies de tripatouillage du fichier électoral qui ont échoué, Gbagbo et ses hommes ont décidé de passer à une autre étape : décapiter la Cei et prendre en main l`organisation des élections », a-t-il fustigé.
Marc Dossa