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Politique Publié le mardi 19 janvier 2010 | Le Patriote

Interview / Patrick Zasso (Ex-Jeune patriote) : “Ceux qui suivent Blé Goudé vont droit dans le mur”

La cabale du FPI contre Robert Beugré Mambé, président de la Commission électorale indépendante, continue de provoquer la colère et l’indignation, au sein de la société ivoirienne.

Nous avons rencontré hier, M. Patrick Zasso, le président du Mouvement pour la Défense de la Vraie refondation, un ancien membre actif de la galaxie patriotique. Il parle dans cette interview de Charles Blé Goudé, de son maître à penser Laurent Gbagbo et lève un pan de voile sur leurs manigances pour maintenir la Côte d’ivoire dans l’obscurantisme. Interview sans détour.

Le patriote : Depuis quelque temps, le camp présidentiel veut la tête du président de la CEI. Le chef de l’Etat, par la voix de son porte-parole, a accusé le président Beugré Mambé de fraude.

Blé Goudé réclame sa destitution et son arrestation. Que vous inspirent toutes ces déclarations ?

Patrick Zasso : La réaction du camp présidentiel et surtout du chef de l’Etat me fait honte. Nous qui avons passé des nuits blanches devant sa résidence et écumé les rues avec lui, pour justement lutter contre ces pratiques, ne pouvons pas accepter que ce soit le chef d’Etat lui-même qui soit derrière cette cabale contre la CEI. En 2000, lorsque le président de la Commission nationale électorale, Honoré Guié, a été molesté, nous sommes tous descendus dans la rue pour protester. Parce que pour nous, ce dernier incarnait une institution. La CEI actuelle est la résultante d’une lutte qui a été menée depuis 1990. C’est parce qu’on n’a jamais eu confiance en ceux qui organisaient les élections que nous avons mis en place cette CEI. C’est Laurent Gbagbo et ses camarades qui ont dit dans le temps que si nous confions les élections à Robert Guéi, il va intervertir les résultats en sa faveur. Donc nous ne comprenons pas pourquoi aujourd’hui Laurent Gbagbo veut à tout prix contrôler le président Mambé. Nous ne pouvons pas accepter cela. C’est pour le respect de cette institution que des Ivoiriens sont morts, des patriotes sont morts.

Certains n’ont plus de bras, d’autres ont perdu leur famille. On n’est pas obligé d’aimer Mambé, mais on l’accepte là où il est. Parce que c’est par la volonté de Dieu qu’il est là. Qui est Charles Blé Goudé pour qu’il réclame l’arrestation de Beugré Mambé et demande un audit de la gestion de la CEI ? Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est gérée par ordonnance. Nos députés ne votent plus le budget. On ne sait plus combien rentre et combien sort. Si on veut donc parler d’audit, il faut commencer par le Palais présidentiel. Et lui-même Blé Goudé Charles, il faut qu’on sache d’où vient sa subite fortune. Parce que son père et sa mère sont pauvres comme moi. Il faut qu’il nous dise où il a enlevé toute cette richesse.

LP : Mais il prétend que le président de la CEI voulait inscrire de façon frauduleuse sur la liste électorale 429 mille personnes…

PZ : Ce que je sais et que j’ai reçu de la part de certains cadres du FPI, c’est que les informaticiens qui ont travaillé sur ce cas sont de tous les bords politiques. Les 429 000 personnes sont en majorité des hommes et des femmes originaires de l’ouest, censés être proches du FPI. Le parti au pouvoir a même demandé à Beugré Mambé d’inscrire ces personnes sur la liste. Mais le président de la CEI a refusé et décidé que ces personnes viennent faire leur réclamation si elles veulent figurer sur la liste électorale. Laurent Gbagbo et le FPI ont même demandé à Beugré Mambé de proroger à nouveau le délai du contentieux. Ce qu’il a refusé et leur a expliqué que les prorogations se décident aux CPC à Ouaga. Et ce qu’il faut savoir, c’est que sur les 429 000 personnes en question, 60 mille sont du district d’Abidjan. Et sur ces 60 mille personnes, 80% selon la typologie de leur patronyme, sont originaires de l’ouest. Au plan national, 95% des 429 mille personnes selon la typologie de leur nom sont originaires de l’ouest.

Cela découle de l’opération inondation. Parce que nous étions encore au FPI lorsqu’on a lancé l’opération inondation. Il y a des gens qu’on ne connaissait pas à qui on a donné des extraits de naissance. Ce que nous ne comprenons pas, c’est l’attitude du chef de l’Etat qui hier, a félicité Mambé pour le travail accompli et qui aujourd’hui, s’en plaint. Concernant Malick Coulibaly, j’ai mal quand je le vois à la télévision traiter les gens du nord d’étrangers. Nous les Bété, tu ne nous verras jamais traiter les gens de l’ouest d’étrangers. Qu’est-ce qu’on a pu donner à Malick Coulibaly pour qu’il puisse traiter ses parents du nord d’étrangers de la sorte ? Il faut qu’il sache que le pouvoir, on peut le perdre demain.

LP : Selon vous, à quoi répondent toutes ces manigances ?

PZ : Je vais vous dire à quoi répondent toutes ces agitations. L’opération de l’enrôlement qui a été faite l’a été en défaveur du FPI. Parce qu’au moment où elle se déroulait, les cadres du FPI ont dit à leurs partisans de ne pas aller se faire enrôler. Parce qu’il n’y aurait pas d’élections. Donc, la plupart des gens ne se sont pas fait enrôler. Aujourd’hui, ils se rendent compte que chaque jour que Dieu fait, on parle d’élections. Tout le monde veut aller aux élections. Donc le chef de l’Etat est menacé. Car ses partisans sur le terrain sont menacés. De deux, leur politique ultranationaliste contre la France, aujourd’hui, ne passe pas sur le terrain. Il y a des gens qui n’arrivent plus ni à donner à manger ni à scolariser leurs enfants. A plus forte raison les soigner.

Allez aujourd’hui chez moi à Gagnoa, c’est la désolation. C’est la misère, c’est la précarité. Il n’y a plus de vie à Gagnoa. La seule grande entreprise à Gagnoa, la CIB, est aujourd’hui fermée en mettant 5000 jeunes à la rue. Donc, les gens n’écoutent pas tout ce qu’ils disent. La population a aujourd’hui, compris qu’elle a été utilisée pour enrichir Laurent Gbagbo et ses camarades. Ils sont conscients qu’ils vont perdre les élections. Les candidatures du docteur Alassane Dramane Ouattara et du président Henri Konan Bédié troublent actuellement le sommeil du chef de l’Etat.

Ainsi que les tournées de Ouattara. J’étais à Gagnoa pour la mobilisation en prélude à la visite du président Ouattara. Je peux vous dire qu’aujourd’hui dans tous les villages, les populations sont convaincues que Ouattara est la solution aux problèmes des Ivoiriens. Et ce sont ces tournées qui aujourd’hui, dérangent le camp présidentiel. Ils sont aujourd’hui convaincus qu’ils sont minoritaires sur le terrain. C’est la seule voie de la manipulation et de la propagande pour ne pas aller aux élections qui s’offre donc à eux. Mais il faut que Laurent Gbagbo sache qu’il doit aller aux élections, c’est la voix du peuple qui est celle de Dieu.

LP : Que pensez-vous de l’utilisation que Charles Blé Goudé et le camp présidentiel font de la RTI ?

PZ : Je vais vous faire une révélation. Lorsqu’on devait choisir un nouveau directeur général après le limogeage de Kébé Yacouba, c’est Ben Zahui qui devait être choisi. Mais les gens ont estimé que compte tenu de sa forte personnalité, il n’était pas assez malléable. Les gens lui ont préféré Brou Amessan. Il s savent que, eux, c’est Brou Amessan qu’ils peuvent manipuler. Le FPI a peur que les Ivoiriens sachent la vérité. Donc il faut que la propagande passe pour faire croire que ce sont eux qui sont les victimes. Alors qu’en réalité ce sont eux qui sont les bourreaux. J’ai honte quand je regarde la télé. Si ce n’est pas Blé Goudé, c’est Malick Coulibaly. Si ce n’est pas Malick Coulibaly, c’est Laurent Gbagbo. Si ce n’est pas Laurent Gbagbo, c’est Affi N’Guessan.

C’est quelle démocratie on veut construire ? Cette situation, nous ne pouvons l’accepter. Nous demandons à Gbagbo qui hier, nous jetait dans la rue à cause de la caporalisation de la RTI de se ressaisir et d’appliquer la démocratie. Il faut qu’il accepte que l’opposition s’exprime aussi à la télévision ivoirienne. Parce que c’est ce pour quoi nous nous sommes battus hier.

LP : Justement, à propos de la RTI, la jeunesse du PDCI à l’appel de son président KKB, a entamé une marche de protestation. Mais elle a été dispersée par les forces de l’ordre et le président de la JPDCI a été molesté. Pensez-vous au vu de tout cela que Laurent Gbagbo est prêt à se prêter au jeu démocratique ?

PZ : Je crois que Laurent Gbagbo ne devrait pas aujourd’hui tirer sur la jeunesse ivoirienne. En tant que jeune Bété, je n’ai pas apprécié cela. Parce que hier, nous avons été gazés et tués pour ces mêmes problèmes. Aujourd’hui, ce n’est pas à Laurent Gbagbo de le faire. Nous avons été réprimés en 1992 lors de la marche de protestation contre la descente policière dans la cité de Yopougon. En 1995, pendant le boycott actif. Beaucoup de nos amis sont morts. Je crois que Laurent Gbagbo doit se ressaisir. Il n’est pas obligé de bâillonner les libertés. Il a toujours dit qu’on peut organiser les élections et les perdre. Mais pourquoi, lui, aujourd’hui a peur de les organiser. Il faut que le chef de l’Etat laisse la jeunesse ivoirienne s’exprimer de façon démocratique. Je ne suis pas d’accord qu’on ait molesté KKB. Qu’il sache qu’il a notre soutien. Je crois que dans les jours à venir, c’est Dieu qui va libérer la Côte d’Ivoire.

LP : Blé Goudé Charles a déclaré récemment qu’il projette de mener une série d’actions à partir de la semaine prochaine pour réclamer la destitution et l’arrestation de Beugré Mambé. Vous, en tant que jeune patriote, que pensez-vous de cela ?

PZ : Sur la base de quoi Blé Goudé veut-il entreprendre des actions pour faire arrêter Beugré Mambé ? C’est encore une escroquerie morale qui se prépare. Concernant les séries d’actions qu’il veut, je voudrais dire à Blé Goudé qu’aujourd’hui la jeunesse ivoirienne est fatiguée. Qu’on soit étudiant ou jeune patriote, nous sommes tous touchés par une pauvreté galopante. Nous n’arrivons pas à nous nourrir ni à nous loger. Même dans les cités universitaires. Que Blé Goudé sache qu’il y a des jeunes qui ont passé des nuits blanches à étudier pour avoir leur licence et qui ont besoin de travailler. Tous les mots d’ordre qu’il a donnés jusque-là, qu’est-ce que cela nous a apporté, nous les jeunes de ce pays ? Qu’il nous fasse le bilan de tous les mots d’ordre que lui, Blé nous a donnés (…) Aujourd’hui, il a ses structures et ses plantations. Mais nous qu’avons-nous obtenu et que sommes-nous devenus avec ses mots d’ordre ? Blé Goudé a eu une bourse d’étude. Il faut qu’il aille continuer ses études.

LP : En tant que jeune patriote, quel message pouvez-vous lancer à vos camarades ?

PZ : Ce que je veux leur dire, c’est que cela fait 20 ans que nous sommes dans la rue et que nous n’avons pas pu pour certains terminer nos études. D’autres ont dû retourner au village.

Beaucoup de diplômés n’ont pas d’emplois. Tous les diplômes qu’ils ont eus depuis des années, n’ont plus de valeur. Il faut qu’ils se ressaisissent et comprennent qu’ils vont droit dans le mur en suivant Blé Goudé dans son combat. Aujourd’hui, nous avons un avenir à construire. Au Ghana, la jeunesse n’est pas dans la rue. Elle est au travail. Que la jeunesse comprenne qu’il est temps de quitter les rues. Nous ne sommes pas faits pour rester dans la rue. Mais pour travailler pour nous occuper de nos parents qui ont beaucoup souffert pour assurer nos études. Si Laurent Gbagbo ne peut pas assurer notre avenir qu’il organise les élections et laisse la place à quelqu’un d’autre qui peut le faire. Et ce quelqu’un d’autre pour nous, c’est le docteur Alassane Dramane Ouattara.

JCC
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