L’environnement sociopolitique de la Côte-d’Ivoire, depuis deux semaines, vit au rythme de ce que l’on peut appeler « l’affaire fraude à la Cei ». Le camp présidentiel accuse le président de la Cei, M. Beugré Mambé, de fraude. Il lui est reproché d’avoir introduit un demi-million d’étrangers dans le fichier électoral. L’acharnement dont il est victime de la part des frontistes et de leurs alliés est tel que l’émotion suscitée au sein des populations est diversement interprétée. Dans sa logique de porter l’accusation, le camp présidentiel alerte tous ses réseaux, et l’on n’est pas surpris de voir passer à la télévision toute la racaille de bénis oui, oui, et de lèche-bottes, en train de cautionner « l’action présidentielle, et de condamner avec la dernière énergie, M. Mambé Robert et la Cei. Certains vont jusqu’à demander sa démission de la tête de cette institution quand d’autres exigent des poursuites judiciaires contre lui. Du côté du Rhdp, des voix s’élèvent pour défendre tant bien que mal le président Mambé. Le premier ministre Soro Guillaume est monté au créneau pour calmer les esprits. Le président Mambé lui-même, est sorti de son silence, s’est expliqué, et a déclaré de façon solennelle, qu’il ne démissionnera pas, et qu’il n’est pas sous la tutelle du ministère de l’intérieur. Les jeunesses des deux camps ont initié des meetings éclatés çà et là pour, soit expliquer que la fraude est établie, soit affirmer que toute cette histoire est montée de toutes pièces. Les risques d’affrontement sont réels. La violence est imminente. Et la tension monte sans cesse. Voici le bras de fer engagé. Et cela, sous les yeux du représentant du Secrétaire général de l’Onu, M. Choi, et du représentant spécial du facilitateur de la crise ivoirienne, M. Bouréima Badini. Et pourtant, ces derniers cités ne sont jamais intervenus pour prendre position ou même pour donner, ne seraient-ce que leurs impressions relatives à cette affaire qui met à mal la suite du processus électoral. Comment interpréter ce mutisme ? Ces personnalités prennent-ils fait et cause pour Gbagbo et ses amis ? Sont-elles réduites au silence ? En principe, dès les premiers jours de cette « affaire Mambé », ils devraient se prononcer. N’ont-elles pas une mission d’apaisement ? Leur refus de se prononcer est égale à une position que l’on peut aisément deviner. Ce n’est pas juste, et cela frise la démission.
Dos
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