Droit au but : Question de moralité

Désiré Tagro s’est lancé dans une périlleuse aventure en s’attaquant au président de la Commission électorale indépendante. Devant les caméras de la télévision nationale, le ministre de l’Intérieur a repris les accusations de fraude débitées par l’un des directeurs de campagne adjoints du candidat Laurent Gbagbo en la personne de Coulibaly Gervais contre Robert Beugré Mambé. Il a décidé de saisir le procureur de la République aux fins de diligenter une enquête.

Tagro a invité par les communicateurs bénévoles pour la victoire de Gbagbo à continuer dans sa logique d’affront à une institution de la République en indiquant devant ce groupe de soutien au chef de l’Etat candidat qu’il doute de la moralité du président de la Cei. Une attaque qui jette l’opprobre sur la République. Elle démontre que ce qui compte dans ce pays, c’est l’intérêt mesquin du camp auquel appartiennent les responsables aux différents niveaux de l’Etat. Le sens de l’Etat, en réalité n’existe pas. En effet, si le militant du Front populaire n’avait pas primé, le ministre de l’Intérieur sait que tenter de discréditer une institution comme la Commission électorale indépendante à charge de la sortie de crise par l’organisation délections libres et transparentes revient à dire au monde entier qu’il faut accorder très peu de confiance aux institutions et à ses animateurs en Côte d’Ivoire. Si une institution aussi multipartite dans sa composition, et aussi étroitement surveillée dans son action par les Ivoiriens et la communauté internationale peut être le lieu de fraude, alors que dire des ministères et des autres institutions où la volonté d’un seul s’affirme et s’impose? Certaines bonnes consciences se gargarisent de la nécessité de donner une bonne image du pays. Mais y a-t-il plus mauvaise publicité sur la Côte d’Ivoire que ce que vient de faire Tagro, de surcroit par une accusation mensongère ? C’est la moralité de tout l’Etat ivoirien qu’il convient donc de revoir !

D. Al Seni