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Faits Divers Publié le jeudi 21 janvier 2010 | Nord-Sud

Affaire “marabouts accusés de préparer un coup d’Etat” - Djakaridja Cissé : “On n’a jamais tué des albinos pour chasser Gbagbo”

Interpellé par la gendarmerie dans la nuit du 8 janvier, Djakaridja Cissé est l’un des trois marabouts accusés par le pouvoir en place de préparer un coup d’Etat. En l’absence de toute preuve, lui et ses deux compagnons ont été relaxés. Cissé raconte les conditions de leur détention.

l Djakaridja Cissé, vous êtes parmi les trois marabouts qui avaient été arrêtés par la gendarmerie. Dites-nous qu’est-ce qui s’est passé ?

Le jeudi 7 janvier, il était 13h quand j’ai reçu la visite de la brigade de gendarmerie chez moi. J’étais absent au moment où les gendarmes sont arrivés. C’est mon frère qui m’a alerté sur la présence de la gendarmerie à mon domicile. Il ne voulait pas que je vienne à leur rencontre. J’ai trouvé que cette attitude pourrait me causer un préjudice. Puisque je ne me reproche rien. Donc, je suis sorti pour venir les écouter. J’ai demandé à leur chef l’objet de leur visite. Il voulait savoir si c’est moi qu’on appelle Djakaridja. J’ai répondu par l’affirmatif. Il m’a dit qu’ils sont venus faire une perquisition à mon domicile. C’est ainsi qu’ils se sont mis à fouiller les coins et recoins de ma maison. Ils n’ont rien trouvé de suspect mais ils ont estimé que je dois les suivre avec le canari trouvé dans ma chambre. Je ne comprends qu’on veuille emmener quelqu’un pour un canari. Sans aucune forme de procédure, ils m’ont jeté dans leur panier à salade. Nous sommes donc arrivés à la gendarmerie d’Abobo. Ils m’ont menotté puis ils sont repartis chercher un autre monsieur. Il était presque 14h. C’est ainsi qu’ils nous ont réunis à la brigade de recherche. Là-bas, le chef a demandé si j’étais Guinéen. Je lui ai dit que je suis un Ivoirien. Après nous avoir auditionnés (trois personnes, ndlr), il a appelé au téléphone son colonel pour lui dire que les personnes arrêtées sont des Ivoiriens. Malgré cela, le colonel a dit de nous garder. Puis, ils nous ont fait sortir à 19h pour nous interroger à nouveau. On nous a demandé si nous savions pourquoi nous avons été arrêtés. On n’a répondu par la négative.

Qui vous a interrogés ?

J’ignore le nom de l’officier de gendarmerie. L’audition terminée, ils nous ont mis au violon. Ils reviennent à moi un peu plus tard. C’est ainsi qu’ils m’ont demandé si j’avais voyagé. J’ai répondu par l’affirmatif. J’étais allé à Bodokro pour accompagner mon oncle qui revenait du pèlerinage à La Mecque. Ils m’ont demandé si je ne me suis rendu par la suite à Madinani. Je leur ai répondu que je ne suis allé nulle part. Ils m’ont interrogé alors sur mes rapports présumés avec un certain Koné Ousmane, député de Madinani. Selon eux, je me suis associé à ce dernier pour tuer deux femmes albinos dont les sexes devraient servir à faire un travail pour l’honorable Koné Ousmane. J’ai dû leur dire que je n’étais pas mêlé à cette affaire. C’est alors que j’ai su la raison de mon interpellation.


Quel genre de questions on vous posait?

L’interrogatoire a tourné autour de Koné Ousmane, Amadou Gon Coulibaly et Mme Henriette Diabaté. Quant aux deux derniers cités, c’est à la télé que je les vois. D’ailleurs, je n’ai eu aucun commerce avec eux. Donc, on nous a remis au violon. Mais, grâce aux différentes interventions de personnalités, nous avons été libérés. Mes deux autres compagnons se nomment Aboulaye Sidibé et Ouattara Zana.


Où ont-ils été pris ?

Il y a un qui a été arrêté au Pk 18, N’dotré (Abobo). Le second a été pris vers Diémory avant le 21ème arrondissement.


Il est clair qu’on vous reproche de vouloir tuer deux albinos.
Oui, mais c’est faux. Selon la gendarmerie, nous sommes en accord avec Koné Ousmane pour réaliser ce projet.

La rumeur dit que vous prépariez un coup d’Etat. Qu’en dites-vous ?
Sur la base de dénonciation calomnieuse, on nous accuse de vouloir tuer Gbagbo. Mais, tout ceci est archi faux. Il n’y a rien de vrai. Ce sont des ragots purs et simples.

Mais qu’allez-vous faire pour tuer Gbagbo ?
On ne sait pas. Ils ont tout simplement affirmé que ce sont les marabouts qui veulent tuer Gbagbo. Selon eux, la finalité de ce projet c’est de permettre à Alassane Ouattara d’être le président de la République.

Combien de temps avez-vous passé dans la cellule de la gendarmerie ?
Nous avons passé cinq jours. Nous avons été interrogés trois jours durant : Jeudi, vendredi et lundi. Le dernier jour, c’est le colonel lui-même qui a conduit l’audition.

Quel genre de maraboutage faites-vous ?
Je fais le maraboutage des problèmes liés aux foyers. J’aide les couples à trouver les solutions à leurs problèmes.

Est-ce que les deux autres sont des marabouts ?
Sidibé dit qu’il est tradipraticien. Quant à l’autre, il est jardinier.

Pourquoi, la gendarmerie exige que vous repartiez les voir ?
On ne sait pas grand-chose. Le mardi, nous sommes retournés les voir comme prévu. Ils nous ont présenté des excuses par rapport à leur attitude lors des différentes interpellations. Ils nous ont demandé de leur pardonner s’ils nous ont offensés.

On dit aussi que vous êtes en complicité avec IB. Vrai ou faux ?
On ne nous a pas parlé d’une quelconque complicité avec IB. Tout tournait autour de nos rapports avec Amadou Gon Coulibaly, Mme Henriette Diabaté et Koné Ousmane.

l Après votre libération, est-ce que vous êtes entrés en contact avec par exemple Amadou Gon pour lui expliquer ce qui s’est passé à la gendarmerie ?
Non, on n’a jamais rencontré personne pour expliquer quoi que ce soit.

Qu’est-ce que vous compter faire ?
On se confie à Dieu, notre sort est entre ses mains. Certes on n’a pas reçu de convocation de la gendarmerie. Mais on devait partir répondre à l’appel des autorités militaires. Si on ne s’était pas présentés, elles seraient venues nous prendre de force. Cela aurait pu être une source d’humiliation encore. C’est ce que nous avons évité en nous présentant là-bas.

Est-ce que vous avez revu le jeune qui vous a dénoncés ?
Non, je ne l’ai plus vu. Son grand frère m’a dit qu’il a disparu de la circulation cela fait plus de cinq mois.

Est-ce que vous avez pris des attaches avec un avocat ?
Pas du tout. En avons-nous les moyens ?

Interview réalisée par Bahi K.
Coll : Ouattara Moussa (stagiaire
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