En écoutant hier la session de 19 heures 30 du journal Afrique de Radio France Internationale (Rfi), et celle de 22h30 (lire interview ci-dessus) les Ivoiriens qui ont pris le temps d'écouter les déclarations de Blé Goudé (ci-devant directeur de campagne adjoint chargé de la jeunesse de la majorité présidentielle), depuis l'éclatement de la fausse affaire des 429 mille personnes que le président de la Cei aurait "frauduleusement inscrites sur la liste électorale", ont cru rêver. En effet, si on s'en tient au correspondant de Rfi à Abidjan, Blé Goudé, au sortir de son audience avec le premier ministre Guillaume Soro, a déclaré : "Le temps de descendre dans les rues est passé. J'appelle au calme. Je demande aux jeunes patriotes de rester chez eux". Et même le correspondant de Rfi n'a pas manqué d'ajouter que les déclarations de Blé Goudé sont "assez surprenantes". Et pour cause. Le 12 janvier dernier, le même Blé Goudé, au cours d'une réunion extraordinaire tenue au Palais de la Culture avec des "jeunes patriotes", disait parfaitement le contraire de ce qu'il a déclaré, hier. "Pendant que nous rencontrerons les autorités, nous vous appelons à des actions éclatées dans toute la Côte d'Ivoire. Il s'agit de marches et de sit-in devant les sous-préfectures et préfectures. Toutes ces actions devront aboutir à un grand sit-in ici à Abidjan". Pourquoi, après avoir dit cela le 12 janvier dernier, Blé Goudé dit aujourd'hui aux jeunes patriotes que "le temps de descendre dans les rues est passé" ? Pourquoi cette incroyable volte-face ? Que s'est-il passé ? Serait-ce parce qu'il s'est rendu compte que personne n'a bougé le petit doigt après son appel à manifester devant les sous-préfectures et préfectures ou à déloger de force Beugré Mambé de la Cei ? Comme nous le confiait récemment un jeune patriote déçu : "Blé Goudé risque d'être désillusionné s'il appelle encore les jeunes à descendre dans les rues. Moi, j'ai perdu un bras à l'hôtel Ivoire. Et cela a permis à des gens qui s'étaient cachés de devenir des milliardaires aujourd'hui. Alors que je suis contraint de vendre des recharges téléphoniques pour survivre. Je ne descendrai plus jamais dans la rue pour enrichir des gens…". Dura patriotisme, Sed patriotisme !
ASSALE TIEMOKO
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