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Politique Publié le samedi 23 janvier 2010 | L’expression

Post-scriptum 22 jan 10 : Vote sanction

Recevant les populations d’Assinie Mafia, mardi au palais présidentiel, Laurent Gbagbo les a mises en mission pour extraire de prétendus étrangers des listes électorales. « Les Ivoiriens doivent être sur la liste électorale. Les non ivoiriens ne doivent pas y figurer. Ce n’est pas facile à comprendre. Celui qui n’est pas ivoirien et qui est sur la liste, dites-le, on va l‘enlever. Les gens s’excitent pour rien. Pour la Côte d’Ivoire, ce sont les Ivoiriens qui choisissent leur président et non les autres personnes » a-t-il lancé aux villageois. Voici la porte ouverte à la pagaille et à l’anarchie. Par quel mécanisme les villageois doivent-ils dénoncer ces étrangers après le contentieux qui a pris fin le 9 janvier? A partir de quoi vont-ils se livrer à cette chasse aux sorcières si ce n’est le délit de patronyme et de faciès ?

Pendant plus d’un mois et demi, la CEI a ouvert le contentieux et invité les Ivoiriens à venir faire des réclamations et à dénoncer les personnes qu’ils soupçonnent de vouloir frauder sur la nationalité. Durant cette phase du contentieux, on a assisté à de nombreuses dénonciations calomnieuses mais aussi à une infime portion d’étrangers qui voulaient frauder comme on le voit partout sur la terre des hommes. Pendant cette période, le Fpi n’a pas dressé de « listes d’étrangers ». C’est à la fin du contentieux que ses responsables ont décidé de se livrer à ce comportement qui leur fait perdre chaque jour des militants et sympathisants. A Attécoubé, ce n’est que le 19 janvier que les députés Fpi, Odette Lourignon et Zallo Monin Joseph, ont dressé une liste de 500 individus dont les noms ne brillent pas dans le miroir de l’ivoirité qu’ils veulent faire passer pour des étrangers. A coup sûr, ce sont là 500 personnes et leurs familles qui , par un vote sanction, vont solder leurs comptes avec le Fpi. Partout, c’est le même scénario. Dans le département de Grand Bassam, la ministre Christine Adjobi et les élus Fpi ont dressé une liste de plusieurs centaines de ressortissants du Nord qu’ils veulent spolier de leur nationalité, chose quasiment impossible puisque devant le juge l’écrasante majorité de ces gens confondront leurs détracteurs. L’exemple de koun Fao (qui a barré la manchette de Notre voie) où le juge a débouté les plaignants frontistes est un cas d’école. Dans le village de kokomian, en effet, le chef Koffi Adingra a dressé une liste de 150 ivoiriens bons teints qu’il voulait faire passer pour des étrangers. Kouamé Ouattara, le porte-parole des 150 personnes, interrogé par l’Expression, a confondu le chef de village et ses mandataires. Morceau choisi : « Nos ancêtres sont arrivés dans les années 1930 sur invitation du chef du village de l’époque. Nous sommes des Dogossê-komono, un groupe ethnique situé sur la ligne frontalière entre Tehini et Tougbô. Nous avons également des parents à kong. Des Malinké et des Sénoufo se sont joints à nous dans ce village par la suite. Comme tout groupe ethnique frontalier, nous avons des parents au Burkina Faso.

Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas Ivoiriens. Ceux qui nous accusent aujourd’hui ont des parents au Ghana voisin. Ils y vont tous les jours pour prendre part à des funérailles. Je suis né dans ce village en 1955, je sais de quoi je parle ».

Si à l’invitation de Gbagbo, les populations d’Assinie Mafia qui ont chacun, un parent de l’autre côté de la lagune, au Ghana, se comportent comme le chef de kokomian, où la tension est vive actuellement, à coup sûr, ça va faire des dégâts. Après plus d’une décennie d’humiliation et de tracasseries, aucun nordiste n’est prêt à se laisser spolier de sa nationalité.

par Traoré M. Ahmed
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