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Société Publié le mercredi 27 janvier 2010 | L’expression

Essor de la Piraterie des œuvres de l’esprit : Quand les Forces de l’ordre entrent dans la danse

La lutte contre la piraterie des œuvres de l’esprit est loin d’être une partie de plaisir. La tâche est rendue plus ardue par les Forces de l’ordre qui rackettent les vendeurs de ces produits piratés au vu et au su de tous.

C’est un truisme que de le dire. La piraterie des œuvres de l’esprit constitue aujourd’hui une gangrène dans le microcosme culturel et artistique ivoirien. Une situation décriée à longueur de journée par les artistes et qui n’émeut plus personne. Pourtant, la création de la Brigade culturelle de lutte contre la piraterie, dirigée par le commissaire Ouattara Nielbien Francis, devait donner un coup de fouet à la lutte contre le fléau. En matière de contrefaçon, le Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida) s’est doté d’une police propre qui procède à la recherche, à la saisie et à la destruction des produits contrefaits. D’une manière générale, tous les agents et officiers de police judiciaires doivent faire cesser toute infraction portée à leur connaissance. Ces instances sont habilitées à agir « ex-officio », en vertu de leurs positions ou de leurs rangs, dans les affaires d’atteinte au droit d'auteur. C’est ainsi qu’est créée en 2006 la Brigade de lutte contre la piraterie et la contrefaçon des œuvres de l’esprit. Elle est composée de policiers, de gendarmes, de douaniers et d’agents du ministère de la Culture. Malgré la présence de cette force, le tableau sur le terrain est loin de s’être amélioré s’il ne s’est pas noirci davantage. Il est vrai qu’à la Brigade de lutte contre la piraterie, l’on évoque de plus en plus le problème de moyens, ce qui a le désavantage notable de scléroser considérablement la lutte. Mais un comportement, qui est en train de devenir une habitude chez les Forces de défense, pourrait aussi être à la base de l’inefficacité des moyens – minimes certes – déployés. D’Abobo à Yopougon jusqu’à Marcory en passant par Cocody et Attécoubé, les Forces de l’ordre passent régulièrement chez les vendeurs de Cd piratés « prendre leur dû ». Et gare à celui qui ne s’exécute pas ! En fait, cette méthode obéit à un canevas très précis et détaillé. A heure fixe, se pointe un cargo des agents des Forces de l’ordre en tenue. Quelques éléments approchent les vendeurs pour prendre la « rançon ». Comme les pirates les connaissent, ils se cotisent rapidement. Charles Troh qui « travaille » au rond point de la mairie d’Abobo témoigne : « C’est chaque soir qu’ils viennent nous rançonner. Les agents de la Police judiciaire, ceux du CeCos…, passent tous les soirs et on se cotise pour leur remettre 3.000 Fcfa par équipage », explique-t-il, avant de préciser que les équipes qui passent le font jusqu’à ce qu’ils cessent de vendre. « Au cas où nous refusons de donner l’argent, ils confisquent purement et simplement nos sacs de Cd qu’ils vont brader ailleurs. « Nous savons que nous faisons une activité illégale et pour éviter plus de complications nous sommes obligés de payer une somme qui s’élève des fois jusqu’à 15.000 Fcfa », renchérit son voisin, Sanogo Moussa. Un état de fait qui est attesté par Traoré Drissa qui officie, lui, à la Riviera à Cocody. « En plus des policiers, souligne-t-il, les éléments de la Fesci de la cité universitaire de la Riviera 2 viennent nous rançonner », ajoute-t-il. Le constat est clair, la lutte contre la piraterie des œuvres de l’esprit est dévoyée par ceux mêmes qui sont censés la mener.

Dans ces conditions, faut-il s’étonner que les résultats de cette lutte, engagée par le ministère de la Culture et de la Francophonie se fassent encore attendre ? Bien malin qui pourra répondre à cette question. En tout état de cause, la lutte contre la piraterie et la contrefaçon des œuvres de l’esprit passe certes par l’attribution de plus de moyens à la Brigade culturelle de lutte contre ce mal mais aussi et surtout par la sensibilisation de toute la population y compris et surtout celle des Forces de l’ordre.

M’Bah Aboubakar
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