Au-delà des débordements qui ont pu être évités dans la marche des jeunes houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rjdp), ce qui lui confère son caractère historique, c'est que c'est la première manifestation de rue de l'opposition ivoirienne sous le règne de Laurent Gbagbo. Il a donc fallu à l'opposition ivoirienne attendre dix ans pour avoir droit de manifester publiquement sur la voie publique. Et même si juridiquement le décret qui interdit les marches est devenu caduc depuis le mois de juin 2009, l'organisation de cette manifestation n'était pas gagnée d'avance pour la jeunesse du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Sous le prétexte qu'il y aurait des casses voir des tentatives de déstabilisation des institutions de la République, le ministre de l'Intérieur aurait opposé une fin de non recevoir au projet de Kouadio Konan Bertin et de ses compagnons. C'est du reste ce que révèlent nos sources. Pour corroborer l'argument de Désiré Tagro, de nombreux journaux proches de la « galaxie présidentielle » se sont largement fait l'écho supposés de recrutements de mercenaires chargés de mettre le pays sens dessus-dessous selon le schéma guinéen. C'est en ce moment que le Premier ministre, Guillaume Soro, décidé d'entrer en scène. Ayant reçu en audience le Rjdp qui lui a donné toutes les assurances sur le caractère pacifique de sa marche, le chef du gouvernement a enjoint son ministre de l'Intérieur de lever son véto. Il a, dès lors, été convenu que les forces de l'ordre encadrent la marche. En dénouant ainsi une autre crise qui se profilait à l'horizon, le Premier ministre a pu permettre à l'opposition ivoirienne de faire sa première marche depuis l'avènement au pouvoir de Laurent Gbagbo.
Marc Dossa
Marc Dossa
