Fin de cavale pour le Ministre de l’Intérieur. A Abobo on dirait BO-RI-BA-NA. Désiré Tagro vient d’être pris la main dans le sac. Le sécurocrate du régime reste désormais à jamais convaincu que l’etau se ressert de plus en plus autour de lui malgré les nombreuses tentatives d’explications qui peinent à séduire. Tagro a dangeureusement bel et bien outrepassé ses prérogatives. L’homme s’est rendu coupable de fraude. En droit, Tagro le brillant et célèbre Magistrat sait mieux que quiconque que les infractions qu’ils a commises ont pour noms usurpation de titre, faux et usage de faux, abus de pouvoir. Esseulé dans ce scandale, puisque sa famille politique l’a laché depuis la découverte du pot-au-rose, Désiré Tagro n’a plus d’arguments pour se défendre. En attendant donc sa demission dont on dit imminente du Ministère de l’Intérieur dans la mesure où les faits qu’on lui reproche sont avérés et sa mise à disposition du Procureur de la République en vue d’être jugé, puni et condamné conformement à notre code pénal, une seule question reste pendue aux lèvres de toute la communauté nationale et internationale. Certes Tagro a été l’exécutant de cette sale affaire mais à qui devait-elle profiter si la presse et l’opposition n’avaient pas été assez vigilantes? Qui a donné ordre à Tagro pour opérer cette fraude ? Qui en sont les vrais commanditaires ? « Je ne travaille pas de façon indisciplinée. Je travaille toujours dans le respect de ma hiérarchie. N’oublions pas, je suis magistrat de formation. C’est ça que j’ai appris à l’école d’administration », avait clairement prévenu le mercredi 20 Janvier 2010 le Ministre de l’intérieur, invité à échanger avec la coordination des communicateurs citoyens bénévoles pour le plébiscite de Laurent Gbagbo. Tagro, le bon élève qui a appris la discipline à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) a toujours travaillé dans le respect de sa hiérarchie. La hiérarchie de notre Ministre de l’Intérieur au sein de l’exécutif auquel il appartient est nul doute le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Monsieur Guillaume Kigbafory Soro. Or dans une interview accordée à la radio des Nations Unies en Côte d’Ivoire le mardi 26 Octobre 2010, le porte-parole de ce dernier, Méité Sindou marquait son indignation vis-à-vis des fréquentes intrusions du Ministre de l’Intérieur dans des affaires qui ne le concernaient ni de près ni de loin. Méité Sindou lui avait infligé, au nom du Premier Ministre un cinglant désaveu en ces termes : “Le ministre de l'intérieur avait pris sur lui l'initiative d'adresser un tel télégramme officiel en date du 18 janvier aux administrateurs territoriaux pour leur demander de prendre en charge le contentieux électoral, d'en informer d'abord les populations et d'examiner le contentieux ; ensuite de le transmettre dans les ressorts territoriaux où ils se trouvent aux différents partis. Sur ce point, soyons clairs, le premier ministre en a saisi officiellement le chef de l'Etat et il le lui a dit. Nous avons également saisi le ministre de l'Intérieur pour lui dire que nous désapprouvons cette procédure : Un, parce qu'elle remet en cause la position gouvernementale. Le ministre n'a pas à faire une intrusion régulière de cette manière-là dans le processus de sortie de crise. Ce n'est pas son rôle. Ce n'est pas sa mission ; Deux, cette initiative du ministre de l'Intérieur déroge totalement à tous les cadres réglementaires, tout le dispositif qui est mis en place. Elle viole le mode opératoire et l'ordonnance pris pour la gestion du contentieux. Disons que le ministre de l'intérieur ne peut pas violer la loi, demander aux administrateurs territoriaux et saisir en requête collective les tribunaux. " Contrairement à ce qu’il tente de faire croire, Tagro n’est donc pas discipliné et il n’a jamais travaillé dans le respect de sa hiérarchie directe, du moins avec le Premier Ministre qui reste son premier supérieur hiérarchique. Puisque Tagro est ministre et qu’il fait partir du pouvoir exécutif dont la tête de pont reste le Chef de l’Etat-candidat du FPI et de la supposée majorité présidentielle, on serait tentés de s’interroger si c’est de cette hiérarchie que parle le Ministre de l’Intérieur puisque le Premier Ministre s’est désolidarisé publiquement de ses actions. Tagro a-t-il reçu instructions du Chef de l’Etat pour frauder (il y’a eu un début d’exécution du message contenu dans les télégrammes incriminés) sur la liste électorale ? La Police Judiciaire et le Procureur de la République doivent plus que jamais situer les ivoiriens sur ces questions. Les ivoiriens qui souffrent déjà de la « naïveté » de leur bien aimé Président, « naïveté » par laquelle ils souffrent des affres de la guerre, ils veulent savoir s’ils ont à la tête de leur pays un Président qui ne prospère que dans la fraude et dans le faux. Tchimou qui a la possibilité de s’autosaisir de cette affaire comme nous l’a dit Tagro lui-même doit s’en saisir et éclairer la lanterne des uns et des autres qui ont hâte de savoir ce qui s’est passé officiellement même si les ivoiriens ont été témoins des faits. Le Procureur de la République dispose déjà de plusieurs indices importants pour parvenir dans de plus brefs délais à des résultats. Notamment ses déclarations, les télégrammes et la note de précision expliquant la mauvaise interprétation du télégramme incriminé. Les ivoiriens qui fondent un réel espoir dans leur Procureur attendent que ce Magistrat reconnu pour son intégrité et sa bonne connaissance du Droit aille jusqu’au bout dans ses investigations afin que pour une fois dans ce pays chacun sache que même un Président de la République, fut-il le plus puissant au monde n’est pas au dessus de la loi. Tchimou Raymond, c’est sûr et certain, après cette enquête entrera dans l’histoire par la grande porte.
Par Zokou Digba Jean Félicien
Par Zokou Digba Jean Félicien