Simon Franck, journaliste sportif à France football, a suivi la 27è édition de la Can en Angola. Il a accepté de porter un regard sur ce rendez-vous du football africain. Le journaliste à France football pense que la Can a eu moins de mordants que les deux précédentes. Il note surtout la grosse déception ivoirienne avec sa star Didier Drogba, dont la prestation a été en déçà de l'espoir placé en eux.
Quel est votre regard sur cette 27è édition de la Can ?
C'est un regard multiple. C'est une édition qui a connu beaucoup moins de buts que l'édition du Ghana avec un recul de près de vingt buts. Ça a été moins spectaculaire au niveau des buts. Le deuxième point, c'est qu'au niveau du jeu, il a été moins séduisant que 2006, surtout 2008 où il s'est passé plein de choses. La Can angolaise m'a paru plus fermée, moins bonne.
Comment expliquez-vous cela?
Peut-être que cela est dû à la mauvaise qualité des pelouses qui ont desservi les équipes.
Et au plan de l'organisation ?
A ce niveau, l'Angola avait un challenge très important. Il y a des aspects qui n'ont pas été bien gérés mais est-ce qu'il ne faut pas accorder à ce pays un satisfecit quand même parce que ce n'était pas évident pour lui qui sort d'une très longue guerre, de s'improviser organisateur d'un tournoi de cette envergure, de construire des stades. Tout le monde a vu, ce sont de superbes stades, les médias ont travaillé dans de bonnes conditions en salles de presse et dans les tribunes.
On regrettera l'absence du public africain. Il y avait les Angolais qui venaient un peu, il y a eu quelques supporters mais ça a manqué de la chaleur des autres compétitions parce que c'est difficile pour les supporters de venir et cela est sans doute dû à la cherté de la vie. C'est un des pays les plus chers au monde. Il y a aussi le drame avec le Togo. C'est dommage pour l'Angola, mais c'est ça qu'on retiendra aussi. On dira que c'est un tournoi marqué par un drame, par la mort de sportifs, des gens qui sont venus pour le sport. De ce point de vue, 2010 sera particulier pour ceux qui étaient présents.
Un regard sur les mondialistes ?
La Côte d'Ivoire et Drogba ont déçu, le Cameroun, à un degré moindre, qui a fait son meilleur match en quart mais qui est sorti face à plus fort que lui. On a vu en revanche une belle équipe ghanéenne assez intéressante, rajeunie par les circonstances et qui a été meilleure. L'Algérie qui a débuté difficilement, qui eu un accident de parcours et qui s'est ensuite très bien reprise jusqu'en demi-finale.
Comment expliquez-vous la contre performance de la Côte d'Ivoire ?
J'ai du mal à me l'expliquer d'autant plus que la Côte d'Ivoire, face à des équipes européennes dans les matches amicaux, a été bien. En Angola, on a vu une équipe assez moins séduisante, moins bien en place.
C'est difficile à comprendre ?
C'est une combinaison de plusieurs choses. Est-ce Cabinda. Est-ce le terrain ? Est-ce c'est le choix de certains joueurs qui n'étaient pas à la hauteur ? Est-ce qu'il y avait un problème pour transmettre la consigne ? En tout cas, la Côte d'Ivoire a été en deçà de ce qu'on attendait d'elle. C'était la favorite, c'était l'année ou jamais. Malheureusement, ça ne sera jamais pour cette génération, je pense. Tout comme les Eléphants, les Lions indomptables du Cameroun ont également déçu.
Selon vous, quelles ont été les satisfactions parlant des sélections ?
Je note la Zambie. C'est une équipe qui joue bien au football, qui n'a pas de stars, qui a un bon fond de jeu collectif, un bon entraîneur, un état d'esprit incroyable. Ça a été pour moi la grande révélation
Comment expliquez-vous la suprématie de l'équipe égyptienne depuis trois années consécutives à la Can ?
C'est le fruit d'un long travail. C'est quand même M shehata, le sélectionneur, qui est en place depuis 2004. Cela lui fait six ans, il a été prolongé jusqu'en 2012. C'est quelqu'un qui travaille bien, qui a un plan de travail, qui connaît bien le football des jeunes. C'est une suprématie qui s'explique par un fond de jeu, un vrai fond de jeu. Ça joue bien au football et chacun sait ce qu'il a à faire. Ce n'est donc pas illogique que l'équipe qui joue bien au football, bien organisée, bien structurée derrière, devant et très mobile, n'atteigne pas le plus haut sommet.
Revenons à la Côte d'Ivoire où on annonce le départ de Vahid. Partagez-vous cette option ?
Je ne connais pas très bien les circonstances, mais je pense que ce serait dommage de chasser l'entraîneur qui les a qualifiés sachant qu'il a encore quelques mois de contrat. Laissons-le travailler, donnons-lui la possibilité d'aller au bout de ses idées, de sa mission. Le jour du match, c'étaient les joueurs qui sont sur le terrain, ils n'ont pas fait ce qu'il fallait. Ça, c'est un problème. Vahid ne peut pas devenir un mauvais entraîneur du jour au lendemain. Il a sa personnalité, c'est quelqu'un d'entier, c'est quelqu'un qui dit les choses. Je pense qu'il peut beaucoup apporter.
Alors maintenant, si la Fédération ivoirienne en décide autrement, elle est souveraine.
La Can se termine avec la sanction contre le Togo exclu pour les deux compétitions à venir, quel commentaire faites-vous ?
Le commentaire est que la Confédération africaine de football a décidé de respecter ses textes.
Elle a appliqué les textes. C'est du brut, c'est très dur et c'est vrai que quelque part le Togo a obéi à une injonction de son gouvernement de rentrer. Les joueurs, eux, voulaient jouer, les autorités ont demandé qu'ils rentrent. Maintenant est-ce que la Caf, pour redorer son blason, ne décide que ça ne soit pas une sanction ferme, il y a un sursis. Et finalement on donne la chance aux Togolais de compétir dans les prochaines fois. C'est un peu dur pour les joueurs du Togo.
Ça me fait la peine pour eux, il y a un règlement, il l'applique. On comprend la détresse des joueurs. Mais la Caf a voulu être exemplaire. Cependant, en faisant cela, elle a créé la protestation. J'espère que l'appel du Togo sera reçu et la Caf fera clémence. J'aimerais beaucoup mais je ne crois pas.
Un mot sur l'arbitrage ?
C'est vrai qu'il y a des erreurs, des problèmes, de ce point de vue, ça n'a pas été la fête de l'arbitrage non plus. On ne va pas donner de noms même si j'ai aimé l'Algérien Benougha et le Sud africain Damon.
Interview réalisée par De Bouaffo à Luanda
Quel est votre regard sur cette 27è édition de la Can ?
C'est un regard multiple. C'est une édition qui a connu beaucoup moins de buts que l'édition du Ghana avec un recul de près de vingt buts. Ça a été moins spectaculaire au niveau des buts. Le deuxième point, c'est qu'au niveau du jeu, il a été moins séduisant que 2006, surtout 2008 où il s'est passé plein de choses. La Can angolaise m'a paru plus fermée, moins bonne.
Comment expliquez-vous cela?
Peut-être que cela est dû à la mauvaise qualité des pelouses qui ont desservi les équipes.
Et au plan de l'organisation ?
A ce niveau, l'Angola avait un challenge très important. Il y a des aspects qui n'ont pas été bien gérés mais est-ce qu'il ne faut pas accorder à ce pays un satisfecit quand même parce que ce n'était pas évident pour lui qui sort d'une très longue guerre, de s'improviser organisateur d'un tournoi de cette envergure, de construire des stades. Tout le monde a vu, ce sont de superbes stades, les médias ont travaillé dans de bonnes conditions en salles de presse et dans les tribunes.
On regrettera l'absence du public africain. Il y avait les Angolais qui venaient un peu, il y a eu quelques supporters mais ça a manqué de la chaleur des autres compétitions parce que c'est difficile pour les supporters de venir et cela est sans doute dû à la cherté de la vie. C'est un des pays les plus chers au monde. Il y a aussi le drame avec le Togo. C'est dommage pour l'Angola, mais c'est ça qu'on retiendra aussi. On dira que c'est un tournoi marqué par un drame, par la mort de sportifs, des gens qui sont venus pour le sport. De ce point de vue, 2010 sera particulier pour ceux qui étaient présents.
Un regard sur les mondialistes ?
La Côte d'Ivoire et Drogba ont déçu, le Cameroun, à un degré moindre, qui a fait son meilleur match en quart mais qui est sorti face à plus fort que lui. On a vu en revanche une belle équipe ghanéenne assez intéressante, rajeunie par les circonstances et qui a été meilleure. L'Algérie qui a débuté difficilement, qui eu un accident de parcours et qui s'est ensuite très bien reprise jusqu'en demi-finale.
Comment expliquez-vous la contre performance de la Côte d'Ivoire ?
J'ai du mal à me l'expliquer d'autant plus que la Côte d'Ivoire, face à des équipes européennes dans les matches amicaux, a été bien. En Angola, on a vu une équipe assez moins séduisante, moins bien en place.
C'est difficile à comprendre ?
C'est une combinaison de plusieurs choses. Est-ce Cabinda. Est-ce le terrain ? Est-ce c'est le choix de certains joueurs qui n'étaient pas à la hauteur ? Est-ce qu'il y avait un problème pour transmettre la consigne ? En tout cas, la Côte d'Ivoire a été en deçà de ce qu'on attendait d'elle. C'était la favorite, c'était l'année ou jamais. Malheureusement, ça ne sera jamais pour cette génération, je pense. Tout comme les Eléphants, les Lions indomptables du Cameroun ont également déçu.
Selon vous, quelles ont été les satisfactions parlant des sélections ?
Je note la Zambie. C'est une équipe qui joue bien au football, qui n'a pas de stars, qui a un bon fond de jeu collectif, un bon entraîneur, un état d'esprit incroyable. Ça a été pour moi la grande révélation
Comment expliquez-vous la suprématie de l'équipe égyptienne depuis trois années consécutives à la Can ?
C'est le fruit d'un long travail. C'est quand même M shehata, le sélectionneur, qui est en place depuis 2004. Cela lui fait six ans, il a été prolongé jusqu'en 2012. C'est quelqu'un qui travaille bien, qui a un plan de travail, qui connaît bien le football des jeunes. C'est une suprématie qui s'explique par un fond de jeu, un vrai fond de jeu. Ça joue bien au football et chacun sait ce qu'il a à faire. Ce n'est donc pas illogique que l'équipe qui joue bien au football, bien organisée, bien structurée derrière, devant et très mobile, n'atteigne pas le plus haut sommet.
Revenons à la Côte d'Ivoire où on annonce le départ de Vahid. Partagez-vous cette option ?
Je ne connais pas très bien les circonstances, mais je pense que ce serait dommage de chasser l'entraîneur qui les a qualifiés sachant qu'il a encore quelques mois de contrat. Laissons-le travailler, donnons-lui la possibilité d'aller au bout de ses idées, de sa mission. Le jour du match, c'étaient les joueurs qui sont sur le terrain, ils n'ont pas fait ce qu'il fallait. Ça, c'est un problème. Vahid ne peut pas devenir un mauvais entraîneur du jour au lendemain. Il a sa personnalité, c'est quelqu'un d'entier, c'est quelqu'un qui dit les choses. Je pense qu'il peut beaucoup apporter.
Alors maintenant, si la Fédération ivoirienne en décide autrement, elle est souveraine.
La Can se termine avec la sanction contre le Togo exclu pour les deux compétitions à venir, quel commentaire faites-vous ?
Le commentaire est que la Confédération africaine de football a décidé de respecter ses textes.
Elle a appliqué les textes. C'est du brut, c'est très dur et c'est vrai que quelque part le Togo a obéi à une injonction de son gouvernement de rentrer. Les joueurs, eux, voulaient jouer, les autorités ont demandé qu'ils rentrent. Maintenant est-ce que la Caf, pour redorer son blason, ne décide que ça ne soit pas une sanction ferme, il y a un sursis. Et finalement on donne la chance aux Togolais de compétir dans les prochaines fois. C'est un peu dur pour les joueurs du Togo.
Ça me fait la peine pour eux, il y a un règlement, il l'applique. On comprend la détresse des joueurs. Mais la Caf a voulu être exemplaire. Cependant, en faisant cela, elle a créé la protestation. J'espère que l'appel du Togo sera reçu et la Caf fera clémence. J'aimerais beaucoup mais je ne crois pas.
Un mot sur l'arbitrage ?
C'est vrai qu'il y a des erreurs, des problèmes, de ce point de vue, ça n'a pas été la fête de l'arbitrage non plus. On ne va pas donner de noms même si j'ai aimé l'Algérien Benougha et le Sud africain Damon.
Interview réalisée par De Bouaffo à Luanda