Pour soutenir la centrale thermique d’Azito, il aurait fallu construire d’autres centrales. Sur ce dossier, le ministre des Mines et de l’Energie, Léon Monnet, et le président Laurent Gbagbo n’ont toujours pas été sur les mêmes longueurs d’ondes. Conséquence de cette mauvaise politique énergétique : le délestage.
Plusieurs contrées de la Côte d’Ivoire dans l’obscurité, ce n’est pas une fiction mais un scénario qu’expérimentent les populations ivoiriennes en cette période de grande chaleur. Le délestage actuel qui va s’étendre sur une période de quatre mois (février à mai) met en évidence un mal plus profond. Le gouvernement semble pris de court. Et pourtant, la situation, à en croire un expert en énergie que nous avons rencontré, était prévisible. « On passe plus de temps à faire la politique politicienne au lieu de nous occuper des problèmes réels des populations », déplore-t-il. Selon lui, la convention qui lie l’Etat ivoirien au groupe Bouygues prévoyait 1.000 milliards Fcfa d’investissement. Dans cette convention, la centrale thermique Ciprel III (110 MW) qui devait être mise en marche depuis 2008 a commencé à tourner qu’en janvier 2010. « Que s’est-il passé entre l’Etat de Côte d’Ivoire et le groupe français Bouygues ? », s’interroge-t-il. Conséquence, la centrale thermique Azito a fonctionné toute l’année 2009 en plein tube pour faire face à la consommation de plus en plus croissante (7%). Et comme Azito marchait, on a dormi sur nos lauriers jusqu’à ce que le délestage vienne tirer tout le monde de son sommeil. Le développement de la production est de la responsabilité de l’Etat. C’est ce qu’ont fait les présidents Félix Houphouët Boigny et Henri Konan Bédié grâce à une politique énergétique prévoyant la construction de barrages : Taabo (210 MW), Buyo (165 MW), Kossou (150 MW), Ayamé I et II (50 MW) et de centrales thermiques : Azito I et II, Ciprel I et II. Pour soutenir Azito, il aurait fallu construire d’autres centrales. Sur ce plan, de sources bien informées, le ministre des Mines et de l’Energie, Léon Monnet, n’est pas très en phase avec le président Laurent Gbagbo. Le ministre et ses techniciens avaient concocté un plan dans le cadre du renouvellement de la convention avec le groupe Bouygues. En 2005, le chef de l’Etat a préféré confier le dossier au ministre de l’Economie et des Finances, Antoine Bohoun Bouabré. La sanction de cette absence d’investissement sur le long terme, c’est ce grand délestage qui frappe tout le pays parce que nous sommes en manque d’énergie. Les Ivoiriens doivent prier les dieux de la technologie pour que le groupe n°2 de la centrale thermique Azito soit réparé dans trois mois. Ce n’est pas tout, il faudra encore prier les dieux de la nature pour que la pluie soit au rendez-vous en mai et juin pour remplir les barrages hydro-électriques. « Le problème est plus sérieux qu’on ne le pense », avertit notre expert. La Côte d’Ivoire ne peut rien attendre de ses voisins. Si le Ghana était mieux loti, c’est vers ce pays qu’on aurait dû se tourner pour acheter de l’énergie. 30 MW pourrait aider la Cie à atténuer les coupures. Malheureusement, le barrage d’Akosombo éprouve les mêmes difficultés que les barrages de Kossou, Taabo et Buyo. Quid de l’énergie solaire ? Pour l’expert, « elle est trop chère. Si les pays africains étaient maîtres du développement de l’énergie solaire, cela reviendrait moins cher. Tout dépend de nos capacités de financement. La source est infinie mais pour y accéder, il faut avoir beaucoup d’argent. C’est l’énergie de l’avenir. Il faut créer des structures pour mieux l’exploiter.»
Jean Roche Kouamé
Légende : Une panne du groupe n°2 de la centrale thermique Azito plonge aujourd’hui le pays dans le noir.
Plusieurs contrées de la Côte d’Ivoire dans l’obscurité, ce n’est pas une fiction mais un scénario qu’expérimentent les populations ivoiriennes en cette période de grande chaleur. Le délestage actuel qui va s’étendre sur une période de quatre mois (février à mai) met en évidence un mal plus profond. Le gouvernement semble pris de court. Et pourtant, la situation, à en croire un expert en énergie que nous avons rencontré, était prévisible. « On passe plus de temps à faire la politique politicienne au lieu de nous occuper des problèmes réels des populations », déplore-t-il. Selon lui, la convention qui lie l’Etat ivoirien au groupe Bouygues prévoyait 1.000 milliards Fcfa d’investissement. Dans cette convention, la centrale thermique Ciprel III (110 MW) qui devait être mise en marche depuis 2008 a commencé à tourner qu’en janvier 2010. « Que s’est-il passé entre l’Etat de Côte d’Ivoire et le groupe français Bouygues ? », s’interroge-t-il. Conséquence, la centrale thermique Azito a fonctionné toute l’année 2009 en plein tube pour faire face à la consommation de plus en plus croissante (7%). Et comme Azito marchait, on a dormi sur nos lauriers jusqu’à ce que le délestage vienne tirer tout le monde de son sommeil. Le développement de la production est de la responsabilité de l’Etat. C’est ce qu’ont fait les présidents Félix Houphouët Boigny et Henri Konan Bédié grâce à une politique énergétique prévoyant la construction de barrages : Taabo (210 MW), Buyo (165 MW), Kossou (150 MW), Ayamé I et II (50 MW) et de centrales thermiques : Azito I et II, Ciprel I et II. Pour soutenir Azito, il aurait fallu construire d’autres centrales. Sur ce plan, de sources bien informées, le ministre des Mines et de l’Energie, Léon Monnet, n’est pas très en phase avec le président Laurent Gbagbo. Le ministre et ses techniciens avaient concocté un plan dans le cadre du renouvellement de la convention avec le groupe Bouygues. En 2005, le chef de l’Etat a préféré confier le dossier au ministre de l’Economie et des Finances, Antoine Bohoun Bouabré. La sanction de cette absence d’investissement sur le long terme, c’est ce grand délestage qui frappe tout le pays parce que nous sommes en manque d’énergie. Les Ivoiriens doivent prier les dieux de la technologie pour que le groupe n°2 de la centrale thermique Azito soit réparé dans trois mois. Ce n’est pas tout, il faudra encore prier les dieux de la nature pour que la pluie soit au rendez-vous en mai et juin pour remplir les barrages hydro-électriques. « Le problème est plus sérieux qu’on ne le pense », avertit notre expert. La Côte d’Ivoire ne peut rien attendre de ses voisins. Si le Ghana était mieux loti, c’est vers ce pays qu’on aurait dû se tourner pour acheter de l’énergie. 30 MW pourrait aider la Cie à atténuer les coupures. Malheureusement, le barrage d’Akosombo éprouve les mêmes difficultés que les barrages de Kossou, Taabo et Buyo. Quid de l’énergie solaire ? Pour l’expert, « elle est trop chère. Si les pays africains étaient maîtres du développement de l’énergie solaire, cela reviendrait moins cher. Tout dépend de nos capacités de financement. La source est infinie mais pour y accéder, il faut avoir beaucoup d’argent. C’est l’énergie de l’avenir. Il faut créer des structures pour mieux l’exploiter.»
Jean Roche Kouamé
Légende : Une panne du groupe n°2 de la centrale thermique Azito plonge aujourd’hui le pays dans le noir.