Affaire “429 000 pétitionnaires de Mambé” - Kabran Appia : “C’est une révélation brutale du coup d’Etat électoral en préparation”

«L’affaire de la fraude Mambé» n’est qu’une révélation brutale et inespérée du coup d’Etat électoral en préparation depuis l’idée de la composition déséquilibrée de la CEI, des audiences foraines et de la distribution à tous des extraits de naissance ivoiriens, de l’identification à la place de la révision de la liste électorale, du choix de Sagem à la place de l’INS, de l’abrègement des enrôlements dans les zones réputées favorables au camp présidentiel. C’est pourquoi le traitement de cette question ne peut se résumer au sort de l’individu Mambé. A présent que l’alerte fut chaude pour bien des nôtres qui sommeillaient, c’est peut-être le moment de regarder profondément tout le système lui-même, dans lequel tant de pièges ont été disséminés contre la paix». Le député Kabran Appia, membre de la Majorité présidentielle n’a pas pris de gants, le jeudi 4 février, pour interpréter l’acte du président de la CEI, Beugré Mambé. L’ancien ministre, comme à son habitude, n’a pas eu la langue de bois au cours du traditionnel «Petit déjeuner de la Majorité présidentielle» dont il était l’invité, aux II-Plateaux Aghiens, dans un restaurant. Pour l’honorable, cet acte de fraude est à inscrire dans la logique d’un homme politique qui a décidé d’instrumentaliser la CEI, cette institution, à son unique profit en usant de pratiques peu orthodoxes. «Alassane Ouattara, a-t-il expliqué, ayant obtenu au forceps une éligibilité exceptionnelle à l’élection présidentielle, il lui restait à baliser le reste du parcours pour être sûr d’être élu»

Le député Kabran Appia en déduit donc que l’accord politique de Ouaga n’est pas du goût de tous et que des chantiers restent encore à ouvrir en termes de sujets dont devrait débattre la Côte d’Ivoire pour une sortie de crise réussie. «Nous devons faire l’économie de la guerre. Faire l’économie de la guerre, c’est faire de vraies négociations. Quand elles ne sont pas finies, il faut bien les achever. Tout ce qui arrive là nous montre que le rassemblement des rebelles n’a pas, accepté l’accord de Ouaga. Il y a eu jusqu’à 4 accords complémentaires. S’ils n’acceptent pas, qu’ils disent clairement quels sont les problèmes qui subsistent !», a-t-il martelé. Selon lui, les déclarations conjointes et similaires, à quelques détails près, des forces rebelles, du RDR et de certains religieux à propos de l’affaire Mambé en disent long sur les frustrations qui subsistent. «Les troubles qui ont lieu actuellement (des bâtiments publics saccagés à Divo, Katiola, Attécoubé), d’autres troubles à venir suite aux déclarations croisées du RDR, des forces nouvelles et même de certains religieux qui ont déjà tant parlé dans ce pays, montre que nous sommes bien au cœur des vrais sujets à résoudre pour les élections», a-t-il conclu. D’où la nécessité, pour Kabran Appia, non pas de remettre en cause l’accord de Ouaga, mais d’y «apporter quelques réglages». «J’ai toujours été pour les négociations, mais les vrais ; avec les vrais sujets, avec les vrais personnes», a-t-il lancé. Et l’un des sujets éludés, pour l’instant, semble être, pour l’ancien ministre, la question du vote des étrangers et, par ricochet, l’octroi de la nationalité ivoirienne à ceux-ci. «Les étrangers doivent- ils voter ou non ? La liste électorale doit -elle contenir tous les ivoiriens éligibles, rien que les ivoiriens ? Les cartes d’identité ne doivent-elles pas être distribuées qu’aux seuls ivoiriens ?», s’est-il interrogé.

Dans l’optique de résoudre ces préoccupations et bien d’autres voici ce que préconise le député : «Je propose une dernière discussion de tous les acteurs autour de la définition et de la description définitive de toutes les étapes, dans les moindres détails : la liste électorale, les bureaux de vote, le matériel électoral, le personnel électoral, la police électorale, la campagne électorale, le recensement des votes, la proclamation des résultats».

Serge Armand Didi
sardidi@yahoo.fr