Dans ses “causeries de vendredi d'aujourd'hui, le député Martin Sokouri Bohui s'intéresse particulièrement à la crise de la CEI, notamment au rôle du PDCI-RDA.
Notre voie : La crise à la CEI vient de franchir une autre étape. Dix commissaires centraux viennent de suspendre leur participation aux activités de la CEI. est-ce que cela ne peut pas bloquer le processus électoral ?
Martin Sokouri Bohui : Non, cela ne vas pas bloquer le processus. Au contraire, cela ne peut qu’accélerer le processus. Après la découverte de la fraude à la CEI, dont se sont rendus coupables Mambé, président de la CEI et l'un de ses vice-présidents, Jean- Baptiste Gomis, la logique voudrait que les seuls coupables démissionnent de la CEI. Mais il se trouve qu'ils refusent de partir. On voit même dans la presse qu'ils seraient soutenus par la Primature. Toute chose qui est à vérifier.
Ce dont nous sommes cependant sûrs et qui est manifeste sur le terrain, c'est qu'ils sont soutenus aveuglément par le RHDP. Particulièrement par Alassane Dramane Ouattara dont le militant Jean-Baptiste Gomis, qui siège à la Cei au nom de son parti, le RDR, est le cerveau de cette fraude gigantesque. Ceci montre que Mambé et Gomis travaillent pour eux. L'ayant su, il est évident que nous ne pouvions plus accepter que M. Mambé continue de diriger la CEI qui, par définition, est un organe strictement indépendant dont le rôle essentiel est d'organi-ser des élections transparentes. Or cette transparence est déjà mise à mal par l'acte de Mambé et de Gomis. Dès lors nous n'avons plus confiance en cette CEI. Or, la CEI doit inspirer confiance à l'ensemble des acteurs politiques et notamment à tous ceux qui sont partie prenante dans les élections. Ces élections sont très sensibles en ce qu'elles doivent conduire le pays à la paix. Nous sommes donc à la recherche de la paix à travers ces élections. Il faut donc régler au plus vite le problème de Mambé et de Gomis pour organiser vite les élections à l'effet d'arri-ver tout aussi vite à la paix.
La sortie des 10 commissaires régionaux montre à l'évidence que la confiance et la sérénité ne sont plus de mise à l'intérieur même de la CEI. il faut donc très rapidement mettre en place une nouvelle équipe. C'est ce que m'inspire l'action des 10 commisaires de la CEI. Je demande donc aux décideurs de faire diligence pour prendre les décisions idoines afin de donner un coup d'accélérateur au processus. Cela passe par la désignation d'un président acceptable pour tous à la tête de la CEI et de la radiation de Gomis. Vu que ce dernier est à la CEI rien que pour organiser la fraude au profit d'Alassane Ouattara. Avec le cas des 429 000 personnes, il n'est pas à son premier forfait. Pendant l'enrôlement, il est celui qui a organisé l'inscription des étrangers sur la liste. On se souvient aussi qu'il avait dissimulé les formulaires au moment de l'enrôlement pour s'en servir et fabriquer des récipissés au profit des étrangers. Gomis est une véritable machine à fraude au profit du RDR qui n'a pas sa place dans une commission électorale qui se veut indépendante. Dans cette affaire, on constate la manifestation de la main de Dieu sur la Côte d'Ivoire. Et ça sera toujours ainsi, parce que Dieu, dans sa justice infinie, ne peut permettre que le mal triomphe du bien.
Cela dit, ce qui me désole, c'est l'attitude du PDCI-RDA qui soutient Mambé au seul motif qu'il est issu de ses rangs, alors même que Mambé a décidé de s'associer à Gomis pour faire triompher Alassane Ouattara par la fraude au détriment de tous les autres candidats, y compris Bédié.
N.V. : Est-ce que vous voulez dire qu’au vu de cette fraude le PDCI se bat pour Alassane Dramane au détriment de son propre candidat qu'est Bédié ?
M.S.B. : Vous savez, et c'est connu de tous les observateurs de la vie politique nationale, que Bédié voue une haine viscérale au président Gbagbo. Je n’en connais pas les raisons, mais c'est avéré et tout le monde le sait.
Mais ce que je constate, c'est que cette haine le pousse très souvent à poser des actes qui se retournent contre lui-même. Et c'est ce que le président Laurent Gbagbo montre en affirmant, dans sa dernière interview à Jeune Afrique, que Bédié, en soutenant Ouattara, s'est tiré une balle dans le pied. Le soutien du PDCI à Mambé dans cette affaire de fraude avérée participe fortement de cette logique absurde.
N.V. : Dans sa logique "absurde" de soutien à Mambé, le PDCI demande la démission du ministre de l'Intérieur Tagro et fait même circuler une pétition pour cela. Qu'est-ce que vous en pensez ?
M.S.B. : Mais qu’est-ce que le ministre Tagro a fait pour que le PDCI demande sa démission ? Dans tous les pays au monde, les pays civilisés s'entend, quand une affaire aussi importante et délicate éclate, le premier réflexe, c'est de saisir les juridictions à l'effet de diligenter une enquête. C'est ce que le ministre Tagro a fait en sa qualité de ministre de l'intérieur dont dépend la Commission électorale indépendante (CEI). Le ministre Tagro n'a pas demandé la démission de Mambé. Quand l'affaire de la fraude à la CEI a été ébruitée, il a saisi, en sa qualité de ministre, la justice de notre pays pour éclairer l'opinion nationale et internationale, d'une part. Et ses services ont, d'autre part, demandé aux préfets de leur faire parvenir les statistiques des plaintes relatives au contentieux né des inscriptions sur la liste électorale. Le ministre lui-même a retiré cette demande dont l'objectif était certainement de prévenir les débordements actuels orchestrés par le RHDP dans certaines loca-lités.
Est-ce un crime d'avoir posé ces deux actes ? Est- ce vraiment un crime d'avoir demandé une enquête judiciaire et d'avoir demandé des statistiques ? Par ces actes, le ministre Tagro veut faire prospérer l'Etat de droit. Le ministre veut donc, au-delà de tout, consolider la paix dans notre pays. J’estime que c'est vraiment ridicule de demander la démission d'un tel homme. C'est même nauséabond de faire circuler une pétition pour cela. Nous comprenons aisément qu'en réalité, le PDCI demande la démission de Tagro par opposition à la démission de Mambé, qui lui, s'est rendu coupable de fraude avérée. C'est donc de la diversion.
Je voudrais faire remarquer que le ministre Tagro a été nommé par le président de la République, sans l'avis du RHDP. Et le chef de l’Etat continue de lui faire confiance. Il n'a pas besoin de pétition pour le relever de ses fonctions s'il le désire.
En revanche, Mambé est à la tête d'une institution qui est chargée d'organiser des élections. Pour cela, il a besoin d'avoir la confiance de tous ceux qui sont partie prenante à ces élections. Or il se trouve qu'une partie de ceux-là n'a plus confiance en lui depuis cette affaire de fraude averée dont il s'est rendu coupable. C'est pour cela que sa démission s'impose.
Mais, au-delà de tout, il m'est encore plus difficile de comprendre que le PDCI demande la démission d'un ministre qui se bat pour que la Côte d'Ivoire demeure un Etat de droit alors qu'il n'a pas honte de s'afficher avec Alassane Ouattara qui a envoyé la guerre. C’est cette guerre qui a détruit des vies humaines ; qui a défiguré la Côte d'Ivoire en la coupant en deux ; qui a vu le massacre des gendarmes arrêtés, désarmés et jetés dans une fosse commune. Cette guerre a disloqué des familles, a fait tant d'orphelins et de veuves. Au cours de cette guerre, des femmes ont été violées et sont à jamais marquées dans leur chair. Certaines ont même contracté le sida. Toutes ces atrocités ont été commises seulement pour qu'un individu, Alassane Ouattara, soit candidat à notre élection présidentielle. Lui qui se dit ivoirien et qui, pourtant, n'a pas de décret de naturalisation.
Entre celui qui s'affiche avec le bourreau des Ivoiriens et celui qui se bat pour donner aux Ivoiriens un Etat de droit, qui mérite de la Côte d'Ivoire ? Ce n'est certainement pas celui qui s'affiche avec celui qui a commis tant d'atrocités sur les Ivoiriens. C'est donc le lieu de demander au PDCI de se ressaisir, car il n'est pas encore trop tard.
N.V. : L'actualité, c'est aussi les actes de vandalisme du RHDP qui s'attaquent aux tribunaux pour le contentieux dans les zones dites ex-CNO.
M.S.B. : Il s'agit principalement du RDR. C'est ce parti qui initie ces actes de violence, avec certainement l'aide des autres. Vous savez très bien que ce parti ne prospère que dans la violence. Les actes sont planifiés et ne sont pas du tout spontanés. Car, déjà à l'enrôlement, il demandait aux étrangers de s'enrôler, qu'au moment venu, il se chargerait de régler leur problème politiquement. Il leur disait que “le FPI demandera votre radiation, mais nous leur dirons que vous êtes du nord de la Côte d'Ivoire et personne ne vous touchera”. Et ça, nous l'avons toujours dénoncé depuis le début du processus d'identification. Ce n'est donc pas nouveau. Que le RDR se le tienne pour dit. Les Ivoiriens ne se laisseront pas distraire par ce disque rayé. Les élections ne concernent que les Ivoiriens. Tous ceux qui ne sont pas Ivoiriens seront donc extraits de la liste électorale. Aucun acte de vandalisme ne pourra nous dissuader de notre détermination à ne retenir sur la liste électorale que ceux qui y ont droit. Dans tous les pays au monde, seuls les nationaux votent pour la présentielle. La côte d'Ivoire n'innove pas en la matière. Nous nous battons pour une liste électorale propre. Donc pour la transparence des élections qui est une exigence démocratique. La Côte d'Ivoire est un état hospitalier et, depuis toujours, nous vivons ici en harmonie avec nos frères venus des pays de la sous- région et d'ailleurs. Ils sont venus chercher un mieux-être et cela ne gène guère les Ivoiriens. Ils sont même intégrés jusqu'au plus profond de nos villages et campements. Mais nous sommes peinés de constater que depuis son arrivée, Alassane Ouattara veut nous opposer aux étrangers. Ayant constaté qu'il y a beaucoup d'étrangers en Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, lui- même d'origine étrangère, veut s'en servir pour réaliser un hold-up électoral et gouverner la Côte d'Ivoire. Il fait donc croire aux étrangers qu'il les aime, alors qu'en réalité, c'est pour s’en servir comme bétail électoral. C'est le lieu de dire à nos frères étrangers que Ouattara n'est arrivé en Côte d'Ivoire qu'hier, c’est-à-dire en 1988. Et, qu'avant son arrivée, nous vivions déjà avec eux en toute intelligence. Si la Côte d'Ivoire n'était pas un pays hospitalier et que les Ivoiriens n'étaient pas un peuple accueillant, il n'y aurait pas autant d'étrangers dans ce pays. Le 1er pays au monde en matière d’étrangers avec 26% officiellement. Le 2ème vient avec seulement moins de 2%. En même temps que nous demandons aux étrangers de ne pas se laisser manipuler par le RDR, nous demandons aux Ivoiriens de ne pas céder à la provocation du RDR qui, de toute façon, perdra cet autre combat illégal. Nous sommes dans notre pays et personne ne viendra d'ailleurs pour nous dicter sa loi. Nous n'avons que ce pays. Et, s'il brûle, nous périrons avec lui contrairement à certains qui activent le feu et qui peuvent se retrouver dans leur pays d'origine. Nous avons donc l’impérieux devoir de nous battre pour le préserver.
N.V. : Il y a aussi la sortie pas trop claire des FN sur l'affaire Mambé. Certains y ont vu un soutien au président de la CEI.
M.S.B. : En saisissant la main tendue du président de la République à travers le dialogue direct, les FN ont décidé de tourner le dos à la guerre et aux commanditaires de cette guerre là, pour s'inscrire dans la voie de la paix. C'est pour cela que les Ivoiriens les ont applaudies. Et depuis, ils font chemin avec le président de la République à la recherche de la paix. Or, de l'avis de tous, les élections doivent fortement nous conduire à la paix. C'est pourquoi tout le monde les veut transparentes. Les FN n'ont donc pas intérêt à soutenir toute action qui est de nature à contrarier cette transparence et donc à contrarier la paix. Je les exhorte donc, comme ils l'ont fait jusque-là, à se mettre au-dessus des clans pour ne voir que l'intérêt national. C'est à ce prix et à ce prix seulement qu'ils entreront positivement dans l'histoire. N.V. : Vazoumana Dembelé dit recteur qui a fait la prison pour Ouattara, vient de démissionner du RDR et du ministère de l'enseignement supérieur où il était en fonction. Qu'est-ce que cette démission vous inspire ? M.S.B. : Je voudrais féliciter le recteur pour cet acte de courage qu'il a posé. Comme quoi, dans la vie, le tout n'est pas de ne pas tomber. mais de pouvoir se relever si on tombe. Cet homme, à un moment donné, comme tant d'autres ivoiriens, s'était laissé emporter par le discours mielleux et mensonger de Ouattara. Dembélé Vazoumana vient de se rendre compte qu'il s'était trompé. Il réalise que Ouattara ne s'est jamais battu pour le bonheur des autres, mais uniquement pour ses seuls intérêts. En réalité, Ouattara n'aime pas la Côte d'Ivoire. Il veut s'en servir pour assouvir ses ambitions personnelles et démésurées. S'il aimait la Côte d'Ivoire, il n'allait jamais avoir l'idée d'être candidat dans ce pays qui n'est pas le sien, en sachant très bien que cela allait être source de troubles sociaux.
En réalité, Ouattara n'est pas de Kong et il n'aime pas Kong. Il se sert de Kong pour se faire passer pour Ivoirien. Sinon comment comprendre qu'il ne puisse pas réparer les pompes hydrauliques déjà installées au Nord par l'Etat pour donner l'eau potable aux populations comme le fait si bien remarquer Recteur. En réalité, Nabintou Cissé n'est pas sa mère et il n'aime pas cette pauvre femme. Il s'est servi d'elle pour tromper certains esprits faibles. On raconte même qu'après son dernier meeting à Gbéléban, village de la pauvre dame, il n'a même pas daigné aller saluer les parents de la vieille Nabintou Cissé dans la cour familiale.
C'est toutes ces réalités que Recteur vient de découvrir. Comme quoi le mensonge court vite, mais il est toujours rattrapé et dépassé par la vérité. Je demande donc à tous nos frères ivoiriens, notamment ceux du nord qui sont encore hypnotisés par les mensonges de Ouattara, de se réveiller, de se laver le visage pour voir clair. Car nous savons qu'en suivant Ouattara, beaucoup se trompent de bonne foi. Qu'ils se réveillent donc et se tournent vers celui qui peut ramener la paix en Côte d'Ivoire, en l’occurrence le président Laurent Gbagbo.
Interview réalisée par Boga Sivori
Notre voie : La crise à la CEI vient de franchir une autre étape. Dix commissaires centraux viennent de suspendre leur participation aux activités de la CEI. est-ce que cela ne peut pas bloquer le processus électoral ?
Martin Sokouri Bohui : Non, cela ne vas pas bloquer le processus. Au contraire, cela ne peut qu’accélerer le processus. Après la découverte de la fraude à la CEI, dont se sont rendus coupables Mambé, président de la CEI et l'un de ses vice-présidents, Jean- Baptiste Gomis, la logique voudrait que les seuls coupables démissionnent de la CEI. Mais il se trouve qu'ils refusent de partir. On voit même dans la presse qu'ils seraient soutenus par la Primature. Toute chose qui est à vérifier.
Ce dont nous sommes cependant sûrs et qui est manifeste sur le terrain, c'est qu'ils sont soutenus aveuglément par le RHDP. Particulièrement par Alassane Dramane Ouattara dont le militant Jean-Baptiste Gomis, qui siège à la Cei au nom de son parti, le RDR, est le cerveau de cette fraude gigantesque. Ceci montre que Mambé et Gomis travaillent pour eux. L'ayant su, il est évident que nous ne pouvions plus accepter que M. Mambé continue de diriger la CEI qui, par définition, est un organe strictement indépendant dont le rôle essentiel est d'organi-ser des élections transparentes. Or cette transparence est déjà mise à mal par l'acte de Mambé et de Gomis. Dès lors nous n'avons plus confiance en cette CEI. Or, la CEI doit inspirer confiance à l'ensemble des acteurs politiques et notamment à tous ceux qui sont partie prenante dans les élections. Ces élections sont très sensibles en ce qu'elles doivent conduire le pays à la paix. Nous sommes donc à la recherche de la paix à travers ces élections. Il faut donc régler au plus vite le problème de Mambé et de Gomis pour organiser vite les élections à l'effet d'arri-ver tout aussi vite à la paix.
La sortie des 10 commissaires régionaux montre à l'évidence que la confiance et la sérénité ne sont plus de mise à l'intérieur même de la CEI. il faut donc très rapidement mettre en place une nouvelle équipe. C'est ce que m'inspire l'action des 10 commisaires de la CEI. Je demande donc aux décideurs de faire diligence pour prendre les décisions idoines afin de donner un coup d'accélérateur au processus. Cela passe par la désignation d'un président acceptable pour tous à la tête de la CEI et de la radiation de Gomis. Vu que ce dernier est à la CEI rien que pour organiser la fraude au profit d'Alassane Ouattara. Avec le cas des 429 000 personnes, il n'est pas à son premier forfait. Pendant l'enrôlement, il est celui qui a organisé l'inscription des étrangers sur la liste. On se souvient aussi qu'il avait dissimulé les formulaires au moment de l'enrôlement pour s'en servir et fabriquer des récipissés au profit des étrangers. Gomis est une véritable machine à fraude au profit du RDR qui n'a pas sa place dans une commission électorale qui se veut indépendante. Dans cette affaire, on constate la manifestation de la main de Dieu sur la Côte d'Ivoire. Et ça sera toujours ainsi, parce que Dieu, dans sa justice infinie, ne peut permettre que le mal triomphe du bien.
Cela dit, ce qui me désole, c'est l'attitude du PDCI-RDA qui soutient Mambé au seul motif qu'il est issu de ses rangs, alors même que Mambé a décidé de s'associer à Gomis pour faire triompher Alassane Ouattara par la fraude au détriment de tous les autres candidats, y compris Bédié.
N.V. : Est-ce que vous voulez dire qu’au vu de cette fraude le PDCI se bat pour Alassane Dramane au détriment de son propre candidat qu'est Bédié ?
M.S.B. : Vous savez, et c'est connu de tous les observateurs de la vie politique nationale, que Bédié voue une haine viscérale au président Gbagbo. Je n’en connais pas les raisons, mais c'est avéré et tout le monde le sait.
Mais ce que je constate, c'est que cette haine le pousse très souvent à poser des actes qui se retournent contre lui-même. Et c'est ce que le président Laurent Gbagbo montre en affirmant, dans sa dernière interview à Jeune Afrique, que Bédié, en soutenant Ouattara, s'est tiré une balle dans le pied. Le soutien du PDCI à Mambé dans cette affaire de fraude avérée participe fortement de cette logique absurde.
N.V. : Dans sa logique "absurde" de soutien à Mambé, le PDCI demande la démission du ministre de l'Intérieur Tagro et fait même circuler une pétition pour cela. Qu'est-ce que vous en pensez ?
M.S.B. : Mais qu’est-ce que le ministre Tagro a fait pour que le PDCI demande sa démission ? Dans tous les pays au monde, les pays civilisés s'entend, quand une affaire aussi importante et délicate éclate, le premier réflexe, c'est de saisir les juridictions à l'effet de diligenter une enquête. C'est ce que le ministre Tagro a fait en sa qualité de ministre de l'intérieur dont dépend la Commission électorale indépendante (CEI). Le ministre Tagro n'a pas demandé la démission de Mambé. Quand l'affaire de la fraude à la CEI a été ébruitée, il a saisi, en sa qualité de ministre, la justice de notre pays pour éclairer l'opinion nationale et internationale, d'une part. Et ses services ont, d'autre part, demandé aux préfets de leur faire parvenir les statistiques des plaintes relatives au contentieux né des inscriptions sur la liste électorale. Le ministre lui-même a retiré cette demande dont l'objectif était certainement de prévenir les débordements actuels orchestrés par le RHDP dans certaines loca-lités.
Est-ce un crime d'avoir posé ces deux actes ? Est- ce vraiment un crime d'avoir demandé une enquête judiciaire et d'avoir demandé des statistiques ? Par ces actes, le ministre Tagro veut faire prospérer l'Etat de droit. Le ministre veut donc, au-delà de tout, consolider la paix dans notre pays. J’estime que c'est vraiment ridicule de demander la démission d'un tel homme. C'est même nauséabond de faire circuler une pétition pour cela. Nous comprenons aisément qu'en réalité, le PDCI demande la démission de Tagro par opposition à la démission de Mambé, qui lui, s'est rendu coupable de fraude avérée. C'est donc de la diversion.
Je voudrais faire remarquer que le ministre Tagro a été nommé par le président de la République, sans l'avis du RHDP. Et le chef de l’Etat continue de lui faire confiance. Il n'a pas besoin de pétition pour le relever de ses fonctions s'il le désire.
En revanche, Mambé est à la tête d'une institution qui est chargée d'organiser des élections. Pour cela, il a besoin d'avoir la confiance de tous ceux qui sont partie prenante à ces élections. Or il se trouve qu'une partie de ceux-là n'a plus confiance en lui depuis cette affaire de fraude averée dont il s'est rendu coupable. C'est pour cela que sa démission s'impose.
Mais, au-delà de tout, il m'est encore plus difficile de comprendre que le PDCI demande la démission d'un ministre qui se bat pour que la Côte d'Ivoire demeure un Etat de droit alors qu'il n'a pas honte de s'afficher avec Alassane Ouattara qui a envoyé la guerre. C’est cette guerre qui a détruit des vies humaines ; qui a défiguré la Côte d'Ivoire en la coupant en deux ; qui a vu le massacre des gendarmes arrêtés, désarmés et jetés dans une fosse commune. Cette guerre a disloqué des familles, a fait tant d'orphelins et de veuves. Au cours de cette guerre, des femmes ont été violées et sont à jamais marquées dans leur chair. Certaines ont même contracté le sida. Toutes ces atrocités ont été commises seulement pour qu'un individu, Alassane Ouattara, soit candidat à notre élection présidentielle. Lui qui se dit ivoirien et qui, pourtant, n'a pas de décret de naturalisation.
Entre celui qui s'affiche avec le bourreau des Ivoiriens et celui qui se bat pour donner aux Ivoiriens un Etat de droit, qui mérite de la Côte d'Ivoire ? Ce n'est certainement pas celui qui s'affiche avec celui qui a commis tant d'atrocités sur les Ivoiriens. C'est donc le lieu de demander au PDCI de se ressaisir, car il n'est pas encore trop tard.
N.V. : L'actualité, c'est aussi les actes de vandalisme du RHDP qui s'attaquent aux tribunaux pour le contentieux dans les zones dites ex-CNO.
M.S.B. : Il s'agit principalement du RDR. C'est ce parti qui initie ces actes de violence, avec certainement l'aide des autres. Vous savez très bien que ce parti ne prospère que dans la violence. Les actes sont planifiés et ne sont pas du tout spontanés. Car, déjà à l'enrôlement, il demandait aux étrangers de s'enrôler, qu'au moment venu, il se chargerait de régler leur problème politiquement. Il leur disait que “le FPI demandera votre radiation, mais nous leur dirons que vous êtes du nord de la Côte d'Ivoire et personne ne vous touchera”. Et ça, nous l'avons toujours dénoncé depuis le début du processus d'identification. Ce n'est donc pas nouveau. Que le RDR se le tienne pour dit. Les Ivoiriens ne se laisseront pas distraire par ce disque rayé. Les élections ne concernent que les Ivoiriens. Tous ceux qui ne sont pas Ivoiriens seront donc extraits de la liste électorale. Aucun acte de vandalisme ne pourra nous dissuader de notre détermination à ne retenir sur la liste électorale que ceux qui y ont droit. Dans tous les pays au monde, seuls les nationaux votent pour la présentielle. La côte d'Ivoire n'innove pas en la matière. Nous nous battons pour une liste électorale propre. Donc pour la transparence des élections qui est une exigence démocratique. La Côte d'Ivoire est un état hospitalier et, depuis toujours, nous vivons ici en harmonie avec nos frères venus des pays de la sous- région et d'ailleurs. Ils sont venus chercher un mieux-être et cela ne gène guère les Ivoiriens. Ils sont même intégrés jusqu'au plus profond de nos villages et campements. Mais nous sommes peinés de constater que depuis son arrivée, Alassane Ouattara veut nous opposer aux étrangers. Ayant constaté qu'il y a beaucoup d'étrangers en Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, lui- même d'origine étrangère, veut s'en servir pour réaliser un hold-up électoral et gouverner la Côte d'Ivoire. Il fait donc croire aux étrangers qu'il les aime, alors qu'en réalité, c'est pour s’en servir comme bétail électoral. C'est le lieu de dire à nos frères étrangers que Ouattara n'est arrivé en Côte d'Ivoire qu'hier, c’est-à-dire en 1988. Et, qu'avant son arrivée, nous vivions déjà avec eux en toute intelligence. Si la Côte d'Ivoire n'était pas un pays hospitalier et que les Ivoiriens n'étaient pas un peuple accueillant, il n'y aurait pas autant d'étrangers dans ce pays. Le 1er pays au monde en matière d’étrangers avec 26% officiellement. Le 2ème vient avec seulement moins de 2%. En même temps que nous demandons aux étrangers de ne pas se laisser manipuler par le RDR, nous demandons aux Ivoiriens de ne pas céder à la provocation du RDR qui, de toute façon, perdra cet autre combat illégal. Nous sommes dans notre pays et personne ne viendra d'ailleurs pour nous dicter sa loi. Nous n'avons que ce pays. Et, s'il brûle, nous périrons avec lui contrairement à certains qui activent le feu et qui peuvent se retrouver dans leur pays d'origine. Nous avons donc l’impérieux devoir de nous battre pour le préserver.
N.V. : Il y a aussi la sortie pas trop claire des FN sur l'affaire Mambé. Certains y ont vu un soutien au président de la CEI.
M.S.B. : En saisissant la main tendue du président de la République à travers le dialogue direct, les FN ont décidé de tourner le dos à la guerre et aux commanditaires de cette guerre là, pour s'inscrire dans la voie de la paix. C'est pour cela que les Ivoiriens les ont applaudies. Et depuis, ils font chemin avec le président de la République à la recherche de la paix. Or, de l'avis de tous, les élections doivent fortement nous conduire à la paix. C'est pourquoi tout le monde les veut transparentes. Les FN n'ont donc pas intérêt à soutenir toute action qui est de nature à contrarier cette transparence et donc à contrarier la paix. Je les exhorte donc, comme ils l'ont fait jusque-là, à se mettre au-dessus des clans pour ne voir que l'intérêt national. C'est à ce prix et à ce prix seulement qu'ils entreront positivement dans l'histoire. N.V. : Vazoumana Dembelé dit recteur qui a fait la prison pour Ouattara, vient de démissionner du RDR et du ministère de l'enseignement supérieur où il était en fonction. Qu'est-ce que cette démission vous inspire ? M.S.B. : Je voudrais féliciter le recteur pour cet acte de courage qu'il a posé. Comme quoi, dans la vie, le tout n'est pas de ne pas tomber. mais de pouvoir se relever si on tombe. Cet homme, à un moment donné, comme tant d'autres ivoiriens, s'était laissé emporter par le discours mielleux et mensonger de Ouattara. Dembélé Vazoumana vient de se rendre compte qu'il s'était trompé. Il réalise que Ouattara ne s'est jamais battu pour le bonheur des autres, mais uniquement pour ses seuls intérêts. En réalité, Ouattara n'aime pas la Côte d'Ivoire. Il veut s'en servir pour assouvir ses ambitions personnelles et démésurées. S'il aimait la Côte d'Ivoire, il n'allait jamais avoir l'idée d'être candidat dans ce pays qui n'est pas le sien, en sachant très bien que cela allait être source de troubles sociaux.
En réalité, Ouattara n'est pas de Kong et il n'aime pas Kong. Il se sert de Kong pour se faire passer pour Ivoirien. Sinon comment comprendre qu'il ne puisse pas réparer les pompes hydrauliques déjà installées au Nord par l'Etat pour donner l'eau potable aux populations comme le fait si bien remarquer Recteur. En réalité, Nabintou Cissé n'est pas sa mère et il n'aime pas cette pauvre femme. Il s'est servi d'elle pour tromper certains esprits faibles. On raconte même qu'après son dernier meeting à Gbéléban, village de la pauvre dame, il n'a même pas daigné aller saluer les parents de la vieille Nabintou Cissé dans la cour familiale.
C'est toutes ces réalités que Recteur vient de découvrir. Comme quoi le mensonge court vite, mais il est toujours rattrapé et dépassé par la vérité. Je demande donc à tous nos frères ivoiriens, notamment ceux du nord qui sont encore hypnotisés par les mensonges de Ouattara, de se réveiller, de se laver le visage pour voir clair. Car nous savons qu'en suivant Ouattara, beaucoup se trompent de bonne foi. Qu'ils se réveillent donc et se tournent vers celui qui peut ramener la paix en Côte d'Ivoire, en l’occurrence le président Laurent Gbagbo.
Interview réalisée par Boga Sivori