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Économie Publié le vendredi 5 février 2010 | Nord-Sud

Reportage - Grosses coupures de courant dans les zones Cno : Les opérateurs économiques dans la détresse

Le délestage annoncé par la Compagnie ivoirienne de l'électricité, fait déjà des vagues dans les zones Centre, nord et ouest (Cno). Les activités économiques sont gravement menacées par ces coupures récurrentes de courant.

La distribution de l'électricité est définitivement interrompue à Bouaké depuis mercredi dernier. C'était sur le coup de 19heures dans la soirée. Mais la veille mardi, une première interruption était survenue sur le réseau, à la même heure, pour être rétablie vers 1heure du matin. La vie semble ainsi s'arrêter dans la capitale de la paix depuis le déclenchement de ces grosses coupures de courant. De nombreux opérateurs économiques regardent impuissamment leurs activités prendre un coup d'arrêt relatif. Ceux qui résistent, essaient de s'adapter à la situation nouvelle par des palliatifs. Mais, que de difficultés. Il est 16heures, ce jeudi 4 février, quand l'électricité, interrompue la veille, est rétablie. Le jeune gérant d'un cyber café Konaté L. est bienheureux. Il va pouvoir rattraper les heures perdues. D'autant qu'il comptait travailler jusqu'à 22 heures. Sa joie n'a été que de courte durée. Puisqu'à 17heures 05 mn, soit un peu plus d'une heure à peine, l'interruption intervient à nouveau. Le gérant, visiblement abattu par cette brusque coupure, explique que depuis le début du délestage, il n'a pu exercer un seul jour. Pour lui, c'est un véritable calvaire qui commence pour lui. Car, avec ces interruptions de l'électricité, il est impossible de gagner 2000 Fcfa par jour. Alors que bien avant cette période, sa recette moyenne journalière tournait autour de 25.000 Fcfa.

Des entreprises en difficultés

«Je pense que je vais devoir changer de métier. Si cette situation perdure, je ne pourrai pas nourrir ma famille», s'inquiète-t-il. Comme lui, ils sont nombreux à Bouaké les opérateurs économiques qui ont pratiquement fermé boutique. Outre les cyberespaces, d'autres secteurs subissent gravement cette crise de l'électricité. Il s'agit des entreprises de transfert d'argent, les photocopieurs, les maquis et autres restaurants de luxe. «C'est terrible ce qui nous arrive actuellement. A cause des coupures de courant, il nous est impossible de vendre la boisson et d'offrir de l'eau glacée à nos clients. Depuis mercredi (ndlr : 3 février), d'importantes quantités de boisson sont restées stockées parce que nos réfrigérateurs ne fonctionnent plus à plein temps à cause du manque de courant. Si cela continue, je serai obligé de mettre une partie de mon personnel au chômage technique», précise Konan Y., gérant d'un restaurant.
D'ailleurs, les clients ne cachent plus leur mécontentement une fois devant certaines structures. «Depuis mardi, un de mes frères m'a transféré de l'argent depuis l'Europe via Western Union. Mais, je ne parviens pas à faire le retrait faute d'électricité. Nous sommes vraiment pénalisés par ces coupures de courant. La Côte d'Ivoire, eu égard à ces problèmes, est de plus en plus méconnaissable», s'offusque Coulibaly Jean, propriétaire d'une boutique de vente de chaussures. Face aux interruptions récurrentes du courant et aux récriminations des clients, les responsables de Western Union ne manquent d'ingéniosité. Comme solution, ils ont décidé de travailler en réseau avec les villes qui ont couramment de l'électricité via le téléphone portable. «Lorsqu'un client vient faire un retrait, les informations recherchées sont enregistrées puis transférées pour vérification dans l'agence qui a l'électricité. S'il y a conformité des données, le paiement est fait. En cas de versement, c'est la même procédure qui est suivie», explique un responsable de Western Union. Qui précise que dans ces conditions, il faut que le téléphone marche pour conduire les opérations. Or justement, l'absence de courant a même perturbé les activités des opérateurs de téléphonie mobile qui ont également connu quelques problèmes de réseaux. Aucune activité économique ne semble épargnée par cette «pénurie du courant.» En effet, la ville de Bouaké a l'allure d'un gros village au coucher du soleil. Puisqu'elle est totalement plongée dans le noir. Dès la tombée de la nuit, les noctambules qui, d'habitude, flânent longtemps dans les rues, disparaissent à cause de l'obscurité qui envahit la capitale de la paix. Par peur de se faire agresser, beaucoup regagnent rapidement leur domicile. «Les clients viennent juste pour boire une bière et rentrent chez eux en toute hâte sans perdre vraiment le maximum de temps dehors. On ne peut plus jouer de musique pour les retenir et la boisson glacée se raréfie également. C'est un drame que nous vivons présentement», se désole Patcko le Chat, gérant de boîte de nuit. Dans les hôtels, après 2 jours d'interruption du courant, la tristesse se fait ressentir. Plus de clients. Comme solution à cette situation délétère, certains responsables ont eu recours à des groupes électrogènes à l'instar des banques, de certaines cliniques et des grandes surfaces de la ville. C'est véritablement la ruée vers les ces appareils qui produisent de l'électricité. Les prix varient entre 35.000 Fcfa l'unité et 200.000 Fcfa voire plus, en fonction de la puissance. Les opérateurs économiques qui commercialisent ces types de machines, se frottent les mains. Au marché de Bouaké, nombre d'entre eux ont déjà épuisé leurs stocks. C'est la période de vaches grasses pour ces commerçants. K. Mory, l'un des commerçants, compte faire une nouvelle commande. Dans certains domiciles, le groupe électrogène est en vogue pour les familles modestes. Les moins nanties se contentent de torches et de lampes-tempête ou électriques chinoises qui éclairent nettement mieux. Désormais, les petits commerçants écument les rues et ruelles avec ces produits chinois. Les prix ont d'ailleurs grimpé. On assiste à la surenchère. De 2.000 Fcfa, les prix de ces lampes sont montés à 2.500 Fcfa voire 3.000 Fcfa, l'unité. La photocopie est passée du simple au triple, soit 100 Fcfa au lieu de 25 Fcfa. Les bougies sont devenues des produits rares qui n'échappent pas à la spéculation. Il en est de même pour le pétrole lampant et le gasoil.

L'inflation se généralise

Mais, l'usage des lampes-tempête et des bougies est quelquefois dangereux et peut-être à l'origine de nombreux dégâts. Ezo Patric journaliste à «Tv Notre patrie» témoigne que sa sœur a eu sa chambre incendiée. «Ma jeune sœur a allumé toute la nuit sa lampe-tempête. Peu habituée à cette lampe, elle l'a déposée sur un tabouret. Dans son sommeil, elle a fait tomber la lampe qui a brûlé une bonne partie de ses effets. Elle a eu la vie sauve grâce à moi», révèle-t-il. Ce grand délestage a créé une inflation des prix sur le marché. Outre les produits cités plus haut, il faut débourser désormais 200 Fcfa de plus pour recharger son portable. La navigation internet a flambé de 200 Fcfa dans les cybers à 1000 Fcfa l'heure. Les sachets d'eau de 5 Fcfa sont vendus maintenant à 25 Fcfa. Un commerçant envisage faire venir de l'extérieur des réfrigérateurs fonctionnant avec du gaz. Les populations se plaignent également du non-respect des programmes d'interruption. Pour le directeur régional de la Compagnie ivoirienne d'électricité (Cie), M. Bessekon «le programme est toujours respecté. A Bouaké, les clients ont eu une mauvaise lecture de la programmation. Nous avons précisé que c'est le vendredi à 17heures que la ville devait être servie convenablement en électricité et non jeudi, comme faisaient croire certaines personnes», réagit-il.

Allah Kouamé à Bouaké
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