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Économie Publié le mercredi 10 février 2010 | Le Nouveau Navire

Publi-interview - Samy Merhy (DG de Socotra) :“Notre milieu doit être régi par des lois plus sérieuses…”

Samy Merhy est un transporteur. Pas n'importe lequel. Un transporteur professionnel dans tout le sens du mot. Il est à la tête de la Société de commerce et de transport (Socotra), forte de 300 employés, qu'il gère avec habileté et dynamisme. Dans cet entretien qu'il a bien voulu nous accorder, il dénonce les travers de son secteur d'activité. Non sans dévoiler ses objectifs pour l'année en cours.


M. Samy Merhy bonjour. Qu'est-ce que la Socotra ?

Je vous remercie. La Socotra est la société de commerce et de transport, elle existe depuis une dizaine d'années. Précisément elle exerce dans le transport terrestre. Nous transportons de l'huile de palme, le binôme café-cacao… Nous mettons nos véhicules à la disposition des particuliers et des commerçants qui veulent acheminer leurs marchandises d'un point A à un point B, dans toute la Côte d'Ivoire. Socotra, c'est 300 employés, des camions de 35 tonnes, en dehors de cela, nous avons une structure de taxis compteurs pour transporter les Abidjanais.


Comment se portent vos activités avec la crise ?

Ce n'est pas du tout facile. Nous essayons d'évoluer de façon professionnelle. Certains transporteurs qui sont dans l'informel nous font la concurrence déloyale. Ils cassent les prix, aussi bien que nos concurrents. Mais malgré toutes ces difficultés, nous essayons de maintenir notre étiquette de professionnel. Avec la crise, nous nous maintenons. C'est vrai que les marges auraient pu être meilleures. Mais nous ne devons pas baisser les bras. Nous faisons un métier que nous aimons, mieux, que nous connaissons.


Vos difficultés ne sont-elles pas dues à l'absence de structuration de votre secteur d'activité par l'Etat ?

C'est tout à fait vrai. Et nous attendons beaucoup de l'Etat afin qu'il puisse légaliser les choses. Que l'Etat agrée les transporteurs au sens propre du terme. N'importe qui ne devrait pas se lever du jour au lendemain pour se proclamer transporteur. Malheureusement c'est ce qui est constaté. Il suffit pour eux d'aller à la Société nationale des transports terrestres (Sonatt), de payer un droit, on vous remet une carte et vous êtes transporteur. Ils ont souvent un camion, 3 ou 10 et ils se proclament transporteurs. Ce sont des situations incommodes qui créent l'anarchie dans notre milieu.


Après cette concurrence déloyale que vous subissez de la part du secteur informel, quelles autres difficultés rencontrez-vous ?

Citons premièrement les tracasseries routières. Les forces de l'ordre ne nous font pas de cadeaux, malgré le fait que nous ayons toutes les pièces à jour. Certaines personnes nous suggèrent souvent de faire escorter nos camions. Mais écoutez ! On ne peut pas fonctionner ainsi dans un Etat qui se veut sérieux. Nous payons les cartes de stationnement, les patentes, les assurances, les visites techniques. Alors nous ne pouvons pas attendre ou louer un agent pour convoyer nos marchandises. Nous pouvons comprendre que ces choses soient des mesures provisoires. Mais on ne peut prospérer dans ce sens. Pour moi, les escortes perturbent beaucoup notre façon de travailler. Il faut ajouter à cela l'état de la route. Principalement le tronçon San Pedro-Abidjan est impraticable. Nous achetons beaucoup de pièces détachées pour les interventions mécaniques sur nos camions. Ensuite, il y a les coupeurs de routes qui semblent gagner du terrain dans leurs actes ignobles. Puis, il y a des problèmes avec certains chauffeurs. Ceux qui sont de mauvaise moralité peuvent s'auto-attaquer ou détourner les marchandises. Enfin, il y a le fret qui demeure trop élevé.


Quels sont vos objectifs ?

Nous voulons être les meilleurs transporteurs. professionnaliser le secteur par notre attitude afin de montrer que c'est un métier noble. Et que ce n'est pas un métier de vagabonds ou de ceux qui ont raté leur vocation. Pour l'instant, nous sommes en Côte d'Ivoire et prévoyons atteindre l'hinterland en 2010. Nous attendons d'avoir de bons contrats pour mettre au service de ces pays nos compétences.


Le grand prix des transports a eu lieu en début du mois. Un commentaire ?

C'est très bien que de penser aux transporteurs. Nous méritons d'être reconnus et récompensés. C'est un métier très difficile. Je dirais que c'est l'un des métiers les plus stressant. Dans le transport tout est urgent. Tout comme le métier des ambulanciers. Il faut acheminer les marchandises, les sécuriser et les livrer à temps. Je remercie les initiateurs du grand prix des transports. Au niveau de la musique, il y a plusieurs distinctions, alors qu'ils travaillent peu par rapport à nous. Le grand prix des transports permet de féliciter les professionnels au milieu d'un parterre d'informels. Et c'est ce qui est réjouissant.


Un appel à lancer aux autorités ?

Nous les invitons à s'impliquer davantage dans notre secteur. Et que notre ministère de tutelle fasse la différence entre les transporteurs professionnels et ceux de l'informel. Et qu'il montre que quiconque ne peut se lever et être transporteur. Notre milieu doit être régi par des lois plus sérieuses et plus draconiennes que celles que nous avons. Il faudrait réellement filtrer notre milieu et empêcher n'importe qui d'y pénétrer, car c'est un métier noble. Je vous remercie.

Entretien réalisé par Yenon R. Assi
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