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Économie Publié le lundi 8 février 2010 | Nord-Sud

Les cadavres pourrissent à la morgue

Même les morts ne sont pas épargnés par le délestage qui sévit en ce moment. L'atmosphère est terrifiante dans les environs de la morgue du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Bouaké. Impossible de passer tout près de ce site sans se boucher le nez. Une odeur nauséabonde et insupportable s'est répandue dans l'air. «On n'arrive plus à respirer dans le périmètre de la morgue depuis que le courant est régulièrement interrompu. On sent régulièrement l'odeur de corps en putréfaction», déplore l'un des vigiles trouvé sur place. Des parents qui veulent donner une sépulture noble et décente à leurs cadavres, sont obligés de les faire sortir plus tôt que prévu. Quand le pire arrive, on se débat comme on peut pour obtenir le plus vite possible, l'autorisation d'inhumer. C'est le constat fait sur place dans l'enceinte de l'hôpital. De nombreux corps, selon des témoins, sont sortis frauduleusement. Le mal est né du délestage en cours, explique un agent qui a requis l'anonymat. Selon lui, la morgue équipée d'un groupe électrogène, a besoin de 70 litres de carburant par heure pour fonctionner. Mais, il se trouve que le groupe vétuste tombe régulièrement en panne. Sans compter les difficultés qu'il y a à trouver du carburant. Joint au téléphone, l'un des directeurs régionaux de la santé, Dr Kouyaté Karim, a rassuré que «tout va bien à la morgue de Bouaké. Le seul problème est relatif aux corps sans parents qui sont au nombre de 13. En attendant de faire des recherches à leur niveau, il arrive que de nouveaux corps prennent leur place dans les tiroirs. Une fois dehors, il peut avoir des putréfactions le temps des délestages.» Mais, les populations riveraines craignent que ce problème ne soit à l'origine d'une épidémie. «Je suis passé là ce matin, ça ne sentait pas la rose. Nous craignons pour notre santé», s'inquiète Mme Jacqueline N. Selon des informations en notre possession, les hôpitaux devraient être épargnés des délestages. La réalité est tout autre.

Adélaïde Konin
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