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Politique Publié le jeudi 11 février 2010 | Fraternité Matin

Vavoua, Man, Katiola : Leçons de folles journées de destruction

Un habitant de Vavoua n’a pas caché mardi son émoi face à l’ampleur des dégâts causés par les manifestants du Rhdp. « Avec ce que je viens de voir-là, on ne peut pas dire que la guerre est finie », nous avait-il déclaré par téléphone quelques heures après le déroulement des incidents.

Il s’est agi de l’incendie de la sous-préfecture centrale de Vavoua, de la mise à sac des sous-préfectures de Dania et Séitifla délocalisés à Vavoua de même que la résidence du sous-préfet central, de la préfecture, du commissariat et de la gendarmerie. Hier, la vie a normalement repris dans la localité, selon des habitants joints par téléphone. Tous demeurent, néanmoins, sous le choc de ces évènements qu’ils croyaient relever désormais du passé.

Des incidents similaires se sont produits ces derniers temps à Man, Katiola et Divo où des locaux de la justice ont été saccagés par des manifestants qui, comme à Vavoua, avaient dit protester contre la demande de radiation de la liste électorale de personnes dont la citoyenneté ivoirienne était problématique.

Qu’il s’agisse de Man, Katiola, Divo ou Vavoua, l’on constate que le processus de sortie de crise qui semblait bien évoluer comportait, hélas quelques pièges révélés aujourd’hui au grand jour. Ces pièges, ce sont ces incidents causés par les clans politiques à la recherche de voix pour leurs candidats respectifs.

Du coup, l’on cesse de penser Patrie, cette Côte d’Ivoire une et indivisible qui se remet d’une grave crise. L’on cesse de mettre en avant les voies et moyens d’en sortir pour ne privilégier que des intérêts partisans. Ainsi, tout ce qui a été engagé au nom de la paix est aujourd’hui menacé par ce vent de violence autour du contentieux électoral.

A Vavoua, les éléments du Centre de commandement intégré (Cci) au nombre d’une centaine environ (70 agents de police dont 35 Fds et 25 Fafn, puis 25 gendarmes : 10 Fds et 15 Fafn) ont eu des sueurs froides, mardi, face à des manifestants surexcités dont certains porteraient des armes à feu.

C’est, du reste, ce qui ressort de certains témoignages. «Nous sommes environ 70 policiers et 25 à 30 gendarmes Cci et personne d’entre nous ne porte une arme sur lui », nous a confié un membre du Cci par téléphone. « Je pense qu’il est temps qu’on revoie notre mission pour qu’on ne vive pas les mêmes difficultés qu’en 2002 lorsque la guerre avait éclaté», renchérit-il.

Avec ces explications, on pourrait se demander quelle est véritablement la mission assignée à des agents de sécurité sans arme dans une zone où le désarmement des personnes portant illégalement des armes n’est pas effectif? «On nous fait croire que les gens ont été désarmés mais ici, c’est le contraire», affirme un autre témoin.

Contre qui les agents du Cci peuvent-ils agir et avec quels moyens ? L’on comprend aisément pourquoi, face à l’ampleur des évènements, lesdits agents ont préféré se replier sur leur base à Bouhitafla où les manifestants auraient tenté de les rejoindre pour s’en prendre aux autorités administratives qui y ont trouvé refuge avant de quitter la ville.

A Bouaké, le préfet Aka Konin n’a cessé de dénoncer la mainmise des Forces nouvelles sur les zones dans lesquelles des préfets et sous-préfets résident, pourtant, en tant que prolongement de l’Etat.

Idem pour les agents du Cci qui observent, impuissants, tout ce qui se passe sous leurs yeux, s’en remettant tout au plus à l‘intervention des Forces armées des forces nouvelles (Fafn). Ce sont ces forces qui, pour disperser les manifestants, ont dû tirer en l’air, comme le témoignait hier un agent. Avant d’ajouter qu’après les forfaits des marcheurs, un capitaine des Fafn est arrivé de Séguéla dans l’après-midi avec un contingent pour renforcer les éléments de Vavoua.

Ce capitaine, au dire de nos informateurs, s’est excusé auprès de ses collèges du Cci pour les débordements qu’il y a eu au cours de la marche, faute d’avoir pu canaliser les marcheurs, tâche qui incombait donc aux Fafn.

Que fait donc le Cci dans les zones Cno, sauf qu’à s’exposer à des sévices le jour où des manifestants, non contents d’avoir saccagé tous les symboles de la République, voudraient s’attaquer également aux agents de l’Etat à commencer par les éléments des Fds comme en 2002?

Loin de nous toute idée de réveiller les démons de la guerre et de la division. Il s’agit d’attirer l’attention de tous sur les faiblesses d’un processus qui a tout l’air d’être un simple leurre plutôt qu’une véritable volonté de désarmer les cœurs, les esprits et les bras pour aller effectivement à la paix. Une paix vraie et durable.


Abel Doualy
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