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Région Publié le vendredi 12 février 2010 | L’expression

Korhogo : Délestage dans la Cité du Poro - Les Chinois volent au secours des populations

Mercredi 10 février. Il est 19h. Au quartier Koko. Lacina Sylla, ferronnier est encore au travail. Tant bien que mal, il essaie de rattraper le temps perdu de la journée. Pour son atelier de soudure, il a besoin d’électricité. Il rouspète : « Au moment où les pères de famille regagnent leur domicile, c’est en ce moment que je m’apprête à travailler.» Coupée toute la journée, l’électricité n’est revenue qu’après 18h, obligeant tous les secteurs de petits métiers qui travaillent avec le courant à réaménager leur temps de travail. « Pendant la journée, on vient à l’atelier pour dormir. Il n’y a pas de courant. On ne peut rien faire. Quand nous avons la chance que l’électricité revient, on essaie de travailler jusqu’à 22h », a dit Sylla Lacina. Et de poursuivre : « le manque à gagner est grand. Les travaux que nous faisons la nuit, ce sont les travaux qui nous avaient été demandés depuis longtemps. Mais les petits travaux de la journée ne peuvent pas être faits. On ne sait pas comment avoir l’argent de popote. Tout est foutu. En effet, plus d’une semaine après le délestage, tout tourne au ralenti. Les travailleurs sont obligés d’adapter leur travail à la variation du courant. « Nous souffrons avec cette histoire de coupure de courant dont on ne comprend pas grand-chose. Dites aux autorités qu’elles nous font trop de tort. C’est un péché d’Israël. A cause de ce problème, on a du mal à regarder la famille en face. L’autorité parentale que nous incarnons est en train de foudre le camp puisqu’on ne donne plus régulièrement l’argent de popote», se lamente Sylla. Même son de cloche chez Coulibaly Soualio qui travaille dans la carrosserie. « Vous m’avez trouvé couché en train de dormir. C’est comme cela depuis le début de cette affaire. Et c’est tant bien que mal qu’on essaie de travailler en nocturne. Mais, j’avoue que ce n’est pas aisé pour nous. On travaille dans des conditions assez difficiles. Même avec la baladeuse, on a du mal à voir pour travailler correctement », se lamente-t-il. « On ne fait plus de recettes. Actuellement, je ne sais pas où donner de la tête. Ma femme vient d’accoucher par césarienne et l’ordonnance qu’on m’a tendue (il sort l’ordonnance et la présente), je ne peux pas y faire face », se plaint Coulibaly Soualio.
Pour Silué Kparatchogo, vendeur de journaux, la vente a pris un sérieux coup. « Les journaux arrivent ici dans la soirée. Des fois à des moments où on n’a pas l’électricité. C’est à la descente du service que les lecteurs viennent s’approvisionner. Mais comment vont-ils lire ? Le lendemain, ce n’est pas évident qu’ils achètent les journaux parce qu’ils considèrent l’information caduque.» Certaines banques sont durement frappées par le délestage. Et leurs clients en pâtissent. « Je suis venu pour un retrait au guichet automatique, mais à cause des coupures intempestives, je n’y arrive pas. Et cela dure déjà deux jours. Je ne veux pas prendre de risque pour faire un retrait la nuit quand le courant est de retour à la rue des banques», se lamente un client d’une banque de la place. Silué Kparatchogo, le vendeur de journaux dit ressentir cela avec acuité. « Ma photocopieuse qui servait aux clients des banques ne sert plus à rien. Au moins chaque jour les clients des banques venaient faire des copies », regrette-t-il.
« Pour nous enseignants, il nous est difficile de préparer les cours. Les travaux d’impression des évaluations sont assujettis aux humeurs du courant », remarque Daniogo Mamadou, professeur d’Anglais au Lycée Houphouët.
Les domiciles, eux, ont trouvé une solution intermédiaire. En effet, les populations ont importé l’électricité chinoise dans leurs différentes maisons. Les lampes à pile, les torches ont remplacé l’électricité. Appelées lampes ou torches chinoises, ces appareils fonctionnent à base de piles et éclairent bien les maisons. « Je me suis pris trois lampes qui ressemblent à des lampes tempêtes, mais elles fonctionnent avec des piles », a dit un habitant de la ville. Même si les prix ont flambé, les populations en raffolent et font des installations dans leur maison comme si c’était le courant de la Cie. « Je suis à mon troisième paquet de piles. Mais ça va », explique Koné Michel, instituteur. Les moins nantis se contentent de bougies qu’ils trouvent abordables. Les gros bonnets de la ville se ruent sur les groupes électrogènes.
Tout le monde continue de croiser les doigts car jusqu’à présent, il n’y a pas encore eu de drame signalé au centre hospitalier régional de Korhogo. Car le groupe électrogène de ce centre de santé a une capacité de 250l. En alimentant seulement les services de la chirurgie, de la gynécologie et de la morgue, les 250 l sont grillés en 9h. « Nous n’avons pas prévu ces coupures de longue durée et donc il n’y a pas de budget prévu pour cela. Au moment où je vous parle, nous attendons du carburant, car nous n’en avons pas », a confié un responsable de l’administration.

Mazola
Correspondant régional
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