Comme une traînée de poudre, la fièvre d’épuration de la liste électorale avait commencé à s’emparer de tout le pays, avant d’être stoppée par le Gouvernement vu la tournure sanglante qu’elle prenait. A l’instar des villes de l’intérieur qui ont donné de sérieuses frayeurs aux Ivoiriens ces derniers jours, la grande commune de Yopougon, était prête à entrer dans la danse, n’eût été la suspension de ce processus qui a connu, disons-le, de graves dérives par la faute du FPI et ses animateurs locaux. En effet, il est su de tous que le Tribunal de première Instance de Yopougon a reçu plus de quatorze mille (14.000) demandes de radiations d’électeurs de la liste électorale, formulée par le FPI par le biais de ses apparatchiks et bras séculiers. Des réclamations issues des communes qui dépendent de la Juridiction de Yopougon. Dans la seule commune de Yopougon, ce sont au bas mot trois mille (3.000) électeurs qui ont été recensés sur la liste noire du Front populaire ivoirien et déposés sur la table du Procureur Rouba Daléba. Une véritable bombe à retardement en raison de la colère et l’indignation qui animent actuellement les victimes de cette lâche opération du FPI. La méthode est connue de tous. Nuitamment, des individus se rendent aux lieux d’affichage de la liste électorale provisoire, recopient les noms de citoyens dont ils réclament la radiation. Sans preuve de leurs accusations, et sans même passer par la CEI tel que le recommandent les textes réglementaires, mais seulement oints de leur appartenance au parti au pouvoir, ils se rendent directement au Tribunal dont dépend la localité. Nul doute que le parti frontiste conscient qu’il ne peut gagner les élections à la loyale, entend par ces méthodes déloyales à retirer des citoyens de la liste électorale soupçonnés d’être favorables à un adversaire, en l’occurrence, le Dr. Alassane Dramane Ouattara. Quelques victimes de leur politique d’épurations que nous avons rencontrées, sont très révoltées. Aveuglés par la haine qu’ils ont pour ces gens qu’ils accusent de frauder la nationalité ivoirienne, les responsables du FPI à Yopougon sont tombés dans le ridicule. Sinon, comment comprendre que des fonctionnaires, des agents de force de l’ordre, agents de l’Etat, qui ont servi ou continuent de servir la Nation ivoirienne, soient considérés aujourd’hui par les « dénonciateurs professionnels » du FPI, comme étant des étrangers. Par exemple, dans le centre de collecte de l’Institut Froebel, les missionnaires du FPI ont décidé, entre autres, que Fama Louis Eric, Fadiga Karamoko, Fatou Diaby, Housein Ouattara, Kaba Taïfour (journaliste bien connu), Samassi Aïssata, Samassi Moutar etc. sont désormais des étrangers. Par cette fantaisie, ce sont au total, plus de 3.000 personnes qui sont dans ce cas. Ainsi, par la volonté de quelques quidams et des «juges aux ordres», des Ivoiriens deviennent en pleine journée, des apatrides. Pis, ces victimes ont, non seulement les pièces administratives (carte d’identité verte, certificat) qui attestent de leur nationalité ivoirienne, mais aussi ont, pour la plupart voté en 2000, et elles figurent bel et bien sur la liste électorale (Voir fac-similé). Or, l’un des points d’ogre de l’accord politique de Ouagadougou est que tous ceux qui sont sur la liste électorale de 2000, sont d’office ivoiriens. En conséquence, leur inscription sur la liste électorale présente ne saurait souffrir d’aucune contestation sauf en cas de décès ou de perte de doit civique. Pourtant, les chasseurs d’étrangers du candidat de la minorité présidentielle n’ont pas voulu tenir compte de ces éléments pour les cas de M. Arounan Silla, éducateur au Lycée Moderne d’Andokoua à Yopougon, président de la Mutuelle de développement de N’Golobilasso, dans le département de Madinani, qui est à sa 27e année de service pour l’Etat de Côte d’Ivoire. et qui a régulièrement voté comme le témoigne sa carte d’électeur de 2000 ; il en est de même pour M. Traoré Vatogoma, professeur de Sciences physiques au Lycée moderne Harris d’Adjamé depuis 1986, originaire de Blésségué, dans la sous-préfecture de Kouto (Boundiali) et qui vote régulièrement depuis 1995, il porte sur lui sa carte d’électeur de 2000 (voir fax). Où va donc conduire le pays, cette folie des séides de Laurent Gbagbo ? Droit dans le mur !
Ibrahima B. Kamagaté
Ibrahima B. Kamagaté