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Économie Publié le mardi 16 février 2010 | Nord-Sud

Grève dans les transports : Les forces de l`ordre bouclent le terrain

Le mouvement de grève initié par les transporteurs a échoué. Ils se sont laissés prendre au piège.


Les décisions de l'assemblée générale extraordinaire tenue deux jours auparavant par la Coordination nationale des gares routières étaient sans équivoques. Les transporteurs décident de suivre le mot d'ordre et de ne prendre aucun client. Les chauffeurs de taxi, aussi bien de la capitale que de toutes les autres villes et agglomérations du pays, participent au débrayage pour exprimer, une énième fois, leur ras-le-bol devant la situation qu'ils endurent. Malheureusement, le mouvement de grève lancé lundi n'a pas connu le succès escompté. Des milliers de chauffeurs, à bord de leurs véhicules ont vaqué tranquillement à leurs occupations, arpentant les artères de la capitale économique, comme d'habitude. Parmi eux, Mamadou Ouattara qui, en milieu de journée, a déjà transporté des dizaines de clients. Selon lui, la journée avait mal débuté mais les clients ont commencé à affluer vers 11 heures. Lorsque nous l'empruntons pour nous rendre au Plateau, il ressemble à un homme un peu contrarié. «C'est sur ce trajet que je prends un maximum de clients», dit-il en souriant. Mais il ne peut s'empêcher d'aborder la question que lui et ses collègues discutent depuis quelques jours, celle d'observer la grève pour atteindre leur objectif : régler les problèmes qui minent le quotidien de la corporation notamment les hausses intempestives du carburant et les tracasseries routières.
«Les syndicats nous ont tous contactés pour expliquer la décision d'observer la grève. Le bouche-à-oreille a aussi fait son effet», dit-il, s'arrêtant au feu rouge du carrefour d'Attécoubé. Si le mouvement n'a pas pris, dit-il, c'est à cause de l'environnement particulièrement hostile créé par les autorités qui ont fini par avoir raison des ardeurs des candidats à la grève. En effet, les premières heures de la journée ont vite renseigné sur le ton qu'allait prendre cette grève tant attendue. Un important dispositif policier a été déployé dans différents endroits stratégiques de la ville d'Abidjan. A Yopougon, les carrefours Siporex et Sable ont été quadrillés par deux détachements composés d'élèves-policiers armés de fusils d'assaut et de gaz lacrymogènes. A Abobo, les forces de l'ordre ont pris leur quartier au rond-point de la gare et au carrefour de Samaké. A Adjamé, la gendarmerie effectue des patrouilles un peu partout. Ce remue-ménage a vraisemblablement dissuadé les groupuscules qui tentaient de se former pour passer à l'action.

Le «coup» de Gervais Coulibaly !

«Il est temps que les autorités nous écoutent et nous facilitent notre travail. Les chauffeurs se débrouillent seuls pour régler leurs problèmes. Nous croulons sous la misère et n'arrivons pas à prendre en charge nos impôts à cause du prix du carburant et des pièces de rechange. Il est temps que tout cela cesse», s'emporte un chauffeur de Gbaka. Il rappelle, néanmoins, que certains chauffeurs ont décidé de perturber la grève. Des sons discordants en provenance de ces groupements auraient semé le trouble dans l'esprit de la corporation, démobilisant les acteurs à la base. En fait, la veille, un groupe de chauffeurs est passé sur la chaîne publique, pour désamorcer la bombe en invitant les transporteurs à ne pas garer leurs outils de travail. Ils ont expliqué qu'un terrain d'entente avait été trouvé avec les pouvoirs publics. Selon certaines sources, le «coup» a été monté par le porte-parole du chef de l'Etat, Gervais Coulibaly. Celui-ci a tenu une réunion avec ces syndicats au cours de laquelle il aurait «mouillé la barbe» des responsables qui ont accepté de se saborder. Quoi qu'il en soit, il a obtenu le reniement de ces chauffeurs en colère. Conséquences, les transporteurs n'ont pas trouvé de solutions complètes à leurs vraies revendications relatives notamment aux prix du carburant qu'ils jugent trop élevés. Les opérateurs estiment que le litre de carburant doit être ramené à 500 Fcfa au lieu de 615 Fcfa actuellement. En définitive, cette journée aura été un nouvel échec pour cette corporation qui, depuis des années, lance les mêmes revendications sans résultat. Selon le président de la Coordination nationale des gares routières, Adama Touré, toutes les tentatives de dialogue avec les autorités concernées ont généralement échoué à cause des divisions internes. Il s'agit principalement de l'éradication des tracasseries routières, de la remise à plat des tarifs du carburant accumulées au fil des années, de la révision du système fiscal et du gel de nouvelles lignes empruntées par les woro-woro intercommunaux. Les chauffeurs de taxis-compteurs revendiquent aussi la réactivation de la commission nationale technique chargée de prendre en charge la réglementation du transport intercommunal.

Lanciné Bakayoko
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