Les déboires conjugaux commencent en décembre 2009, soit cinq ans après avoir prononcé à l’hôtel communal de Cocody le «Oui» devant le maire. Kouamé Patrice est un homme meurtri, désemparé et déboussolé. Les virées nocturnes de son épouse troublent son sommeil. En l’absence de preuves matérielles, ce cadre financier et comptable de 47 ans soupçonne son épouse d’entretenir des relations adultérines. Patrice travaille dans une société prospérant dans le domaine des produits pétroliers. « Je suis marié avec mon épouse depuis le 17 décembre 2005. Mais je soupçonne ma femme d’infidélité. A maintes reprises, j’ai eu des discussions avec elle. Mon épouse continue de nier les faits », affirme l’argentier de l’entreprise, ajoutant que sa femme menace de divorcer parce qu’elle estime qu’il ne lui faisait plus confiance. Pour en avoir le cœur net, Patrice expose le sujet à son pasteur répondant au nom de Kodjo Sampoug. C’est lui qui conseille à « sa brebis » d’engager un détective privé pour filer l’épouse « infidèle ». Le pasteur s’implique alors activement dans la recherche de l’enquêteur. Il met le mari en contact avec Abédy Marcel, censé recueillir le maximum de renseignements sur les virées de dame Kouamé. « J’ai connu Samuel en octobre 2009. Il m’a dit qu’il exerce comme détective privé. J’ai décidé de collaborer avec lui en lui confiant le dossier de Kouamé Patrice. Celui-ci avait des problèmes de foyer. Il avait des doutes sur sa femme qu’il suspectait d’entretenir des relations extraconjugales », souligne l’homme de Dieu. Le contact est donc établi. Marcel réclame la somme de 500.000 Fcfa à Patrice pour ses prestations. Séance tenante, le directeur financier lui fait une avance de 250.000 Fcfa en présence du pasteur. Les premiers éléments de l’enquête, selon le pasteur, sont probants. Dans la mesure où, Marcel détient des photos montrant l’épouse en compagnie de son amant. « Nous nous sommes retrouvés avec Marcel pour faire le point de la situation. Au lieu de montrer des photos, il m’a fait un récit oral des renseignements qu’il avait recueillis. Il m’a fait part des véhicules qui venaient chercher mon épouse. J’ai trouvé ses affirmations sans preuves. Selon lui, ma femme se rendait dans un domicile à la Riviéra 2 chez un homme. Marcel m’a aussi parlé d’un hôtel à Port-Bouët où elle se rendrait régulièrement. Mais toutes ces affirmations manquaient de preuves matérielles », se désole Patrice, estimant que le détective privé avait bâclé le boulot, il rompt le contrat.
Des preuves invisibles !
Marcel, explique-t-il, ne m’a pas donné satisfaction car il s’est contenté de communiquer des informations verbales sans preuves à l’appui. Par conséquent, le cadre financier refuse de verser le reliquat de la somme convenue. Une décision qui irrite Marcel. Il s’en prend au pasteur qu’il qualifie « de traître » et menace de divulguer les informations en sa possession dans la presse si Patrice maintient son refus. Pour traduire sa menace, il envoie plusieurs sms (messages électroniques) sur le téléphone portable de l’homme de Dieu. Mais Marcel va plus loin et affirme ceci : « Je suis le collaborateur du prophète Kodjo Sampoug qui me confie des missions occultes. Il s’agit de faire converger beaucoup d’adeptes dans son église afin qu’il gagne de l’argent. J’ai effectué plus d’une fois des missions pour lui au Nigéria en allant adorer des fétiches afin que s’il fait une vision sur un fidèle et qu’il demande pour sa délivrance de l’argent que ce dernier obtempère. Toutes les deux semaines, je fais des sacrifices pour lui. Mais quand il a eu assez d’argent il ne m’en donne pas. Nous avons eu des brouilles. Pour se dédouaner, il m’a dit qu’il avait une affaire qui me ferait gagner de l’argent. C’est ainsi qu’il m’a confié le dossier de Kouamé Patrice. En réalité, je ne suis pas un détective privé. C’était une façon de soutirer de l’argent à Patrice».
Les relations entre Patrice et le pasteur se dégradent profondément à telle enseigne que le pseudo détective ne porte plus de gang pour accuser son mentor d’être l’instigateur de cette affaire. « Je n’ai eu aucune révélation sur dame Kouamé. C’est plutôt le pasteur qui a menti sur la pauvre femme. Il voulait tout simplement soutirer de l’argent à M. Kouamé», confie-t-il. L’affaire se déporte le 6 février à la brigade de gendarmerie d’Adjamé. Marcel est accusé d’escroquerie et de chantage par Patrice et le pasteur. Selon la victime principale (Patrice), Marcel a été incapable de lui donner des résultats probants sur la mission pour laquelle il lui a versé 250.000 Fcfa. Pis, celui-ci, aux dires du plaignant, lui avait fait une nouvelle proposition. « Il m’a proposé de faire un fétiche pour qu’aucun homme n’aille avec ma femme. Il m’a demandé de lui remettre le reste de son argent et de lui louer une mobylette. Ce que j’ai refusé car il m’avait déjà déçu», indique-t-il dans sa déposition. Quant au pasteur, il soutient que Marcel l’a bel et bien menacé car, selon lui, il était de connivence avec le directeur financier. « Il m’a envoyé plusieurs messages par sms en me menaçant de mort. Il s’est même rendu dans l’une de mes paroisses pour me dénigrer auprès des fidèles. Il a exigé que je lui remette les 500.000 Fcfa sinon il diffuserait des informations sur moi dans les journaux et auprès de la communauté ghanéenne. Un de ses messages fait état de ce que le Premier ministre ivoirien enverrait des gens m’arrêter. Tout ce chantage visait à me nuire et à jeter un discrédit sur mon église », se convainc l’homme de Dieu. Selon lui dans la nuit du lundi 2 février à 2 h des inconnus ont attaqué son domicile. « Mes soupçons portent sur Samuel puisqu’il avait brandi une menace contre ma vie », soutient-il. Le mis en cause rejette en bloc les accusations affirmant que c’est bien le pasteur qui lui donne des idées mensongères et l’envoie auprès de ses fidèles pour qu’ils croient en ses capacités de délivrance et en retour, ceux-ci doivent débourser assez d’argent pour l’œuvre de Dieu. « Je n’ai jamais menacé de mort ni le pasteur ni M. Kouamé. C’est le pasteur qui ment pour me créer des ennuis parce qu’il me doit. Il m’a promis 1.500.000Fcfa. Je précise que je ne connais rien dans le domaine de détective privé. C’est le prophète Kodjo Sampoug qui m’a appelé à son service pour me demander de convaincre les gens à sa mission afin qu’ils viennent le consulter. C’était mon rôle auprès de lui », précise Marcel. L’affaire passe en jugement le 17 février au tribunal des flagrants délits du Plateau. Le prévenu se ravise. Il plaide coupable et demande la clémence du juge. Son plaidoyer est accepté car le tribunal ne le condamne qu’à 2 mois avec sursis assortis de 50.000 Fcfa.
Une enquête réalisée par Ouattara Moussa
NB : Les noms ont été changés pour préserver l’intimité des acteurs.
Des preuves invisibles !
Marcel, explique-t-il, ne m’a pas donné satisfaction car il s’est contenté de communiquer des informations verbales sans preuves à l’appui. Par conséquent, le cadre financier refuse de verser le reliquat de la somme convenue. Une décision qui irrite Marcel. Il s’en prend au pasteur qu’il qualifie « de traître » et menace de divulguer les informations en sa possession dans la presse si Patrice maintient son refus. Pour traduire sa menace, il envoie plusieurs sms (messages électroniques) sur le téléphone portable de l’homme de Dieu. Mais Marcel va plus loin et affirme ceci : « Je suis le collaborateur du prophète Kodjo Sampoug qui me confie des missions occultes. Il s’agit de faire converger beaucoup d’adeptes dans son église afin qu’il gagne de l’argent. J’ai effectué plus d’une fois des missions pour lui au Nigéria en allant adorer des fétiches afin que s’il fait une vision sur un fidèle et qu’il demande pour sa délivrance de l’argent que ce dernier obtempère. Toutes les deux semaines, je fais des sacrifices pour lui. Mais quand il a eu assez d’argent il ne m’en donne pas. Nous avons eu des brouilles. Pour se dédouaner, il m’a dit qu’il avait une affaire qui me ferait gagner de l’argent. C’est ainsi qu’il m’a confié le dossier de Kouamé Patrice. En réalité, je ne suis pas un détective privé. C’était une façon de soutirer de l’argent à Patrice».
Les relations entre Patrice et le pasteur se dégradent profondément à telle enseigne que le pseudo détective ne porte plus de gang pour accuser son mentor d’être l’instigateur de cette affaire. « Je n’ai eu aucune révélation sur dame Kouamé. C’est plutôt le pasteur qui a menti sur la pauvre femme. Il voulait tout simplement soutirer de l’argent à M. Kouamé», confie-t-il. L’affaire se déporte le 6 février à la brigade de gendarmerie d’Adjamé. Marcel est accusé d’escroquerie et de chantage par Patrice et le pasteur. Selon la victime principale (Patrice), Marcel a été incapable de lui donner des résultats probants sur la mission pour laquelle il lui a versé 250.000 Fcfa. Pis, celui-ci, aux dires du plaignant, lui avait fait une nouvelle proposition. « Il m’a proposé de faire un fétiche pour qu’aucun homme n’aille avec ma femme. Il m’a demandé de lui remettre le reste de son argent et de lui louer une mobylette. Ce que j’ai refusé car il m’avait déjà déçu», indique-t-il dans sa déposition. Quant au pasteur, il soutient que Marcel l’a bel et bien menacé car, selon lui, il était de connivence avec le directeur financier. « Il m’a envoyé plusieurs messages par sms en me menaçant de mort. Il s’est même rendu dans l’une de mes paroisses pour me dénigrer auprès des fidèles. Il a exigé que je lui remette les 500.000 Fcfa sinon il diffuserait des informations sur moi dans les journaux et auprès de la communauté ghanéenne. Un de ses messages fait état de ce que le Premier ministre ivoirien enverrait des gens m’arrêter. Tout ce chantage visait à me nuire et à jeter un discrédit sur mon église », se convainc l’homme de Dieu. Selon lui dans la nuit du lundi 2 février à 2 h des inconnus ont attaqué son domicile. « Mes soupçons portent sur Samuel puisqu’il avait brandi une menace contre ma vie », soutient-il. Le mis en cause rejette en bloc les accusations affirmant que c’est bien le pasteur qui lui donne des idées mensongères et l’envoie auprès de ses fidèles pour qu’ils croient en ses capacités de délivrance et en retour, ceux-ci doivent débourser assez d’argent pour l’œuvre de Dieu. « Je n’ai jamais menacé de mort ni le pasteur ni M. Kouamé. C’est le pasteur qui ment pour me créer des ennuis parce qu’il me doit. Il m’a promis 1.500.000Fcfa. Je précise que je ne connais rien dans le domaine de détective privé. C’est le prophète Kodjo Sampoug qui m’a appelé à son service pour me demander de convaincre les gens à sa mission afin qu’ils viennent le consulter. C’était mon rôle auprès de lui », précise Marcel. L’affaire passe en jugement le 17 février au tribunal des flagrants délits du Plateau. Le prévenu se ravise. Il plaide coupable et demande la clémence du juge. Son plaidoyer est accepté car le tribunal ne le condamne qu’à 2 mois avec sursis assortis de 50.000 Fcfa.
Une enquête réalisée par Ouattara Moussa
NB : Les noms ont été changés pour préserver l’intimité des acteurs.