Qu’on l’appelle maison d’arrêt et de correction, cachot, cellule, geôle, pénitencier, cabane, dépôt, bagne, trou, violon, boîte, chaîne, cage ou que l’on dise que tel est emprisonné ou encore en détention, en réclusion ou en prévention, cela revient platement à dire que l’on subit une peine d’incarcération infligée aux individus qui ne respectent pas les normes de la société et que l’on appelle prisonniers. C’est à l’une d’elles que notre équipe de reportage a rendu visite. Mais que de tristesse et de misère englouties dans un silence très perceptible, à côté d’un défilé de petites amies qui déploient tout leur arsenal de séduction à cette occasion. Reportage !
Yopougon. Il est 14 heures, ce vendredi 12 février. Le ciel abidjanais s’assombrit. L’ardent soleil fait place à la grisaille. A l’entrée de la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), l’ambiance est plutôt à la fête. Quatre gardes pénitenciers dont une dame en treillis, leurs armes à feu (kalachnikov) adossées au portail. Nous présentons les civilités et une fouille minutieuse s’ensuit. Les pièces d’identité sont récupérées pour être mis dans un carton. Le quatrième surveillant, cheveux blancs, qui fait office de « doyen » se charge de faire la fouille corporelle. Un jeune Mdl de la gendarmerie qui fait partie du détachement du Centre de commandement des opérations de sécurité (Cecos) nous conduit au bâtiment des femmes. Il se trouve derrière la cuisine et le garage. La porte du garage était hermétiquement fermée. Là-bas, les mécaniciens sont des détenus. Notre guide appelle Ibrahim, lui-même un prisonnier, il joue le rôle de geôlier. Celui-ci vient ouvrir la porte du garage. C’est le passage obligatoire pour avoir accès aux bâtiments des femmes. Une enseigne écrite en gravier indique « Bienvenue au bâtiment des femmes ». La porte métallique peinte en jaune clair est close. En compagnie du gendarme, nous frappons et une garde en treillis de teint noir vient ouvrir la porte. Deux bâches dressées à l’intérieur de la cour du bâtiment, des chaises et un tapis rouge plantent un espace. Une sono haut de gamme diffuse des décibels. Cette soirée-là est consacrée au lancement officiel des activités de Momo Che Couture ayant pour thème : Du désespoir à l’espoir. C’est un défilé de mode où des détenues ont été mannequins. Une première. Marguerite Kouassi une détenue fait office d’hôtesse. Nous nous approchons de cette charmante créature à la taille élancée. Difficile de résister à la flamme de son regard. Derrière cette beauté se cache une laideur. Elle purge une peine de six mois de prison pour avoir chipé des numéraires. Mais déjà, Marguerite a consommé deux mois de sa punition. Réservée, notre interlocutrice refuse dans un premier temps d’échanger avec nous. Mais au bout d’une dizaine minutes, elle accepte de communiquer. Marguerite nous confie ceci : « C’est Dieu qui m’a amenée en prison. Car, tout ce que nous faisons, il faut le mettre au compte du Tout-Puissant. Je n’ai aucun remords d’être en prison. Je me remets à l’Eternel car tout ce qu’il fait est bon ». Entre-temps, les invités au défilé de mode s’installent dans une ambiance festive. Nous apercevons certains détenus du scandale café-cacao. Il s’agit de Placide Zougrana et de Tapé Doh Lucien. Sans oublier le célèbre animateur de Radio nostalgie, Eric Didia Alias Roro. Nos échanges, partiellement interrompus, avec Marguerite reprennent. Pour reprendre la causerie, nous lui demandons à nouveau les raisons de son incarcération. « Je travaillais comme fille de ménage chez une dame à Marcory Résidentiel. Ma tutrice a reçu ses parents pour les fêtes de fin d’année. Quelques jours après leur arrivée, des cas récurrents de vol se sont signalés dans la maison. Les soupçons se sont portés sur moi. C’est ainsi que ma patronne m’a conduite au commissariat de police du 9ème arrondissement. J’ai été mise sous mandat de dépôt. Puis, j’ai été jugée et condamnée. Une condamnation qui j’ai rejetée car c’est sur la base de mensonges et de la mauvaise foi de ma patronne que je me retrouve ici. Donc, vous comprenez pourquoi je soutiens que c’est Dieu qui m’a amenée en prison », insiste-t-elle. Un garde pénitencier qui rôde tout autour des bâches nous épie souvent. Mais, la musique et le charme des mannequins détournent son attention. Cela ne nous empêche pas de continuer notre causerie. Selon Marguerite, la journée débute à 9 heures pour prendre fin à 16 heures. Le matin, les détenues, poursuit-elle, font la corvée. Il s’agit du nettoyage des cellules, faire la vaisselle, faire la lessive, prendre son bain et se rendre à l’atelier. Là-bas, les femmes s’adonnent à des activités socio-éducatives, à savoir la broderie, la couture et le tricotage. L’encadrement est assuré par vingt éducateurs spécialisés, cinq assistants sociaux, deux maîtresses d’éducation, trois surveillantes pénitentiaires et un régisseur des établissements. Nous revenons à midi, raconte Marguerite, pour faire la cuisine. A la différence des hommes, nous explique-t-elle, les prisonnières ont droit à des repas crus c’est-à-dire qu’elles reçoivent un bol de riz, du poisson, une cuiller d’huile et de la pâte d’arachide. « Chacune prépare sa nourriture sur du charbon de bois. Après le repas, nous retournons dans nos cellules. Dans chaque cellule, on peut avoir dix ou vingt détenues. Les lits sont en béton », affirme Marguerite.
Pourquoi la prison
Selon elle, toutes les détenues entrent
dans leur cellule à 16 heures pour en ressortir le lendemain à 9 heures. C’est le cycle de rotation. A la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), selon les statistiques de la direction du pénitencier, il y a 5.600 prisonniers de tous sexes confondus pour 1.500 places. Un chiffre qui donne des vertiges. La Maca compte à la date du 12 février 2010, 98 femmes placées sous mandats de dépôt, et 47 mineurs sous ordonnance de garde provisoire (Ogp). Interrogé sur le rôle de la prison, un assistant social qui a requis l’anonymat explique que le but des prisons varie selon les époques et surtout les sociétés. Selon lui, la plupart du temps, il s’agit de protéger la société des éléments dangereux, de décourager les gens qui ont l’intention de commettre à nouveau des actes interdits par la loi ; de rééduquer le détenu de manière à le réinsérer ; de soulager les victimes.
Un reportage de Bahi K.
N.B : Le nom de la détenue a été changé pour des raisons de sécurité
Yopougon. Il est 14 heures, ce vendredi 12 février. Le ciel abidjanais s’assombrit. L’ardent soleil fait place à la grisaille. A l’entrée de la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), l’ambiance est plutôt à la fête. Quatre gardes pénitenciers dont une dame en treillis, leurs armes à feu (kalachnikov) adossées au portail. Nous présentons les civilités et une fouille minutieuse s’ensuit. Les pièces d’identité sont récupérées pour être mis dans un carton. Le quatrième surveillant, cheveux blancs, qui fait office de « doyen » se charge de faire la fouille corporelle. Un jeune Mdl de la gendarmerie qui fait partie du détachement du Centre de commandement des opérations de sécurité (Cecos) nous conduit au bâtiment des femmes. Il se trouve derrière la cuisine et le garage. La porte du garage était hermétiquement fermée. Là-bas, les mécaniciens sont des détenus. Notre guide appelle Ibrahim, lui-même un prisonnier, il joue le rôle de geôlier. Celui-ci vient ouvrir la porte du garage. C’est le passage obligatoire pour avoir accès aux bâtiments des femmes. Une enseigne écrite en gravier indique « Bienvenue au bâtiment des femmes ». La porte métallique peinte en jaune clair est close. En compagnie du gendarme, nous frappons et une garde en treillis de teint noir vient ouvrir la porte. Deux bâches dressées à l’intérieur de la cour du bâtiment, des chaises et un tapis rouge plantent un espace. Une sono haut de gamme diffuse des décibels. Cette soirée-là est consacrée au lancement officiel des activités de Momo Che Couture ayant pour thème : Du désespoir à l’espoir. C’est un défilé de mode où des détenues ont été mannequins. Une première. Marguerite Kouassi une détenue fait office d’hôtesse. Nous nous approchons de cette charmante créature à la taille élancée. Difficile de résister à la flamme de son regard. Derrière cette beauté se cache une laideur. Elle purge une peine de six mois de prison pour avoir chipé des numéraires. Mais déjà, Marguerite a consommé deux mois de sa punition. Réservée, notre interlocutrice refuse dans un premier temps d’échanger avec nous. Mais au bout d’une dizaine minutes, elle accepte de communiquer. Marguerite nous confie ceci : « C’est Dieu qui m’a amenée en prison. Car, tout ce que nous faisons, il faut le mettre au compte du Tout-Puissant. Je n’ai aucun remords d’être en prison. Je me remets à l’Eternel car tout ce qu’il fait est bon ». Entre-temps, les invités au défilé de mode s’installent dans une ambiance festive. Nous apercevons certains détenus du scandale café-cacao. Il s’agit de Placide Zougrana et de Tapé Doh Lucien. Sans oublier le célèbre animateur de Radio nostalgie, Eric Didia Alias Roro. Nos échanges, partiellement interrompus, avec Marguerite reprennent. Pour reprendre la causerie, nous lui demandons à nouveau les raisons de son incarcération. « Je travaillais comme fille de ménage chez une dame à Marcory Résidentiel. Ma tutrice a reçu ses parents pour les fêtes de fin d’année. Quelques jours après leur arrivée, des cas récurrents de vol se sont signalés dans la maison. Les soupçons se sont portés sur moi. C’est ainsi que ma patronne m’a conduite au commissariat de police du 9ème arrondissement. J’ai été mise sous mandat de dépôt. Puis, j’ai été jugée et condamnée. Une condamnation qui j’ai rejetée car c’est sur la base de mensonges et de la mauvaise foi de ma patronne que je me retrouve ici. Donc, vous comprenez pourquoi je soutiens que c’est Dieu qui m’a amenée en prison », insiste-t-elle. Un garde pénitencier qui rôde tout autour des bâches nous épie souvent. Mais, la musique et le charme des mannequins détournent son attention. Cela ne nous empêche pas de continuer notre causerie. Selon Marguerite, la journée débute à 9 heures pour prendre fin à 16 heures. Le matin, les détenues, poursuit-elle, font la corvée. Il s’agit du nettoyage des cellules, faire la vaisselle, faire la lessive, prendre son bain et se rendre à l’atelier. Là-bas, les femmes s’adonnent à des activités socio-éducatives, à savoir la broderie, la couture et le tricotage. L’encadrement est assuré par vingt éducateurs spécialisés, cinq assistants sociaux, deux maîtresses d’éducation, trois surveillantes pénitentiaires et un régisseur des établissements. Nous revenons à midi, raconte Marguerite, pour faire la cuisine. A la différence des hommes, nous explique-t-elle, les prisonnières ont droit à des repas crus c’est-à-dire qu’elles reçoivent un bol de riz, du poisson, une cuiller d’huile et de la pâte d’arachide. « Chacune prépare sa nourriture sur du charbon de bois. Après le repas, nous retournons dans nos cellules. Dans chaque cellule, on peut avoir dix ou vingt détenues. Les lits sont en béton », affirme Marguerite.
Pourquoi la prison
Selon elle, toutes les détenues entrent
dans leur cellule à 16 heures pour en ressortir le lendemain à 9 heures. C’est le cycle de rotation. A la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), selon les statistiques de la direction du pénitencier, il y a 5.600 prisonniers de tous sexes confondus pour 1.500 places. Un chiffre qui donne des vertiges. La Maca compte à la date du 12 février 2010, 98 femmes placées sous mandats de dépôt, et 47 mineurs sous ordonnance de garde provisoire (Ogp). Interrogé sur le rôle de la prison, un assistant social qui a requis l’anonymat explique que le but des prisons varie selon les époques et surtout les sociétés. Selon lui, la plupart du temps, il s’agit de protéger la société des éléments dangereux, de décourager les gens qui ont l’intention de commettre à nouveau des actes interdits par la loi ; de rééduquer le détenu de manière à le réinsérer ; de soulager les victimes.
Un reportage de Bahi K.
N.B : Le nom de la détenue a été changé pour des raisons de sécurité