Séry Didogo Richard, sergent de police, fait partie d’un gang de quatre malfrats qui ont perpétré durant toute l’année écoulée une série de braquages de magasins et de domiciles. Séry n’est pas un citoyen ordinaire. C’est un flic censé assurer la sécurité des personnes et des biens. Mais ce sous-officier à la préfecture de police, au Plateau, utilisait son arme de dotation, un pistolet automatique Beretta, pour mener des attaques avec sa bande. Le dernier coup des malfrats remonte au 25 octobre 2009, au forum des marchés, à Adjamé. Ce jour-là, à 8 heures, Séry et ses complices arrivent dans le magasin de Nasser El Hassan en se faisant passer pour des clients à la recherche d’appareils électroménagers. Seul, Nasser vend ce type de marchandises à cet endroit. Le commerçant qui ne se doutait de rien, se met au service des pseudo-acheteurs. « Ils sont entrés dans la boutique. Parmi eux, il y a trois qui se sont dirigés vers les rayons. Puis, Séry a foncé droit sur moi. Il m’a dit qu’il voulait un appareil Dvd. Je me suis mis à sa disposition pour l’aider à faire un choix selon sa bourse », explique Nasser. Mais les choses prennent, en une fraction de seconde, une autre tournure. Séry sort son arme à feu cachée dans son blouson. Il la pointe sur la tempe de Nasser pendant que ses complices neutralisent avec des couteaux les employés et les vrais clients. Les braqueurs conduisent tout ce beau monde dans la pièce arrière du magasin, sauf la caissière. C’est elle, qui ouvre sous la menace de l’arme à feu de Séry la caisse où se trouvent 400.000Fcfa. « On venait d’ouvrir le magasin. La veille on avait viré une grande partie de l’argent des ventes de la semaine. Ils étaient furieux de constater qu’il n’y avait pas assez d’argent dans la caisse », indique l’opérateur économique, qui dévisage le cerveau de la bande, Séry Didogo Richard. Selon lui, il avait déjà aperçu l’individu dans son magasin une semaine avant le braquage. Après son forfait, la bande quitte les lieux à bord de son véhicule sans attirer l’attention. Elle agit en véritable professionnelle. Aucun tir ne retentit. « Je me suis directement rendu à la police criminelle pour porter plainte. Puis une enquête a été ouverte où moi et mes employés avons été auditionnés », confie l’infortuné commerçant. Les recherches de la police aboutissent en décembre 2009. Séry est épinglé mais le reste de la bande s’évade. Une procédure administrative est ouverte à l’encontre du sergent de police. « J’ai été écroué durant 15 jours à l’école nationale de police. Puis sur instruction du directeur général de l’école, j’ai été libéré. J’ai repris le service mais cela n’a pas duré. Puisque la police criminelle m’a appréhendé à nouveau », souligne le sous-officier, devenu chef de gang. Le 10 février l’affaire passe en jugement au tribunal des flagrants délits du Plateau. Séry est accusé de vol en réunion à main armée. Il plaide non coupable mais le prévenu se mélange les pédales lors de sa défense. «Je n’ai pas participé au braquage. Mon rôle lors de l’attaque était de faire le guet. J’avais mon arme de dotation sur moi. Tous les policiers gardent avec eux leur arme. Ils se déplacent partout avec leur arme à feu », se convainc-il, arguant qu’il n’a jamais participé à un quelconque braquage. Coup de théâtre ! L’avocat du plaignant indique que son client avait introduit une demande de retrait de sa plainte. « Mon client doute de l’identité réelle de son agresseur. Il ne réclame rien», bredouille le conseil. Mais cela n’entame en rien le déroulement du procès. Le ministère public est persuadé que le mis en cause est bien impliqué dans l’affaire. « Les faits sont têtus. Le prévenu vient de dire qu’il faisait le guet. Cela veut dire qu’il était présent sur les lieux. Lors de son audition à la police criminelle, il a indiqué qu’il était sous le coup d’une procédure administrative. En plus, le plaignant soutient qu’il a vu, une semaine avant l’attaque, l’accusé dans sa boutique. Autant de faits qui incriminent l’inculpé. Pour nous, il n’y a aucun doute sur sa participation effective au braquage. Nous demandons qu’il soit condamné à 20 ans fermes », requiert le parquet. Le juge entérine ce réquisitoire. Le tribunal déclare Séry coupable des faits de vol en réunion à main armée. Il prend la peine maximale de 20 ans de prison. « Vous avez 20 jours pour faire appel si vous n’êtes pas d’accord avec le jugement », signifie le juge au coupable.
Ouattara Moussa (Stagiaire)
Ouattara Moussa (Stagiaire)