Touche pas aux affaires de maman !
Flagrant délit du Plateau. Il est 13h55, le juge appelle le premier prévenu à la barre : Koné N’Dovoly Daouda. Il est là pour avoir proféré des menaces de mort à ses soeurs. Après la mort de maman, il a voulu garder pour lui seul l’héritage de celle-ci. C’est-à-dire, un congelateur, trois DVD, une télévision. Quand ses sœurs se sont opposées à cela, il a voulu les blesser avec un tesson de bouteille. Elles ont été contraintes de quitter le domicile familial pour se réfugier ailleurs.
- Koné N’Dovoly Daouda, appelle la juge.
- présent ! répond le prévenu.
C’est un homme, bien droit, bien coiffé, vêtu d’un tee-shirt et d’un pantalon Jeans qui se présente à la barre. Il a 37 ans et ressemble plutôt à un soldat. Le reste se passe de commentaire.
-Vous êtes accusé de menace de mort, reprend la magistrate.
-Oui.
-Vous reconnaissez les faits ?
-Bonjour Mme la juge. J’ai perdu ma mère. Je suis son premier fils, et...
Ça, tout le monde le sait.
-Vous reconnaissez oui ou non les faits ? lui demande la juge, l’air pressé.
- Je ne reconnais pas les faits. Mes sœurs se sont associées pour me frapper, parce que je leur ai dit de ne pas toucher à l’héritage de maman.
Le procureur intervient.
- Vous les avez menacées avec une bouteille cassée. A la police, vous avez reconnu cela.
- J’étais devant les autorités, il fallait que je dise ce que j’ai dans le cœur.
Le juge qui observe son dossier, demande :
- Comme-ça, vous êtes le seul fils de votre mère…
- Oui, je suis le seul fils de ma mère.
- Mais, vous avez un petit-frère du nom de Cissé.
- Quand on est petit, on n’a pas droit à l’héritage.
- Et vos sœurs aussi n’ont pas droit à l’héritage.
- Non.
- Pourquoi ?
- Parce qu’elles vont se marier et quitter un jour le domicile familial.
Le procureur n’en revient pas.
- Pourquoi c’est vous seul qui avez droit à l’héritage ?
- Parce que je n’ai rien.
- Et qui doit vous donner cet héritage ?
- La famille Koné.
- C’est qui la famille Koné ?
- C’est moi.
Dépassée, la juge met un terme à cette conversation qui tourne en rond.
- Ok. Mme le procureur, vos requisitions.
Après les réquisitions, on passe la parole à Daouda pour son dernier mot.
- La grande sœur de ma mère a tué ma mère et elle m’a traduit au tribunal…
- C’est ça votre dernier mot ?
- Euh…je demande pardon.
- Monsieur, sachez que l’héritage de votre mère appartient à tous ses enfants, conclut la juge.
Un mois ferme ! Et puis quoi encore !
Une sélection de Raphaël Tanoh
Flagrant délit du Plateau. Il est 13h55, le juge appelle le premier prévenu à la barre : Koné N’Dovoly Daouda. Il est là pour avoir proféré des menaces de mort à ses soeurs. Après la mort de maman, il a voulu garder pour lui seul l’héritage de celle-ci. C’est-à-dire, un congelateur, trois DVD, une télévision. Quand ses sœurs se sont opposées à cela, il a voulu les blesser avec un tesson de bouteille. Elles ont été contraintes de quitter le domicile familial pour se réfugier ailleurs.
- Koné N’Dovoly Daouda, appelle la juge.
- présent ! répond le prévenu.
C’est un homme, bien droit, bien coiffé, vêtu d’un tee-shirt et d’un pantalon Jeans qui se présente à la barre. Il a 37 ans et ressemble plutôt à un soldat. Le reste se passe de commentaire.
-Vous êtes accusé de menace de mort, reprend la magistrate.
-Oui.
-Vous reconnaissez les faits ?
-Bonjour Mme la juge. J’ai perdu ma mère. Je suis son premier fils, et...
Ça, tout le monde le sait.
-Vous reconnaissez oui ou non les faits ? lui demande la juge, l’air pressé.
- Je ne reconnais pas les faits. Mes sœurs se sont associées pour me frapper, parce que je leur ai dit de ne pas toucher à l’héritage de maman.
Le procureur intervient.
- Vous les avez menacées avec une bouteille cassée. A la police, vous avez reconnu cela.
- J’étais devant les autorités, il fallait que je dise ce que j’ai dans le cœur.
Le juge qui observe son dossier, demande :
- Comme-ça, vous êtes le seul fils de votre mère…
- Oui, je suis le seul fils de ma mère.
- Mais, vous avez un petit-frère du nom de Cissé.
- Quand on est petit, on n’a pas droit à l’héritage.
- Et vos sœurs aussi n’ont pas droit à l’héritage.
- Non.
- Pourquoi ?
- Parce qu’elles vont se marier et quitter un jour le domicile familial.
Le procureur n’en revient pas.
- Pourquoi c’est vous seul qui avez droit à l’héritage ?
- Parce que je n’ai rien.
- Et qui doit vous donner cet héritage ?
- La famille Koné.
- C’est qui la famille Koné ?
- C’est moi.
Dépassée, la juge met un terme à cette conversation qui tourne en rond.
- Ok. Mme le procureur, vos requisitions.
Après les réquisitions, on passe la parole à Daouda pour son dernier mot.
- La grande sœur de ma mère a tué ma mère et elle m’a traduit au tribunal…
- C’est ça votre dernier mot ?
- Euh…je demande pardon.
- Monsieur, sachez que l’héritage de votre mère appartient à tous ses enfants, conclut la juge.
Un mois ferme ! Et puis quoi encore !
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