Télex

Le tribunal vous est reconnaissant, M’sieur !
Il y a des prévenus avec qui le tribunal est vraiment à l’aise : non seulement ils reconnaissent les faits sans ambages, mais, en plus, ils n’ont pas froid aux yeux pour s’expliquer.
-Kouamé Assolé Olivier ! 29 ans, apprenti mécanicien. Vous êtes accusé des faits de vol. Qu’avez-vous volé ?
Un monsieur à la mine inquiétante est à la barre.
-J’ai volé chaîne, répond-il rapidement et sans gêne.
Le juge cherche des circonstances aggravantes :
-Sur le cou de la victime ?
-Non. Dans son sac à main.
-Comment avez-vous fait ?
-Elle marchait, il y avait assez de personnes autour d’elle, j’ai ouvert le sac en douce et j’ai enlevé la chaîne.
2 mois fermes. Il paraît qu’Olivier avait avalé la chaîne au moment de son arrestation.


Qui a volé le poisson du ‘‘wôtôrôtigui’’ ?
-Vous êtes né en 1985, à Yopougon, domicilié à Treichville, déjà condamné à 2 mois pour vol. Vous avez volé quoi ?
Bahou Romuald, l’accusé est confus.
-J’avais volé un appareil.
-Quel appareil ?
-Un DVD.
-Et vous êtes sorti quand ?
-Le 11 janvier.
-Récemment ! La Maca doit être intéressante.
-C’était une fausse accusation, Mme la juge.
-Cette fois-ci vous avez volé un carton de poisson au port.
-C’est une fausse accusation. Je suis docker au port. Un wôtôrôtigui (pousse-pousse) passait avec des cartons de poissons qui s’étaient enversés. Je suis allé l’aider.
Malheureusement, en l’aidant, Romuald décide de garder par devers lui un carton de poissons. La dame à qui appartiennent les cartons le découvre.
-Le carton de poisson m’appartenait. Rien ne manquait.
Le procureur est indigné par cette affirmation.
-Comment pouvez-vous en être sûr. Étiez-vous là quand le wôtôrôtigui chargeait les cartons de poissons?
-Non.
4 mois fermes !

J’adore boire, et j’adore aussi frapper mon vieux
À 23 ans, Kaba Lamine vit chez son père. Il est sans profession et adore l’alcool. Et cela rend fou son vieux papa, âgé de 69 ans. Un jour, alors que Kaba revenait d’un maquis, saoul comme un poivrot, le père a voulu lui remonter les bretelles. Mal lui en a pris. Le fils est devenu furieux. Cela n’a pas suffi, il a cogné le vieux et a cassé sa radio. A la barre, Lamine a l’air lucide. Il est vêtu d’un jean, lèkè (chaussure en plastique) aux pieds et une coiffure deux tons.
-Je reconnais que j’ai cassé la radio.
-La radio de qui, lui demande le tribunal.
-La radio de mon père.
-Et vous l’avez frappé aussi, ajoute la juge.
-Je ne l’ai pas frappé.
-Pourquoi avez-vous cassé la radio ?
-J’avais payé de la nourriture et je revenais à la maison, il m’a demandé pourquoi est-ce que j’étais allé boire.
-C’est pour cela que vous avez cassé le poste radio ?
-Oui.
-Puisque tu aimes boire, eh bien, on va t’envoyer dans un coin bien chaud où tu vas te sentir à l’aise.
Un mois ferme !


Une sélection de Raphaël Tanoh